Sur le podium du World Talent Ranking, classement de compétitivité annuel dédié aux talents, le Luxembourg descend cette année d’une marche pour se classer en troisième position derrière la Suisse et Singapour. Pour élaborer ce classement, l’Intenrational Institute for Management Development (IMD) se base sur un ensemble d’un peu plus de 30 indicateurs, dont près de la moitié sont issus de données statistiques. La Chambre de commerce a aussi contribué à ce classement en collectant des données directement auprès des entreprises.
Le score du pays reste bon, mais il témoigne de certaines lacunes tout de même. Sur le volet des investissements et du développement des talents locaux, le pays se classe en deuxième position. «Ces investissements sont le point fort du pays», est-il mentionné dans le rapport. Sur ce pilier, l’évolution du pays reste stable depuis 2020. Ce bon résultat s’explique notamment par un haut niveau de dépenses publiques d’éducation par élève (1er) et par un bon ratio élèves-enseignants: un enseignant pour huit élèves dans le primaire et un enseignant pour 9,5 élèves dans le secondaire.
En revanche, le Luxembourg ne se classe que 26e concernant son système d’apprentissage. «Fait marquant, la formation professionnelle ne semble plus constituer une priorité pour certains chefs d’entreprises.» En matière de formation professionnelle, le pays chute ainsi de la 16e à la 30e place, «un résultat qui doit alerter sachant que le développement des compétences est un levier essentiel», note le rapport.
La disponibilité de la main-d’œuvre: le défi majeur
74% des salariés du pays sont en fait de la main-d’œuvre étrangère. Donc «son attractivité est un aspect clé dont dépend la prospérité économique», rappelle le rapport. Le pays dispose d’une sérieuse capacité à attirer de la main-d’œuvre étrangère. En cela, il se classe en quatrième position sur ce volet. Mais pour les profils hautement qualifiés, le pays se classe à la 13e place. En termes d’attractivité justement, la qualité de vie et la rémunération attractive des managers et le haut niveau du salaire social minimum sont des atouts. Contrairement au coût de la vie, qui est «un sujet brulant qui dégrade sensiblement l’attractivité du pays». En effet, sur ce point, le pays se classe 40e sur 67.
Mais la principale lacune du Luxembourg demeure la disponibilité de la main-d’œuvre. Sur ce volet, le pays redescend à la 23e place. Cette disponibilité «reste un défi majeur comme en témoigne l’enquête menée auprès des dirigeants d’entreprises. «Les retours du terrain confirment cette situation, tant pour les profils qualifiés que non-qualifiés», est-il précisé. Sur quatre ans, on note toutefois une petite amélioration depuis 2022 où le pays était classé 34e. D’autres pays européens s’en sortent mieux, comme le Danemark (5e), l’Irlande (6e) ou la Suède (7e).
S’il a bien la capacité à attirer de la main-d’œuvre, le Luxembourg manque tout de même de main-d’œuvre qualifiée (55e place) et de managers seniors expérimentés. Ce qui contribue selon les deux spécialistes, IMD et la Chambre de commerce, à dégrader la compétitivité du pays. Le rapport souligne aussi que la motivation des travailleurs est à la baisse (34e place contre 28e l’an passé). Mais des évolutions positives sont aussi à noter. Par exemple sur les profils aux compétences financières, le pays gagne cinq places, et quatre places sur la capacité de l’université. Concernant les compétences linguistiques, le pays se classe cinquième. L’expérience internationale des managers est aussi un point positif: le pays se classe neuvième sur ce point. Enfin, les diplômés des matières scientifiques et techniques sont plus nombreux: leur part passe de 19,24% à 22,88%.