La première machine de production de masques est déjà en route dans les locaux d’Action Wear à Niederkorn. (Photo: Action Wear)

La première machine de production de masques est déjà en route dans les locaux d’Action Wear à Niederkorn. (Photo: Action Wear)

De nouveaux masques avec la certification CE «Made in Luxembourg» se préparent à faire leur entrée sur le marché, ceux de Family Invest, distribués par Action Wear. L’entreprise compte les rendre encore plus efficaces grâce à un système virucide.

Elle semble loin  et les prix flambaient. Après presque un an de pandémie, les pays européens se sont organisés pour moins dépendre des fournisseurs asiatiques. Au Luxembourg,  , filiale de la Fondation Hôpitaux Robert Schuman,  s’est lancée l’été dernier dans la fabrication de masques chirurgicaux et FFP2 .

Une nouvelle production grand-ducale vient de voir le jour, issue d’un partenariat entre Family Invest et Action Wear.

La première est la maison mère, luxembourgeoise, de Family Concept en France,. Elle gère la production, avec ses propres machines et son personnel. Mais dans les locaux d’Action Wear, à Niederkorn, sur environ 220m². La seconde, entreprise de vêtements professionnels, fait également office de distributeur officiel au Luxembourg et autour. Family Invest garde, pour sa part, la main sur la clientèle médicale.

L’objectif pour Family Invest: atteindre un marché «local», grâce à un partenaire «plus que reconnu au Luxembourg dans l’équipement professionnel», explique Jean-Luc Doucet, son président.

Des masques virucides

Les équipes se sont mises au travail le lundi 21 décembre pour produire les premiers masques, envoyés en laboratoire, afin d’être certifiés CE production luxembourgeoise. Ce qui devrait être le cas avant la fin du mois. En attendant, plutôt sûr de lui, puisque la machine et les matières premières sont les mêmes que pour ses masques français, l’entrepreneur a déjà lancé la production le lundi 11 janvier.

Au lieu des deux machines de fabrication prévues à Niederkorn, Family Invest n’en a finalement acquis qu’une. D’un montant de 615.000 euros et financée à 80% par l’État luxembourgeois dans le cadre de son aide à l’investissement pour lutter contre le Covid-19, elle permet de produire 250.000 masques de type 2R, certifiés pour le monde médical, par jour.

Une deuxième machine, attendue pour le 22 février, visera  à injecter un produit virucide sur la partie extérieure des masques, en collaboration avec l’entreprise Molecular Plasma Group (MPG) à Foetz, pour les rendre auto-désinfectants. «Le but, c’est que même lorsqu’on le tient dans la main, on ne puisse pas l’infecter», décrit Jean-Luc Doucet. D’un coût de 650.000 euros, l’engin pourrait également recevoir un financement luxembourgeois.

Trois personnes travaillent pour la production de masques à Niederkorn, en plus d’un délégué commercial. Trois autres devraient les rejoindre en même temps que la machine à injection de virucide. De l’autre côté de la frontière, l’entreprise emploie 24 personnes.

Selon Jean-Luc Doucet, les hôpitaux luxembourgeois sont déjà intéressés, même s’ils doivent attendre la certification technique pour concrétiser les commandes. «On y croit beaucoup.» Du côté des entreprises et particuliers aussi, «on a déjà de la demande», affirme Pedro Martins, CEO d’Action Wear. Une livraison de 1.000 boîtes de 50 masques est prévue dans un magasin Delhaize à Junglinster.

Déjà 5 millions d’euros de chiffre d’affaires

En mettant un pied en France et un autre au Luxembourg, Family Invest vise aussi un marché européen. Jean-Luc Doucet cite l’exemple de La Poste en France, qui a lancé un appel d’offres pour «50 millions de masques en 2021», auquel sa fabrique a répondu. «Niederkorn seul ne pourrait pas. Il n’y a que les deux sites réunis qui peuvent y répondre.»

Aujourd’hui, avec ses quatre machines en tout, l’entreprise est capable de produire un million de masques par jour. D’où des prix de sortie d’usine qui ont encore diminué depuis cet été (0,35 euro l’unité), puisqu’Action Wear les commercialise à 16 euros les 50 pièces. Pour comparer, Santé Services vend 24,90 euros les 50 masques .

Il semblerait donc que Jean-Luc Doucet ait pris la bonne décision face à la crise, en faisant du bâtiment de 3.500m² à Longlaville une usine à masques au lieu du biogarden initialement envisagé. Entre la mise en route en septembre et le 31 décembre, il a déjà produit 28 millions de masques, pour un chiffre d’affaires d’environ 5 millions d’euros. «Pour un démarrage, c’est beau. Et on a des demandes qui sont là pour faire 2021.»

La première usine de masques de Family Invest s’étend sur 3.500m² à Longlaville. Viennent s’ajouter 220m² chez Action Wear à Niederkorn. (Photo: Romain Gamba / Maison Moderne)

La première usine de masques de Family Invest s’étend sur 3.500m² à Longlaville. Viennent s’ajouter 220m² chez Action Wear à Niederkorn. (Photo: Romain Gamba / Maison Moderne)

Même s’il cible le monde médical, dont les besoins en masques vont au-delà de la crise sanitaire, un doute subsiste: la volonté de se tourner vers le local ne risque-t-elle pas de disparaître après la crise? «C’est une grande question que je me pose depuis le début. Cela va dépendre des décisions politiques», avoue Jean-Luc Doucet. Son arme: «La qualité du produit qu’on a entre les mains.»