Jean-Baptiste Isabey (d’après), «Le congrès de Vienne» en 1815, gravure, collection Lëtzebuerg City Museum. (Photo: Lëtzebuerg City Museum)

Jean-Baptiste Isabey (d’après), «Le congrès de Vienne» en 1815, gravure, collection Lëtzebuerg City Museum. (Photo: Lëtzebuerg City Museum)

Le Luxembourg se raconte aussi par son histoire, les grandes dates et les petites anecdotes, ces événements qui ont façonné le Grand-Duché jusqu’à ce qu’il devienne ce qu’il est aujourd’hui. Tout au long de l’été, Paperjam a demandé à l’historien Guy Thewes, directeur des deux Musées de la Ville de Luxembourg, de raconter l’histoire du pays à travers 10 dates. Pour cette troisième étape dans le temps, retournons au 4 janvier 1815.

4 janvier 1815

Le Luxembourg, rescapé de la diplomatie britannique

À l’issue des guerres napoléoniennes, les princes et diplomates se retrouvent au congrès de Vienne pour redessiner la carte de l’Europe et fonder un ordre de paix durable. Certains pays changent de souverain, de nouveaux États apparaissent. Le Luxembourg réapparaît aussi, cette fois sous forme de grand-duché, avec pour souverain le roi des Pays-Bas Guillaume Ier et une garnison prussienne pour défendre la forteresse.

Comment en est-on arrivé là? L’idée est venue au ministre des Affaires étrangères britannique Castlereagh le 4 janvier 1815 au soir. Pendant les mois précédents, les grandes puissances avaient élaboré différents scénarios, tous aussitôt rejetés. L’ancien territoire luxembourgeois devait devenir à un moment prussien, puis bavarois, ensuite saxon.

Finalement, Castlereagh trouve la solution qui convient à tout le monde: Guillaume Ier renonce à ses principautés d’outre-Rhin au profit de la Prusse; en retour, il reçoit le duché de Luxembourg, plus tard élevé au rang de grand-duché. Le Luxembourg entre dans la Confédération germanique à la place des principautés absorbées par la Prusse.

Ainsi, Luxembourg devient une forteresse fédérale et peut faire appel aux soldats prussiens pour sa défense tout en restant sous souveraineté hollandaise. À aucun moment il n’a été question de créer un État luxembourgeois souverain. Le Luxembourg est alors considéré comme une province néerlandaise, soumise à la même loi fondamentale que la Belgique et la Hollande. C’est seulement quand l’amalgame belgo-hollandais échoue et la révolution belge éclate en 1830 qu’une existence étatique séparée devient concevable.  

Guy Thewes est docteur en histoire. Après quelques années d’enseignement, il entre au service du Musée d’histoire de la Ville de Luxembourg en 1993 en tant qu’historien, avant de devenir conservateur en 1999. Aujourd’hui, il est directeur des 2 Musées de la Ville de Luxembourg. Il est également secrétaire général de l’Institut grand-ducal de Luxembourg et représentant de la Ville de Luxembourg au sein du Réseau des villes fortifiées de la Grande Région.