La Loterie Nationale s’intéresse très sérieusement à la mise en place d’une plateforme de paris sportifs. (Photo: Shutterstock)

La Loterie Nationale s’intéresse très sérieusement à la mise en place d’une plateforme de paris sportifs. (Photo: Shutterstock)

En marge de l’Euro, Paperjam et Delano vous proposent une série d’articles liés au football. Ce vendredi, on évoque les paris sportifs. Chez nous, l’offre légale en la matière reste assez faible. Mais la Loterie Nationale a dans l’idée de changer ça.

En 2019, des experts estimaient le marché mondial lié aux paris sportifs entre 500 et 1.000 milliards d’euros. Une fourchette très large du fait qu’il n’est pas facile d’estimer la valeur du marché illégal évoluant en parallèle de son pendant légal. Quoi qu’il en soit, voilà un domaine en pleine expansion depuis plusieurs années désormais.

Même le Covid-19 n’est pas parvenu à enrayer le phénomène. Et ça, même si tous les sports professionnels ont été paralysés quelques mois. Ainsi, en France, par exemple, les chiffres sur le dernier trimestre de 2020 ont connu une forte hausse, avec pour la première fois plus de 2 milliards d’euros pariés sur des rencontres sur la période.

Chaque tournoi galvanise les parieurs

On peut donc s’attendre en 2021 à une nouvelle année record. Qui plus est avec la présence de cet Euro qui a débuté le 11 juin. Car chaque grande compétition sportive – principalement footballistique, il faut le dire – a tendance à galvaniser l’intérêt pour les paris sportifs. C’est ainsi que lors de la dernière Coupe du monde, disputée en Russie en 2018, la Française des jeux (FDJ) avait constaté sur le seul territoire hexagonal une augmentation de 25% du nombre d’ouvertures de compte, mais aussi des mises avoisinant les 400 millions d’euros rien que sur les matches disputés en Russie.

Pour cet Euro 2020, H2 Gambling Capital, le principal cabinet de conseil en données pour l’industrie mondiale du jeu, s’attend cette fois à ce que près de 8 milliards d’euros soient misés cet été. Soit, 1,6% de perspectives annuelles. 

Existe-t-il le même engouement au Luxembourg? «On ressent toujours une augmentation significative au moment d’un grand tournoi comme celui-ci. Comme cela arrive aussi quand la phase finale d’un événement comme la Ligue des champions se profile à l’horizon», confirme Xavier Feller, head of marketing and communication à la Loterie Nationale. Mais en termes de chiffres, cela ne représente pas grand-chose. Tout simplement parce que les paris sportifs ne sont pas un «gros» produit pour la Loterie Nationale. Et pour cause, Oddset, le programme de paris sportifs du Lotto allemand qu’elle propose chez nous, n’est disponible que dans une vingtaine de points de vente physiques à travers le pays. Rien sur internet donc. À l’ère de la multiplication des sites de paris en ligne, la donne est forcément handicapante.

Moins de 1% du chiffre d’affaires de la Loterie

Du coup, sur l’exercice 2020, les paris sportifs ne représentaient que 1,1 million d’euros sur Moins d’un pour cent donc. Sur une année plus «normale», on se situe plutôt vers les deux millions. Cela reste faible. Surtout quand on regarde ce qui se passe ailleurs. Pour en revenir à l’exemple français, Parions Sport, les paris sportifs hexagonaux de la FDJ ont rapporté, eux, 3,2 milliards d’euros de mises en 2020. Sur un total avoisinant les 16 milliards. Soit 20%. Un chiffre sans doute légèrement supérieur à ce qui se fait chez nos autres voisins, mais qui donne tout de même une idée du potentiel.

Xavier Feller, head of marketing and communication à la Loterie Nationale.  (Photo: D.R.)

Xavier Feller, head of marketing and communication à la Loterie Nationale.  (Photo: D.R.)

Un constat qu’on a forcément aussi effectué au niveau de la Loterie luxembourgeoise. Du coup, on s’intéresse très sérieusement à la mise en place d’une plateforme de paris sportifs. Cette dernière «se ferait en collaboration avec un partenaire. Comme toujours au Luxembourg, compte tenu de la taille du pays», continue Xavier Feller. Le partenaire en question pourrait être technologique ou bien un acteur déjà présent sur le marché. Comme lorsque la Loterie s’est associée au PMU français pour les paris hippiques. 

«Tout dépendra du modèle que nous choisirons. Plusieurs possibilités s’offrent à nous, mais aucune décision n’est encore arrêtée à ce niveau-là. Si ce n’est qu’on devra avoir une offre responsable et travailler avec des partenaires certifiés.»

Une arrivée dans les cinq ans

L’arrivée du site de paris sportifs en question est espérée «à moyen terme, endéans les cinq ans au maximum». Ce qui semble certain, par contre, c’est le positionnement qu’il devrait avoir. «On doit arriver sur ce marché-là avec une offre suffisamment bonne pour intéresser les habitués», glisse le natif d’Arlon.

Comprenez qu’il n’est pas question de débarquer avec un produit «cheap». Il faudra être capable de rivaliser d’entrée avec les grands acteurs du marché. Les Bwin, Unibet, Betclic… Des opérateurs étrangers qui émettent chez nous sans pour autant y être autorisés. La loi luxembourgeoise énonçant que le seul acteur autorisé à vendre des jeux d’argent et des paris sur le territoire grand-ducal est bien la Loterie Nationale.

Pourrait-on, dès lors, imaginer voir le Luxembourg bloquer tous ces sites «illégaux», comme la Suisse romande le fait, par exemple, chez elle? Histoire donc de donner un vrai monopole et une belle exposition à l’opérateur national lorsque son nouveau produit sera disponible. «C’est un domaine qui est de la responsabilité du législateur, pas de la Loterie. On n’a donc pas de commentaire à faire à ce niveau-là», explique-t-on à la Loterie.

La question reviendra forcément sur le tapis à un moment. Mais pas tout de suite donc…

Lundi: Rencontre avec Christian Strasser, directeur général de Lalux et dirigeant de l’US Mondorf (BGL Ligue)