Chaque ministre prendra contact avec ses homologues européens, afin d’expliquer la situation du pays. Et le Premier ministre lui-même soulèvera ce point lors du Conseil européen qui aura lieu vendredi et samedi. (Photo: SIP/Jean-Christophe Verhaegen)

Chaque ministre prendra contact avec ses homologues européens, afin d’expliquer la situation du pays. Et le Premier ministre lui-même soulèvera ce point lors du Conseil européen qui aura lieu vendredi et samedi. (Photo: SIP/Jean-Christophe Verhaegen)

La hausse du nombre de cas de Covid-19 inquiète certains pays, et des restrictions aux frontières pour les Luxembourgeois sont prises ou envisagées. Mais c’est mal connaître les spécificités du pays, notamment le nombre important de tests effectués et le décompte des frontaliers.

«Il est conseillé de faire beaucoup de tests, donc on ne doit pas nous punir pour ça», déclarait mercredi le Premier ministre, (DP), en conférence de presse, en faisant référence , dont , à l’encontre des Luxembourgeois.

inquiète en effet les autres pays. Mais ces chiffres ne prendraient pas en considération les spécificités luxembourgeoises. «Que ce soit le fait que nous faisions beaucoup de tests, que ce soit le fait que nous comptions les frontaliers, il existe des explications», assure Xavier Bettel.

«Beaucoup de non-résidents»

Pour remédier à d’éventuels écarts de comparaison entre pays qui seraient préjudiciables au Luxembourg, ne seront plus communiqués à l’Union européenne que les chiffres des résidents testés positifs. «Ce qui est spécifique chez nous, c’est qu’il y a beaucoup de non-résidents», explique la ministre de la Santé, (LSAP).

Depuis le début de l’épidémie, 18% des personnes testées positives sont des non-résidents. «Ce n’était pas prévu que nos chiffres soient comparés avec ceux d’autres pays. Or, des conséquences nationales sont tirées de ces résultats», ajoute Paulette Lenert. La comparaison avec les autres pays devrait être plus soutenable une fois les frontaliers exclus des chiffres.

Un autre aspect qui défavoriserait le Luxembourg est la stratégie de dépistage du pays. Avec près de 300.000 tests effectués depuis le début de la crise sanitaire, le Luxembourg est en effet parmi les pays qui testent le plus. Ce qui permet «d’avoir une bonne vue, dans le détail, de la prévalence et de l’évolution de l’épidémie au Luxembourg. Pas comme d’autres pays qui restent dans le noir.» En testant davantage, il est logique que, par conséquent, plus de cas soient détectés dans le pays.

2.000 contacts tracés en une semaine

Un fait qui est malgré tout à relativiser: , qui vise à détecter les personnes asymptomatiques, compte pour 66% dans le nombre de tests effectués depuis le début de l’épidémie. Mais seulement pour 15% des personnes diagnostiquées positives.

Les 85% restants sont détectés de manière «classique», quand les personnes ont des symptômes ou qu’elles sont dépistées dans le cadre d’un cluster. Le grand nombre de tests effectués dans le cadre du «large-scale testing» ne change donc pas l’image globale de la prévalence du virus dans le pays.

Dans tous les cas, la cadence des dépistages ne sera pas réduite. Sur les 402 nouveaux cas détectés dans la semaine du 6 au 12 juillet, 41% des personnes infectées avaient été auparavant placées en quarantaine. Ce qui démontre l’efficacité de la méthode consistant à tester massivement, puis à tracer les contacts des personnes détectées positives pour les isoler et les tester à leur tour.

Plus de 2.000 contacts ont ainsi été tracés la semaine dernière. La semaine précédente, le chiffre avait été équivalent. «Un grand défi», selon la ministre de la Santé. «Des heures doivent être passées au téléphone, car il faut agir rapidement. Nous avons rattrapé notre retard hier soir, et nous avons désormais la situation en main», précise Paulette Lenert.

Pour la première fois, le gouvernement a présenté une carte de répartition des infections. Gouvernement.lu

Pour la première fois, le gouvernement a présenté une carte de répartition des infections. Gouvernement.lu

Recours à la voie diplomatique

Une bonne nouvelle est que la moyenne d’âge des personnes infectées reste jeune, avec 35 ans de moyenne d’âge. «Concernant les hospitalisations, les projections sont moins inquiétantes, cette population ayant peu de risques d’être hospitalisée», précise la ministre.

Pour bien expliquer la situation du Luxembourg aux autres pays européens et éviter qu’ils basent leurs décisions uniquement sur des chiffres dénués de tout contexte, la voie diplomatique va aussi être mise à contribution. Ainsi, chaque ministre prendra contact avec ses homologues européens dans ce but. Et le Premier ministre lui-même soulèvera ce point lors du Conseil européen qui aura lieu vendredi et samedi: «Dans la situation présente, il est important de se souvenir que la solidarité européenne est nécessaire», a ainsi rappelé Xavier Bettel.