Luxaviation a pulvérisé les vignes de Raphaël Hannart à Erpeldange-lez-Bous mercredi 24 juin.   (Photo: Romain Gamba / Maison Moderne)

Luxaviation a pulvérisé les vignes de Raphaël Hannart à Erpeldange-lez-Bous mercredi 24 juin.   (Photo: Romain Gamba / Maison Moderne)

Luxaviation veut développer ses services de drones pulvérisateurs, après le succès des premiers vols chez sept vignerons cette année. L’entreprise devrait acquérir au moins deux nouveaux drones l’année prochaine et embaucher de nouveaux pilotes pour répondre à la demande luxembourgeoise, mais aussi allemande.

Au beau milieu des vignes vertes mosellanes, à Erpeldange-lez-Bous, le drone prend son envol. Le modèle: un DJI Agras MG-1P. De droite à gauche, puis de bas en haut, il pulvérise la parcelle de muscaris. Le son du moteur reste léger. En dessous, Gilles Seyler, pilote chez Luxaviation, vêtu d’une combinaison, le télécommande. En moins de 10 minutes, les 14 ares sont recouverts de produits phytosanitaires. Le pilote doit ensuite recharger l’engin, d’une autonomie de 4 à 5 minutes, avant de passer à la suite.

«Avec le tracteur, je mettais 45 minutes pour faire cette parcelle», témoigne Raphaël Hannart, propriétaire, qui possède 1,5 hectare de vigne au total. Une opération à renouveler tous les 10 jours environ. Cette année, le vigneron a fait appel aux services de Luxaviation et de ses drones pulvérisateurs, après que son chalet en bois a brûlé, emportant avec lui le tracteur avec lequel il épandait. «C’est venu à point», commente-t-il fièrement. «Si c’était à refaire, il y a 10 ans, je n’aurais jamais acheté de tracteur.»

Car pour lui, «les avantages sont nombreux». Plus de panne. Le drone lui fait donc  gagner en efficacité et «ne tasse pas les sols». De plus, «la dispersion est bonne» et permet d’utiliser trois fois moins d’eau et de produits phytosanitaires d’après lui. Même s’il reste moins rapide qu’un hélicoptère, solution utilisée par de nombreux viticulteurs, le drone, «plus précis», fait aussi «beaucoup moins de bruit». De quoi réjouir ses voisins.

500 vols effectués

Luxaviation mise sur ces points forts pour développer son offre, qui est récente. L’opérateur d’avions privés l’a développée l’année dernière . L’idée venait de sa propriétaire, Corinne Kox. «Forts des résultats, nous avons continué», explique Christophe Lapierre, président de la division Services du groupe Luxaviation. Depuis, le domaine est passé de 1,5 à 3 hectares pulvérisés par drones.

Six autres viticulteurs, dont Raphaël Hannart, ont rejoint l’aventure. «Nous avons déjà effectué 500 vols chez les sept vignerons, nous serons entre 700 et 800 à la fin de la saison», calcule Christophe Lapierre. Il ne communique pas le prix du service. «Nous sommes en train de le calculer. Pour l’instant, nous avons offert des tarifs préférentiels aux premiers vignerons.»

L’entreprise a reçu d’autres demandes, qu’elle n’a pas pu honorer avec ses trois pilotes et son seul drone. Pour étendre l’activité, l’année prochaine, elle compte «augmenter la flotte». «Nous avons déjà identifié trois nouveaux pilotes», révèle Christophe Lapierre, qui souhaite également acquérir deux à trois nouveaux drones. Ce qui permettrait de répondre à une douzaine de demandes. Luxaviation avait déjà investi près de 35.000 euros pour le premier appareil et son entretien. L’entreprise pourrait aussi fournir les viticulteurs qui «souhaitent s’équiper de drones». Elle souhaite également «travailler plus étroitement avec les communes».

65 millions d’euros de chiffre d’affaires

Les drones pourraient aussi à terme voler encore plus loin. «Nous souhaitons étendre notre service à l’Allemagne», annonce Christophe Lapierre. «Nous avons déjà quelques demandes.» Le souci: la réglementation ne permet pas encore les pulvérisations par drone dans le pays. Il espère une évolution d’ici 2021.

Au total, la section Services de Luxaviation, lancée il y a deux ans, réalise un chiffre d’affaires annuel de 65 millions d’euros, soit 13% du chiffre total de l’opérateur de vols d’affaires. Une diversification de l’activité qui tombe à pic, à l’heure où le Covid-19 a mis à l’arrêt une grande partie de son activité.