388 millions de personnes sur Terre ont des problèmes de vue, sont aveugles ou malvoyantes. Et 300.000 ont déjà participé à un test des nouvelles lunettes de Lumen. (Photo: Lumen)

388 millions de personnes sur Terre ont des problèmes de vue, sont aveugles ou malvoyantes. Et 300.000 ont déjà participé à un test des nouvelles lunettes de Lumen. (Photo: Lumen)

Entre les débats sur l’éthique de l’intelligence artificielle et la consommation électrique des data centers, IMS a offert une bouffée d’oxygène, ce mardi après-midi au Tramsschapp, avec un shoot de technologies dopées à l’IA et positives pour la société. La Tech4Good ne meurt jamais!

Le moment est très symbolique d’un changement d’époque. Sur la scène du Luxembourg Sustainability Forum 2024, ce mardi au Tramsschapp, Lou Welgryn évoque les 6.000 experts bénévoles qui font vivre son ONG, Data For Good, et leur travail avec une autre ONG, Bloom, pour la préservation des océans, en traquant 1.600 bateaux de pêche et leurs comportements. La salle, composée à moitié de lycéens, applaudit à tout rompre. Le directeur des affaires gouvernementales de Microsoft pour la Belgique et le Luxembourg, Benjamin Baelus, enchaîne avec la présentation d’une technologie développée par le lab IA For Good du géant américain pour détecter au plus vite et sur un smartphone le diabète dont souffrent 451 millions de personnes. La salle, toujours composée à moitié de lycéens, ne bouge pas le petit doigt.

Dans ce face-à-face entre «David» et «Goliath» sur la scène du LSF2024 organisé par Inspiring More Sustainability de , les échanges ont été, sinon tendus, du moins compliqués pour le représentant de la Big Tech, alors que la position de Microsoft est justement d’aller au charbon, même quand c’est difficile, à la différence d’autres acteurs complètement absents. Après la revue des enjeux liés aux algorithmes par Aurélie Jean, la partie la plus rafraîchissante de cet événement «sold out» aura sans aucun doute été la présentation des dix projets liés à l’IA et positifs pour la société.

Des lunettes pour aveugles après des gants pour muets

Huit ans après la présentation, dans un concours de start-up au Luxembourg, d’un prototype d’une paire de gants intelligents capables de traduire la langue des signes en messages vocaux par Salah Ghamizi (aujourd’hui au List après son doctorat au SnT), Cornel Amariei fait le show avec ses lunettes (de réalité virtuelle) transformées en lunettes pour ceux qui voient mal ou ne voient pas, les Lumen, qui envoient des signaux permettant à la personne de se diriger.

Né de parents handicapés moteurs et frère d’une jeune femme handicapée mentale, le Roumain a fait de son expérience personnelle une force, devenant le premier Roumain à intégrer le Forbes 30 under 30 Europe ou à recevoir, comme JFK ou Elvis avant lui, le prix Ten Outstanding Young Persons of the World de la JCI. «388 millions de personnes sont aveugles sur la planète», dit-il en préambule, soulignant le désastreux business plan de l’idée de former 2.000 chiens par an pour 500 millions d’euros. En 2021, à la surprise générale, son projet gagne le prix RedPoints du design et lève 10 millions d’euros dans la foulée. Sous peu, une première femme, aveugle, va pouvoir aller se promener seule dans la forêt avec ses lunettes.

Le rôle d’un fondateur est de créer un contexte dans lequel chaque employé a le meilleur job de toute sa vie!

Cornel Amarieifondateur et CEOLumen

«Nous avons fait cela pour aider des gens! On s’en fout de l’argent! Comme ça, on n’a pas de comptes à rendre», dit le jeune entrepreneur sur scène. «Faites des choses qui ont du sens et l’argent viendra!» répète-t-il, après avoir souligné que son rôle «en tant que fondateur est de créer un contexte dans lequel chaque employé a le meilleur job de toute sa vie!».

La Ville de Luxembourg en discussion avec Nexqt

Lui succède le CEO de la belge PEPITe, Baptiste Fosséprez, dont la technologie permet à l’industrie pharmaceutique d’économiser des millions d’euros dans la gestion de l’air des salles blanches. Un modèle qui pourrait servir à d’autres industries, assure-t-il, défendant une intelligence artificielle économe en énergie. Puis viennent des projets de Space4Good ou de Data4Good, qui utilisent l’imagerie satellitaire pour cartographier les écosystèmes et les protéger. Ou même lancer un système d’alerte innovant qui prévient les pompiers dès qu’un feu commence à prendre plutôt que de devoir attendre qu’il ait dévoré des hectares de pins. Si l’on connaît mieux pour les agriculteurs les plus pauvres souvent soumis aux pires catastrophes, capable d’entamer un dialogue avec des enfants touchés par l’autisme ou encore pour accélérer la mise sur le marché de nouveaux médicaments, le directeur de l’innovation de l’UNHCR, Hovig Etyemezian, fait un passage remarqué avec ses projets en développement pour aider les 120 millions de déplacés, en raison des crises politiques, économiques ou environnementales!

Un mot, enfin, pour Nexqt, dont le CEO Fouzi Benkhelifa a déjà conquis Mondorf et Remich, avec une idée «simple»: utiliser là encore des données de l’espace et des données publiques pour aider les villes à rompre enfin avec les bilans carbone – de «simples tableaux Excel», dit-il – et les emmener vers une véritable gestion de leurs émissions. «Les villes émettent 70% des émissions de CO2, mais ne touchent que 5% des aides et investissements. Je suis venu ici pour vous en parler, parce que je crois en la sincérité de la finance verte», ajoute-t-il en référence aux initiatives de la place financière.

Ou bien parce que dans la salle est aussi présent le premier échevin de la Ville de Luxembourg, Maurice Bauer. Qui reconnaît que «la Ville a aussi besoin d’un coup de pied au cul pour avancer parfois». Ça tombe bien: Nexqt a commencé à discuter avec la capitale pour lui apporter sa solution.