2023 sera dénuée d’inauguration d’un nouveau tronçon pour le tramway de la capitale. Mais l’année suivante fera coup double avec l’ouverture du tronçon qui desservira la Cloche d’Or au printemps, suivie à l’hiver de la jonction vers l’aéroport. Passage en revue des prochains développements du tram avec le directeur général de Luxtram, .

2022 a été marquée par l’extension de la ligne de tram vers Bonnevoie. Quel premier bilan dresser de ce nouveau tronçon?

André von der Marck. – «Lorsque nous regardons à la fréquentation globale de la ligne avant l’ouverture vers Bonnevoie, le compteur pointait entre 70.000 et 80.000 passagers par jour. Aujourd’hui, nous sommes au-delà des 90.000 passagers quotidiens. a donc permis d’évoluer de façon positive avec 20 millions de voyageurs sur l’ensemble de l’année, une hausse de 33% par rapport à 2021. Pour 2023, nous pensons que l’on devrait dépasser les 100.000 voyageurs par jour.

Le tram met aujourd’hui 27 minutes pour relier Luxexpo au Lycée Bouneweg, avec une vitesse moyenne de 22km/h. Est-ce que cela vous satisfait?

«Oui, cela correspond à la vitesse moyenne des trams modernes en site propre, qui évolue entre 19 et 22km/h. Luxembourg se situe donc plutôt parmi les bons élèves des réseaux de tramway en Europe.

Quelle vitesse commerciale visez-vous à terme avec le tram de Luxembourg?

«L’objectif est pleinement atteint. Nous ne pouvons pas vraiment aller au-delà, si ce n’est sur des lignes qui sortiraient de la ville. Par exemple, cela sera le cas pour le tram qui , sa vitesse commerciale sera plus élevée.

À ce propos, où en est-on dans ce projet de tram rapide vers Esch-sur-Alzette?

«Nous en sommes au tout début pour le moment. Des études restent à faire, mais nous allons travailler dans les prochains mois de manière à ce que nous puissions, au moment venu, plutôt en 2024, être en capacité de déposer un projet de loi de financement. Le projet sera ensuite présenté à la Chambre des députés pour être discuté et voté.

À quelle échéance peut-on imaginer voir le projet se concrétiser?

«Probablement vers la fin de cette décennie.

Une extension plus proche dans le temps est celle entre Bonnevoie et la Cloche d’Or. Le ministre de la Mobilité,  (déi Gréng), l’annonce pour le printemps 2024, vous confirmez?

«Absolument. Vous pouvez constater sur le terrain que et cela accrédite pleinement l’idée que, début 2024, nous pourrions ouvrir commercialement la branche vers la Cloche d’Or. Nous espérons pouvoir commencer les premiers essais à la fin de cette année.

À terme, quelle cadence aura le tram compte tenu du fait qu’à Howald, il ne pourra circuler que sur une seule voie?

«Le tram conservera la même vitesse commerciale. Mais , nous ne pourrons pas avoir une fréquence supérieure à une rame toutes les huit minutes. Mais cela n’est pas très important en soi, car cette zone est extérieure au centre-ville et ce tronçon accueillera logiquement moins de voyageurs.

Comment allez-vous faire pour qu’un tram circule toutes les quatre minutes en ville, mais toutes les huit minutes à Howald?

«La cadence d’un tram toutes les quatre minutes sera assurée jusqu’à l’arrêt Lycée Bouneweg. Au-delà de ce point, cela sera un tram toutes les huit minutes vers la Cloche d’Or. Mais nous espérons évidemment que l’on puisse ultérieurement bénéficier d’une double voie. Nous ne perdons pas espoir, c’est une question de temps (sourire).

Il est prévu de construire un deuxième centre de remisage pour le tram à la Cloche d’Or. Où en est ce projet?

«Les avant-projets sont terminés et nous sommes en voie de finalisation des pièces afin qu’un projet de loi de financement puisse être sollicité, peut-être à la fin de cette année 2023. Nous avons besoin d’un deuxième dépôt pour les extensions du tram, car a été conçu pour la seule ligne 1. Si l’on veut avoir d’autres lignes, il va falloir avoir du matériel roulant supplémentaire, et donc .

Il est logique que celui-ci soit situé au sud de la capitale, de manière à pouvoir injecter les rames sur cette partie du réseau. En plus, il sera situé non loin du stade et de l’embranchement du tram rapide vers Esch-sur-Alzette. Il s’agira pour cette ligne d’un autre type de véhicule, mais qui aura tout à fait la possibilité de circuler sur les voies de la première ligne de tram.

Qu’en est-il du tronçon reliant Luxexpo à l’aéroport de Luxembourg?

«Cela avance: le pont qui enjambe l’autoroute est en construction et la pose des tabliers est prévue dans le courant du printemps prochain. L’ouvrage d’art sera achevé à la fin de cette année. Notre planning de mise en service table sur une arrivée du tram à l’aéroport . Mais nous devons attendre que les Ponts et Chaussées aient terminé certains travaux avant de pouvoir intervenir.

Une extension du tram sur la route d’Arlon est aussi évoquée. Où en est-on?

«Nous sommes en train de préparer l’avant-projet sommaire (APS) et l’avant-projet détaillé (APD), qui sont bien avancés. Je pense que nous serons en mesure de les présenter dans le courant du deuxième semestre cette année et peut-être même de déposer le projet de loi de financement avant la fin de l’année, même s’il ne sera peut-être voté qu’en 2024. Nous n’avons pas encore présenté au public le projet d’aménagement que nous souhaitons réaliser, mais je pense que cela pourra aussi se faire dans le courant du deuxième semestre de cette année.

Le tram va être le support du développement urbain de Luxembourg.

André von der Marck, directeur général, Luxtram

Le tram s’arrêterait donc à hauteur du Centre hospitalier de Luxembourg (CHL)?

«Le tram s’arrêterait un peu après le CHL, à hauteur du centre commercial (Boomerang, ndlr). Le projet prévoit une connexion avec la future rocade qui emprunterait les boulevards de Cessange et de Merl pour revenir vers le dépôt de la Cloche d’Or.

Je constate que les prolongements du tram concernent des territoires en forte évolution: il y a une dynamique de développement urbain fantastique autour de tous ces prolongements. Là où la première ligne a constitué une sorte de ‘rattrapage’ avec des moyens supplémentaires de transports publics pour desservir de grands quartiers, nous entrons maintenant dans une nouvelle étape où le tram va être le support du développement urbain de Luxembourg. Tout le long du tracé, il y a de grands projets de création de quartiers qui n’existent pas encore aujourd’hui, comme la , le ou et le .

Au sujet du matériel roulant, le système de biberonnage en vigueur dans le centre de la capitale rallonge-t-il la durée des arrêts?

«Non, cela ne rallonge pas le temps d’arrêt en ville. La recharge se fait en moins de 30 secondes et nous nous arrêtons environ 40 secondes: le temps pour les passagers – plus nombreux en centre-ville – de descendre et monter dans le tram.

Cela fait 5 ans que le tram circule. Qu’en est-il de l’autonomie de ses batteries, a-t-elle tendance à diminuer?

«Nous n’avons pour l’instant pas constaté de baisse significative. Nous appliquons le plan de maintenance du constructeur et nous ne rencontrons pas de difficultés. Nous avons bien conscience qu’il faudra un jour les remplacer, mais leur durée de vie annoncée est d’une quinzaine d’années.

Luxtram organise les 27 et 28 mars la conférence européenne sur la mobilité Mobil-Lux. Le modèle luxembourgeois, basé notamment sur la gratuité des transports publics, est-il réplicable partout ailleurs?

«Mobil-Lux n’a pas pour ambition de dupliquer le modèle luxembourgeois à l’étranger. Il s’agit d’une conférence internationale où se rencontrent des interlocuteurs venus tantôt des pays germaniques, tantôt des pays d’origine latine pour échanger sur leurs cultures et leurs pratiques en matière de mobilité. Nous voulons faire se rencontrer ces deux mondes au ‘carrefour’ européen qu’est le Luxembourg. Nous espérons évidemment que tout le monde pourra regarder les pratiques luxembourgeoises en vigueur, mais pas seulement. Des outils comme le , par exemple, n’existent pas forcément partout.»