Le 27 janvier 2021, à l’occasion de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, un accord avait été conclu entre l’État luxembourgeois et le Consistoire israélite de Luxembourg. La World Jewish Restitution Organization (WJRO) et la Fondation luxembourgeoise pour la mémoire de la Shoah sont cosignataires de cet accord. Dans celui-ci, le Luxembourg s’engage à indemniser les survivants de la Shoah vivants actuellement ou ayant été persécutés au Grand-Duché.
Il est prévu une somme forfaitaire d’un million d’euros, distribuée à parts égales aux requérants approuvés. L’accord a désigné la Claims Conference comme organisme chargé de gérer et de distribuer les fonds pour les survivants éligibles. Cette dernière a commencé la distribution des fonds dans le cadre de cet accord de restitution.
Le premier versement, de 5.000 euros, parviendra aux demandeurs – originaires de 11 pays – d’ici la fin du mois de novembre, a indiqué lundi la WJRO. Un deuxième versement sera effectué d’ici la fin du mois de mars 2022. La date limite de dépôt des candidatures a été repoussée au 31 janvier 2022 pour permettre à davantage de survivants de l’Holocauste de se manifester.
«Comme les survivants vieillissent, le programme de paiement luxembourgeois est particulièrement important. La promesse du Luxembourg de fournir un soutien direct aux survivants de l’Holocauste est une déclaration profonde de son engagement permanent à soutenir les Juifs qui ont été persécutés et ont tant souffert pendant l’occupation nazie du Luxembourg», a déclaré Laurent Moyse, président par intérim de la Fondation luxembourgeoise pour la mémoire de la Shoah, dans un communiqué.
Un accord historique
Le Luxembourg était le dernier pays de l’Union européenne à signer un tel accord avec la communauté juive. Outre le budget d’un million d’euros destiné à fournir une compensation matérielle aux survivants, le fonds fournit 120.000 euros par an, pendant 30 ans, à la Fondation luxembourgeoise pour la mémoire de la Shoah, qui lutte contre le négationnisme et le racisme et entend résoudre les questions relatives aux spoliations durant la Seconde Guerre mondiale.
«Le geste symbolique que représente ce programme de restitution ne guérira jamais les blessures que d’autres survivants de l’Holocauste et moi-même avons subies en raison des crimes nazis au Luxembourg et ailleurs, mais il s’agit d’un chapitre important de notre voyage pour trouver une mesure de justice», a déclaré Claude Marx, un survivant de l’Holocauste vivant au Luxembourg.
Jusqu’à ce jour, cette réparation des spoliations opérées durant la guerre 1939-45 s’était heurtée à une loi de 1950 ayant réservé l’indemnisation des dommages de guerre aux seuls nationaux, ce qui excluait de fait 75% des quelque 4.000 Juifs qui vivaient au Luxembourg avant l’invasion nazie du 10 mai 1940.