L'économiste Hoai Thu Nguyen Doan a tenté de convaincre les patrons d'entreprise de s'investir dans l'économie circulaire. (Photo: Paperjam)

L'économiste Hoai Thu Nguyen Doan a tenté de convaincre les patrons d'entreprise de s'investir dans l'économie circulaire. (Photo: Paperjam)

Se positionner en tant que leader en matière d’innovation dans le monde de l’économie circulaire, c’est la volonté de la Chambre de commerce pour le pays. L’organisme a invité ce lundi de nombreux dirigeants à entrer dans le train de l’économie circulaire.

Le concept est mis à toutes les sauces en ce moment. L’économie circulaire, en lieu et place de l’économie linéaire que l’on pratique actuellement, serait le nouveau modèle économique efficient. Un modèle qui permet de protéger l’environnement tout en assurant la pérennité des entreprises. Cela semble simple sur le papier, mais les subtilités sont nombreuses. La Chambre de commerce a donc invité les patrons luxembourgeois à une table ronde sur le sujet afin de les motiver à monter dans le train de ce nouveau modèle économique durable.

Dans le cadre du 22e bulletin «Actualité et Tendances», Marc Wagener, chief economist à la Chambre de commerce, a invité les dirigeants d’entreprise à accélérer la transition vers une économie circulaire. «Nous voulons servir de guide pour atteindre ce modèle et arriver à une économie résiliente et compétitive», lance-t-il en guide de préambule.

Croissance bloquée à 3%

«L’OCDE estime que la croissance mondiale sera plafonnée à 3% dans les prochaines années si on ne change rien sur le long terme. Il faut se rendre compte que nous ne sommes plus dans un contexte d’abondance, mais bien de rareté. Assez similaire à ce qu’on a connu après-guerre. Il faut réutiliser des traditions anciennes», estime Hoai Thu Nguyen Doan, économiste en charge d’un rapport complet sur l’économie circulaire au Luxembourg.

Sortir du carcan ‘extraire-consommer-jeter’ qui ne fait plus recette aujourd’hui, c’est ce que propose l’économiste, qui estime que l’offre ne peut plus suivre la demande sans cesse croissante, surtout au Luxembourg. «Si la population mondiale s’alignait sur la façon de produire de notre pays, il faudrait huit planètes pour répondre à ses besoins», déplore-t-elle.

Dépoussiérer les vieux concepts en maximisant l’utilité de chaque ressource ou produit via la maintenance ou le reconditionnement fait partie des pistes qu’il faudrait explorer pour se diriger vers une économie circulaire efficiente. L’économie de partage des ressources peut également aider à développer ce concept. Notamment via le carsharing ou les jardins partagés, qui ne sont que deux exemples parmi d’autres.

Aller plus loin que le recyclage

Invité à donner son point de vue sur le sujet ce lundi, Christian Tock, directeur des technologies durables au ministère de l’Économie, estime qu’il est essentiel de comprendre qu’il faut aller plus loin que le recyclage. L’économie circulaire touche tous les niveaux de la société. «Il faut maintenant coordonner toutes les initiatives et pousser notre vision au Luxembourg, mais aussi hors des frontières. Au niveau du gouvernement, il y a un projet très concret qui va dans ce sens. La réduction de la TVA à 3% pour tout ce qui est réparation», se réjouit-il.

Pour l’heure, ce type de proposition reste en phase de projet. Ce qui n’est pas nécessairement une mauvaise chose pour Christian Tock: «Il faut lancer des projets pilotes concrets dans tous les systèmes et tous les ministères et analyser leur impact et leur fonctionnement. On ne peut pas passer à l’économie circulaire en quelques jours. Il faut que tout le monde y participe et se sente concerné», conclut-il.

Au vu du nombre assez conséquent de patrons qui s’étaient déplacés ce lundi matin pour cette table ronde, on a bon espoir que le Luxembourg garde sa place de locomotive dans le train de l’économie circulaire.