«So-so-solidarité, avec les femmes, du monde entier». Applaudissements, cris et coups de sifflet s’échappent de la foule réunie devant l’ambassade des États-Unis au Luxembourg, en plus d’un nuage de fumée rose foncé. Ils sont 250 selon le Planning familial, qui organise , et clament haut et fort leurs slogans, qu’on retrouve sur les cartons qu’ils arborent: «My body, my choice», «Avorter, c’est un droit, c’est un choix».
Parmi eux, Eve Frisch, 23 ans, et Ana Rodrigues, 24 ans, ont écrit «Pro-choice» en lettres colorées sur le leur. «Personne ne doit être forcé à avoir un enfant», déclare la première. «C’est choquant de voir qu’on peut retirer des droits fondamentaux si vite.» «Aux États-Unis, les grands-mères ont eu plus de droits que leurs petites-filles. C’est un retour dans le temps», complète son amie.
Bientôt, les manifestants s’assoient pour le «sit-in». Installée sur sa couverture, Irdelle Lagnide, 48 ans, raconte être venue depuis son lieu de travail, à Contern, pendant sa pause déjeuner. «Je voulais être là pour dénoncer cette monstruosité.» En apprenant que la Cour suprême des États-Unis avait annulé l’arrêt Roe V. Wade qui garantissait jusqu’à maintenant le droit à l’avortement dans le pays, «colère, tristesse et incompréhension» se sont mêlées. «Cela a constitué un choc de voir qu’encore une fois, on régresse. On est au 21e siècle et on en arrive à interdire aux femmes de disposer de leur corps. Je crains qu’en Europe aussi, la question se pose.»
Des craintes pour l’Europe et le Luxembourg
Plus loin, Ernest Welter, 61 ans, est venu «pour [sa] fille qui n’est jamais née». Il ne s’étonne pas de la décision américaine. «Là-bas, chaque rue est une église.» Mais s’indigne de l’inaction d’autres pays.
«C’est une décision scandaleuse qui m’inquiète beaucoup», ajoute Sacha Sirovec, 59 ans, dont le mari est américain. Elle qualifie d’«anomalie» le fait que quelques juges puissent «décider d’une chose à laquelle s’oppose la population». Un sondage Gallup réalisé en mai révèle que 55% des Américains se revendiquent «pro-choix». «Il faut repartir se battre. Être vigilant», en Europe comme au Luxembourg.
Oui, ce sont toujours les mêmes sujets, parce que les mêmes sujets sont remis en cause.
Antonia Ganeto, porte-parole de l’association afroféministe Finkapé, était aussi présente. «Avec ce retour en arrière, ce sont les personnes les plus vulnérables qui vont souffrir, parce qu’elles n’auront pas les moyens de contourner cette loi», en se déplaçant dans un autre État ou pays où l’avortement est autorisé. Elle craint pour «les Afro-Américaines et les Latinas dans une situation précaire».
La lutte continue
Will Bakker, membre du parti des Democrats Abroad, faisait également partie du groupe de manifestants. «Je suis ici par gratitude pour les Luxembourgeois présents, par solidarité. Et aussi parce que notre système est brisé pour produire de tels résultats.»
La manifestation s’est tenue de 12h30 à 13h ce mardi 28 juin. «Notre message a été entendu», estime Ainhoa Achutegui, présidente du Planning familial. L’action devant l’ambassade était un «message de solidarité» aux Américaines. Au Luxembourg, l’institution réclame l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution. «Nous allons lutter pour que cela soit fait avant les prochaines élections.» Cela passe par «du lobby, le redire, le replacer». En attendant, «nous avons besoin d’hommes et de femmes militants, parce qu’elles n’ont pas tous les droits, pas encore, cela peut toujours revenir en arrière. Oui, ce sont toujours les mêmes sujets, parce que les mêmes sujets sont remis en cause.»
Parallèlement à la manifestation, , purement symbolique, maintenant comme tel le droit à l’avortement au Luxembourg.