L’ouverture du Luxembourg City Film Festival 2022 devait être un moment joyeux avec le retour d’une projection en présentiel, mais elle a été assombrie par la décision de retirer les films russes du programme.

C’est une visiblement émue qui, s’adressant au public lors de l’ouverture du Luxembourg City Film Festival, jeudi soir, en tant que ministre de la Culture, a le mieux résumé la situation. C’était censé être un retour à une sorte de normalité pour le festival, après que l’événement de 2020 a été écourté en raison du premier confinement dû à la pandémie de Covid-19 et que l’édition 2021 a dû être menée comme un événement hybride avec des projections en ligne. L’invasion russe de l’Ukraine a non seulement éclipsé tout semblant de normalité dans la vie en Europe, mais elle a également contraint la ministre à conseiller la direction du festival sur la programmation de films russes.

Mme Tanson a déclaré qu’une lettre de l’Académie ukrainienne du cinéma l’avait persuadée que l’exclusion des films russes était la bonne chose à faire. «Plusieurs films réalisés par la Russie sont régulièrement admis dans les programmes de la plupart des festivals de films mondiaux et des ressources importantes sont consacrées à leur promotion», a écrit l’académie. «Le résultat de cette activité n’est pas seulement la diffusion de messages de propagande et de faits déformés. Elle renforce également la loyauté de la culture russe – la culture de l’État agresseur, qui a déclenché une guerre injustifiée et non provoquée en Europe centrale.»

La ministre a expliqué que cette décision a été douloureuse, d’autant plus que le film russe sélectionné pour la compétition officielle du festival – «Gerda», de Natalya Kudryashova – pouvait être considéré comme une critique de la vie sous le régime russe actuel. Or, comme l’a expliqué le président du festival, Georges Santer, lors de la cérémonie d’ouverture, dans un discours interrompu à deux reprises par un chahuteur, «Gerda» est financé par Gazprom et a donc des liens indéniables avec l’État russe. Georges Santer a suggéré que si «Gerda» avait gagné le concours, le régime russe aurait pu s’en servir comme propagande.

Plus tôt dans la journée de jeudi, la radio 100,7 avait diffusé un commentaire du journaliste Michel Delage intitulé «LuxFilmFest has proclaimed the defeat of culture» (LuxFilmFest a proclamé la défaite de la culture), dans lequel il estimait que la direction du festival s’était «rapidement mise à genoux» devant la pression des politiciens, car elle dépend du financement (entre autres) du ministère de la Culture.

Le festival s’est ouvert avec la comédie hispano-argentine de Gastón Duprat et Mariano Cohn, «Official Competition», avec Penélope Cruz, Antonio Banderas et Oscar Martinez.

Le festival se poursuit jusqu’au 13 mars avec des projections et des événements tout au long de la journée et en soirée. Delano sélectionne ses et les publie dans sa pendant toute la durée du festival.

Cet article a été rédigé par  en anglais, traduit et édité par Paperjam en français.