Les pertes des uns sont les gains des autres. À ce petit jeu des vases communicants, Londres aurait déjà perdu gros dans la foulée du Brexit, selon une étude menée par le think tank New Financial. D’abord en termes d’actifs. Les banques ont, à ce jour, transféré 900 milliards de livres vers les Places de l’UE, soit 10% de leurs actifs totaux. Montant auquel il faut ajouter les 100 milliards de livres déplacés également vers l’UE par les assureurs.
Des chiffres que New Financial, lui-même, juge «sous-estimés». Selon l’institut, la City devrait continuer de souffrir. «Nous sommes seulement à la fin de la première phase du Brexit», souligne le think tank. Qui poursuit: «L’impact final devait être plus important, ce qui va réduire les rentrées fiscales au Royaume-Uni, l’influence en matière de réglementation et, au bout du compte, avoir des conséquences sur les emplois.»
Luxembourg dans le top 3 des destinations refuges
Au total, 440 sociétés financières ont délocalisé une partie de leurs activités, déplacé des emplois ou établi de nouvelles entités dans l’UE. Un chiffre supérieur aux estimations de mars 2019 dans lesquelles New Financial avait identifié 269 entreprises concernées par le Brexit.
Le Royaume-Uni paie cash l’absence d’un accord de libre-échange sur les services financiers, et donc la perte du passeport européen au 1er janvier 2021. À l’heure actuelle, le secteur financier doit se contenter d’une coopération a minima sur les questions réglementaires.
Les gagnantes de cet exode sont Dublin, choisie par 135 sociétés, devant Paris (102), Luxembourg (93), Francfort (62) et Amsterdam (48). Dans le détail, Dublin attire beaucoup de gérants d’actifs, les banques vont plus vers Francfort, et Amsterdam séduit les plateformes boursières et les courtiers. Étant entendu que certains groupes financiers ont pu en outre délocaliser des activités dans plusieurs villes.
Sur le plus long terme, New Financial estime que Francfort sortira gagnante pour la taille des actifs déplacés, et Paris pour les emplois.
7.400 créations d’emplois induites
Si la City semble limiter le nombre d’emplois perdus, elle a contribué directement à la création d’emplois dans l’UE. New Financial en estime le nombre à 7.400, «soit en raison de délocalisations ou grâce à des embauches pour renforcer les équipes. Des créations de postes dans l’UE qui auraient pu, sans le Brexit, être annoncées au Royaume-Uni», note l’étude, pour qui les déplacements d’emplois physiques depuis la City ont été limités. Ou plus exactement retardés, selon l’étude, pour cause de restrictions de déplacement liées à la pandémie de Covid-19.
Enfin, New Financial estime que, si la City perd de son rayonnement, Londres restera le premier centre financier européen dans un futur proche, les entreprises souhaitant maintenir autant d’activités qu’elles le peuvent dans la capitale britannique. «Mais son influence s’amenuisera, ce qui pourrait entraîner une réduction sur le territoire britannique de 26 milliards de livres d’excédent commercial annuel en services financiers avec l’UE», conclut l’étude.