Les 24 policiers du projet-pilote, 20 à Luxembourg-Ville et quatre à Esch-sur-Alzette, porteront un brassard distinctif. (Photo: Maison Moderne)

Les 24 policiers du projet-pilote, 20 à Luxembourg-Ville et quatre à Esch-sur-Alzette, porteront un brassard distinctif. (Photo: Maison Moderne)

Le ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden, flanqué des deux bourgmestres de Luxembourg-ville et d’Esch-sur-Alzette et du directeur général de la police, a présenté ce lundi matin au Bierger-Center un projet pilote de six mois de police locale. 24 policiers de plus au total pour doper le sentiment de sécurité dans les quartiers «sensibles».

Lydie Polfer a raison. La bourgmestre de Luxembourg-Ville, le ministre des Affaires intérieures (CSV), le directeur général de la Police grand-ducale depuis trois mois, Pascal Peters, et le bourgmestre d’Esch-sur-Alzette, Christian Weis, sont non seulement prêts avec 12 minutes d’avance sur l’heure de la conférence de presse, mais la salle est pleine pour la présentation de la nouvelle «police locale», à l’essai pour six mois dans les deux plus grosses communes du pays.

Même pas besoin d’attendre le quart d’heure diplomatique pour dérouler un constat: selon le rapport de l’Inspection générale de la police, dit le ministre, la police était occupée à 80% de son temps par des interventions et à 20% par de la prévention. Deux applications du même «Zesumme fir Iech – Ensemble pour vous», le slogan de la police présenté en 2017, et pourtant un sentiment, décrit le ministre, que «la police n’était plus si près de la population». À un  (CSV) qui a souvent revendiqué la paternité d’une police de proximité depuis 2022, son camarade de parti Léon Gloden rappelle qu’à la Chambre des députés, il a lui aussi régulièrement évoqué cette piste depuis 2018.

La bourgmestre de Luxembourg-Ville, Lydie Polfer, le ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden, et le directeur général de la Police grand-ducale, Pascal Peters. (Photo: Maison Moderne)

La bourgmestre de Luxembourg-Ville, Lydie Polfer, le ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden, et le directeur général de la Police grand-ducale, Pascal Peters. (Photo: Maison Moderne)

Depuis ce lundi, c’est chose faite: Luxembourg-Ville aura 20 policiers de plus affectés à cette mission de police locale et Esch-sur-Alzette quatre, pour six mois, avant la refonte de la loi de 2018 sur l’organisation de la police. Ces policiers, qui auront un brassard «police locale» qui permet de les identifier, auront une triple mission, de prévention, de présence visible à des endroits stratégiques et de compléter des besoins sécuritaires locaux, a précisé le directeur général de la Police grand-ducale, Pascal Peters, du lundi au samedi, de 7h à 21h. Mais pas de mission d’intervention, sauf cas d’urgence absolue. L’autre partie du dispositif sur laquelle sont revenus les participants un à un: c’est un projet-pilote et à ce titre les échanges entre la police au niveau régional et les autorités communales doivent permettre d’affiner ce qui fait du sens et ce qui n’en fait pas.

Je n’ai pas besoin d’un shérif américain!
Christian Weis

Christian Weisbourgmestre d’Esch-sur-Alzette,

«C’est un moment important», souligne la bourgmestre de Luxembourg-Ville,  (DP), en pointant notamment le quartier Gare et la Ville-Haute, voire le Kirchberg, «tellement de gens sont en attente de quelque chose à ce niveau-là. La prévention est un aspect très important que nous réclamons depuis des années. 40% de la criminalité du pays est concentrée dans la capitale alors que Luxembourg ne compte que 20% de la population – 130.000 personnes plus autant de gens qui viennent y travailler.»

«Quand M. Gloden m’a contacté, j’ai dit oui», se souvient le bourgmestre d’Esch-sur-Alzette, Christian Weis, qui dit aussi «ne pas avoir besoin d’un shérif américain». «J’ai quand même très vite remarqué que décider quels sont les moments où il faudrait avoir plus de présence policière et quels moments n’en nécessitent pas autant est un exercice compliqué.»

Pour répondre à ces nouvelles missions, rappelle le ministre des Affaires intérieures, «nous avons augmenté le nombre de recrutements dans la police de 160 à 200.»

Un projet-pilote à élargir pour le rendre efficace

Aux quatre «P», comme personnel, présence, proximité et prévention, de M. Gloden, il faudra probablement en rajouter un cinquième, comme «partenaires», reconnaissent les quatre acteurs autour de la table, tout en, pour le ministre des Affaires intérieures, renvoyant sur ses collègues de la Santé ou des Affaires sociales? Parce que la présence policière est une chose mais dans le contexte de la drogue, par exemple, il faut pouvoir soigner à court terme et à long terme, essayer de réinsérer…

«La situation de gens qui se droguent, dans la rue, près d’une école ou dans un parc, est inacceptable», reconnaît d’ailleurs la bourgmestre. «Quand on constate très clairement que quelqu’un est couché par terre, qu’il est sous l’emprise de la drogue, quelqu’un doit pouvoir appeler le Samu social ou une ambulance pour l’emmener vers un endroit dont c’est le rôle de le prendre en charge. C’est quelque chose que nous voyons tous les jours à la gare. Je trouve que c’est inhumain! Les gens sont malades.»

Du 15 janvier, début de la «reprise en mains» des quartiers Gare et Ville-Haute par la police, et jusqu’à mi-avril, la police a contrôlé 886 personnes et 68 procès-verbaux ont été dressés. Quatre personnes ont été arrêtées pour possession et vente présumées de stupéfiants et une personne a été arrêtée suite à un mandat d’arrêt. Dans 197 cas, les agents de police sont intervenus parce que des personnes entravaient des entrées ou sorties accessibles au public d’un bâtiment public ou privé. 192 infractions ont été constatées en rapport avec le Code de la route.

En fin d’année, après des échanges, le dispositif sera adapté. Prolongé. Ou étendu.