«Ce qu’aucun de nous ne voulait croire et ce qu’aucun de nous ne pouvait croire s’est produit brutalement. L’Europe connaît à nouveau la guerre au XXIe siècle, malgré tous les efforts de paix», a débuté le chef de la diplomatie luxembourgeoise devant les députés, à l’occasion de la déclaration annuelle sur la politique étrangère et européenne du Luxembourg.
Pour ce deuxième rendez-vous politique le plus important après , le ministre des Affaires étrangères et européennes, (LSAP) n’a pas caché qu’il s’agissait du discours le plus difficile et le plus lourd à prononcer de sa carrière depuis la guerre en Yougoslavie. «Cette attaque militaire dépasse par son ampleur, par sa brutalité et par ses conséquences globales tout ce que le continent européen a connu depuis la Seconde Guerre mondiale. Ce n’est pas seulement une guerre entre la Russie et l’Ukraine, c’est une confrontation entre deux systèmes politiques, entre deux visions du monde» a déclaré Jean Asselborn.
La guerre en Ukraine au cœur du discours
Le ministre s’est longuement attardé sur la guerre en Ukraine suite à l’agression de la Russie. Il a rappelé l’aide que le Luxembourg a apportée à l’Ukraine depuis le 25 février 2022 et l’entrée des premiers chars russes. Le Grand-Duché a en effet accordé une protection temporaire à plus de 4.500 réfugiés ukrainiens, dont un peu plus de 1.500 enfants. «Le Luxembourg a pris ses responsabilités en accueillant et en offrant une protection immédiate aux personnes qui ont fui la guerre. C’est également la première fois que le Luxembourg a aidé militairement un autre pays», a souligné Jean Asselborn.
Le Luxembourg a effectivement livré des armes et du matériel militaire à l’Ukraine pour un montant total de 72 millions d’euros, soit 16% du budget militaire luxembourgeois.
Les développements en Russie nous ont montré ce qui peut advenir quand l’État de droit est peu à peu évidé au point qu’il n’y a pas plus de contre-pouvoirs.
Le ministre a ensuite justifié les sanctions européennes envers la Russie en avançant l’objectif de priver l’agresseur russe de moyens pour financer la guerre. «Les sanctions n’ont jamais été un choix, mais bien une nécessité», a lancé Jean Asselborn. Il a indiqué que 17 milliards d’euros appartenant à la Russie et à des proches du Kremlin ont été gelés au sein de l’Union européenne, dont 5,5 milliards d’euros au Luxembourg.
Relations internationales, climat et conflits au Moyen-Orient
Au cours de son discours, le ministre des Affaires étrangères et européennes a aussi évoqué l’élargissement de l’Union européenne, mais également l’importance des décisions stratégiques au sein de l’OTAN ainsi qu’avec les États-Unis de Joe Biden. Jean Asselborn a souligné l’importance des relations avec la Chine, qui même si des désaccords existent au niveau des droits de l’homme, reste «un partenaire dans de nombreux domaines». Le ministre a aussi évoqué la situation de l’Afghanistan et de l’insécurité alimentaire dans le monde, les effets du réchauffement climatique, les tensions en Iran, la situation toujours tendue entre Israël et la Palestine, ainsi que les conflits au Yémen et en Syrie.
Le ministre Asselborn a conclu en soulignant avec fermeté l’importance de protéger l’État de droit, tant au Luxembourg que dans l’UE. «Les développements en Russie nous ont montré ce qui peut advenir quand l’État de droit est peu à peu évidé au point qu’il n’y a pas plus de contre-pouvoirs», a-t-il conclu.