Jean-Baptiste Martin, «Le siège de Luxembourg en 1684», huile sur toile, 17 e  siècle, collection Lëtzebuerg City Museum. (Photo: Lëtzebuerg City Museum)

Jean-Baptiste Martin, «Le siège de Luxembourg en 1684», huile sur toile, 17 e  siècle, collection Lëtzebuerg City Museum. (Photo: Lëtzebuerg City Museum)

Le Luxembourg se raconte aussi par son histoire, les grandes dates et les petites anecdotes, ces événements qui ont façonné le Grand-Duché jusqu’à ce qu’il devienne ce qu’il est aujourd’hui. Tout au long de l’été, Paperjam a demandé à l’historien Guy Thewes, directeur des 2 Musées de la Ville de Luxembourg, de raconter l’histoire du pays à travers 10 dates. Pour cette troisième étape dans le temps, repartons le 3 juin 1684.

3 juin 1684

Prise de la forteresse de Luxembourg par Vauban

Guy Thewes: «Le 3 juin, le tambour de la garnison espagnole bat la chamade en signe de reddition. Le lendemain, la capitulation est signée. Les soldats du roi d’Espagne sortent par la brèche, tandis que les troupes de Louis XIV entrent dans la ville. Pendant 14 ans, le Luxembourg sera sous domination française, années au cours desquelles la forteresse connaîtra une formidable extension. Les Espagnols ont construit les premiers bastions aux 16e et 17e siècles, mais c’est Vauban qui transforme Luxembourg en véritable ‘Gibraltar du Nord’ en étendant les fortifications sur les hauteurs autour de la ville. La forteresse de Luxembourg devient un enjeu majeur sur l’échiquier européen et change souvent de mains au cours des conflits armés ou au hasard des traités de paix. Au 18e siècle, elle sera défendue par les Autrichiens, au 19e siècle par les Prussiens. Mais revenons à l’événement initial: la conquête de Luxembourg par Louis XIV. À vrai dire, elle ne s’est pas faite en un jour ni même au terme d’un siège de quelques semaines dirigé par Vauban. Les armées françaises avaient déjà commencé à piller systématiquement le duché à partir de 1681, coupant ainsi la forteresse de son ravitaillement. Ensuite, en décembre 1683, Louvois, le ministre de la guerre du Roi-Soleil, ordonna de bombarder la ville pour détruire les maisons et les réserves de grains des habitants. Ainsi, quand les assiégeants se présentent finalement au printemps devant la forteresse, celle-ci est déjà affamée et n’a plus aucune chance de résister.»

Plan des attaques de Luxembourg par Vauban, gravure, 1691, collection Lëtzebuerg City Museum. (Photo: Christof  Weber)

Plan des attaques de Luxembourg par Vauban, gravure, 1691, collection Lëtzebuerg City Museum. (Photo: Christof Weber)

Guy Thewes est docteur en histoire. Après quelques années d’enseignement, il entre au service du Musée d’histoire de la Ville de Luxembourg en 1993 en tant qu’historien, avant de devenir conservateur en 1999. Aujourd’hui, il est directeur des 2 Musées de la Ville de Luxembourg. Il est également secrétaire général de l’Institut grand-ducal de Luxembourg et représentant de la Ville de Luxembourg au sein du Réseau des villes fortifiées de la Grande Région.