En février dernier, EY Luxembourg annonçait . Alors que le département Fintech était dirigé par Gaël Denis, il a été nommé chief operating officer le 1er juillet. Simultanément, Romain Swertvaeger a été désigné pour lui succéder et diriger l’équipe de 45 experts du secteur fintech.
Associé chez EY Luxembourg, Romain Swertvaeger dispose d’une expérience de 13 années dans l’audit d’entreprises technologiques et d’e-commerce. Ce qui fait de lui un observateur de l’évolution de l’industrie fintech luxembourgeoise. «Les acteurs des paiements restent prédominants. Historiquement, les principaux acteurs du commerce en ligne ont installé leurs centres de paiement au Luxembourg», explique-t-il. Cela n’a pas empêché le développement d’entreprises spécialisées dans la blockchain et les cryptoactifs. En outre, «des acteurs des regtech ont un bel avenir au Luxembourg au regard des aspects réglementaires et de compliance, mais aussi au regard des caractéristiques de l’industrie financière luxembourgeoise».
Les effets post-Brexit
À peine plus d’une vingtaine d’acteurs composaient le paysage des fintech il y a encore une décennie. Aujourd’hui, il y en a environ 150, note Romain Swertvaeger. «Le gouvernement, via la Lhoft, a eu un impact important dans l’évolution du secteur. Le Luxembourg est reconnu sur le plan fintech en Europe, au même titre que le Royaume-Uni et l’Irlande.»
Une forte concurrence est d’ailleurs née du Brexit entre l’Irlande et le Luxembourg.
Malgré tout, la concurrence entre les places financières n’est pas finie. Elle existe encore dans le domaine des paiements où les licences restent un enjeu de taille. «Une forte concurrence est d’ailleurs née du Brexit entre l’Irlande et le Luxembourg.»
Le nouveau responsable de l’équipe Fintech d’EY s’attend également à une compétition aussi soutenue entre les bourses d’échange de cryptoactifs, pour qui l’obtention des licences sera cruciale avec l’avènement du règlement Mica. «Ce sera bien plus large que ce qui se passe aujourd’hui avec les VASP (virtual asset service providers), le régime VASP n’étant qu’un enregistrement AML.»
Une complémentarité en devenir
Au niveau local, de nouveaux entrants sur le marché bousculent dorénavant certains segments du secteur financier, notamment celui des agents de transfert et du settlement. «Un pan du secteur va devoir accélérer sa digitalisation, par exemple, avec des infrastructures de blockchain», souligne Romain Swertvaeger. Et il ajoute: «Le positionnement du Luxembourg sur les agents de transfert et le settlement était une excellente initiative, car il existe peu d’acteurs de ce type ailleurs en Europe.»
Le positionnement du Luxembourg sur les agents de transfert et le settlement était une excellente initiative, car il existe peu d’acteurs de ce type ailleurs en Europe.
La transformation d’acteurs historiques de la Place illustre la complémentarité des banques et des fintech. Par la fusion de ses équipes spécialisées dans ces deux domaines, EY Luxembourg entend «répondre à une tendance du marché». Mentionnant les efforts de transformation du secteur bancaire, Romain Swertvaeger y voit une opportunité: «C’est aussi là que nous avons un rôle à jouer, en apportant notre connaissance du secteur technologique au secteur bancaire.»
Des partenariats et des acquisitions
Il voit même un coup plus loin: «La digitalisation des banques a déjà commencé, mais le développement du Web3 sera le prochain tournant dans les prochaines années. Quelques banques commencent à s’y intéresser.» Dans le futur, EY Luxembourg entend bien lancer de nouveaux services dans l’accompagnement de la transition des services financiers vers le Web3.
La tendance n’est pas encore à l’acquisition de fintech par des banques, mais il y a déjà plusieurs exemples de solutions technologiques qui ont été développées en interne ou financées par des banques.
En attendant, l’écosystème naissant des banques et des fintech se cherche encore. Cela se passera soit par du partenariat soit par de l’acquisition. Au niveau local, «la tendance n’est pas encore à l’acquisition de fintech par des banques, mais il y a déjà plusieurs exemples de solutions technologiques qui ont été développées en interne ou financées par des banques.» Il est encore trop tôt pour discerner l’émergence d’une tendance, signe que le secteur n’en est peut-être encore qu’aux premières lignes de son histoire.