Affiche pour la Journée européenne des langues, le 26 septembre, collection Lëtzebuerg City Museum. (Photo: Christof Weber)

Affiche pour la Journée européenne des langues, le 26 septembre, collection Lëtzebuerg City Museum. (Photo: Christof Weber)

Le Luxembourg se raconte aussi par son histoire, les grandes dates et les petites anecdotes, ces événements qui ont façonné le Grand-Duché jusqu’à ce qu’il devienne ce qu’il est aujourd’hui. Tout au long de l’été, Paperjam a demandé à l’historien Guy Thewes, directeur des 2 Musées de la Ville de Luxembourg, de raconter l’histoire du pays à travers 10 dates. Pour cette 10e et dernière étape dans le temps, repartons le 24 février 1984.

24 février 1984

Le luxembourgeois devient la langue nationale

L’usage courant de plusieurs langues est une des particularités de l’identité du Luxembourg. Déjà l’ancien duché de Luxembourg se divisait en quartiers wallon et germanique. Quand le Grand-Duché est réduit à sa partie germanique en 1839, le gouvernement maintient le français à côté de l’allemand comme langues officielles du pays.

Quant à la population, elle parle au 19e siècle un idiome local qualifié couramment de «Lëtzebuerger Däitsch» (allemand luxembourgeois). Quelques auteurs écrivent en luxembourgeois. Mais la parution du fameux «Renert» de Michel Rodange en 1872 est un échec. La valorisation du luxembourgeois ne commence qu’à la veille de la Première Guerre mondiale quand le processus de nationalisation s’accélère.

Mais dans les débats de la Chambre des députés, l’emploi du luxembourgeois reste proscrit. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, le recours au «Lëtzebuergesch» devient le symbole de la résistance contre l’occupant. Après 1945, les députés n’hésitent plus à utiliser leur langue maternelle dans l’enceinte parlementaire.


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Pourtant, le luxembourgeois n’a toujours pas de statut officiel. Ce sont les changements sociaux et démographiques ayant eu lieu dans les années 1970 qui vont produire un sursaut identitaire. Les Luxembourgeois ont soudain peur que leur langue disparaisse. La loi du 24 février 1984 stipule que «la langue nationale des Luxembourgeois est le luxembourgeois».

La langue française est confirmée comme langue législative. Les langues administratives et judiciaires sont le français, l’allemand et le luxembourgeois. Depuis lors, la situation linguistique a encore évolué. La population du Grand-Duché a fortement augmenté. Jamais auparavant autant de personnes n’ont parlé le luxembourgeois. Beaucoup d’immigrés, voire de frontaliers, font l’effort de l’apprendre. À côté des trois langues historiques, beaucoup d’autres langues sont parlées au quotidien. Aujourd’hui, le Luxembourg est une société multiculturelle, non plus trilingue, mais multilingue.

«De Fiisschen» (Le Renard), un monument de la littérature en langue luxembourgeoise, 1931, collection Lëtzebuerg City Museum. (Photo: Lëtzebuerg City Museum)

«De Fiisschen» (Le Renard), un monument de la littérature en langue luxembourgeoise, 1931, collection Lëtzebuerg City Museum. (Photo: Lëtzebuerg City Museum)

Guy Thewes est docteur en histoire. Après quelques années d’enseignement, il entre au service du Musée d’histoire de la Ville de Luxembourg en 1993 en tant qu’historien, avant de devenir conservateur en 1999. Aujourd’hui, il est directeur des 2 Musées de la Ville de Luxembourg. Il est également secrétaire général de l’Institut grand-ducal de Luxembourg et représentant de la Ville de Luxembourg au sein du Réseau des villes fortifiées de la Grande Région.