La Luga ouvrira dans un an, en mai 2025, pour une durée de six mois.  (Photo: Paperjam.lu)

La Luga ouvrira dans un an, en mai 2025, pour une durée de six mois.  (Photo: Paperjam.lu)

Dans un an, la Luga ouvrira ses portes. Les visiteurs pourront alors découvrir une exposition en plein air, des jardins urbains, des installations paysagères et artistiques, le tout complété par des projets agricoles, des lieux de vie et une programmation événementielle.

Note de la rédaction: cet article a été écrit pour le Hors-Série Paperjam Architecture + Real Estate et complété suite à la conférence de presse du 7 mai.

La Luga, ou Luxembourg Urban Garden, est un ambitieux projet qui a pour objectif l’organisation d’une grande exposition nationale, rassemblant jardins urbains, installations paysagères, agricoles et lieux de vie. Il est porté par le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Viticulture, la Ville de Luxembourg et la Ville d’Ettelbruck, avec la collaboration de la Fédération horticole luxembourgeoise, qui est membre observateur.

L’asbl Luga a été créée en 2019 et a été l’occasion d’un appel à idées, puisque ce projet a été initialement pensé comme un projet participatif. Plus de 500 idées ont été introduites et près de 150 ont été étudiées lors de workshops. «Dans les statuts de l’asbl, nous sommes tenus de réaliser des projets éphémères sur les zones dédiées à la Luga, à savoir le parc municipal, la vallée de la Pétrusse, la vallée de l’Alzette et au Kirchberg. Depuis peu, nous sommes aussi dans la Nordstad pour le volet agricole, et plus particulièrement à Ettelbruck», explique Ann Muller, coordinatrice générale de la Luga, qui a quitté son poste à l’ambassade du Luxembourg à Berlin pour ce projet qu’elle estime «extraordinaire».

«Malheureusement, le Covid est arrivé lors du développement du projet et la dimension participative n’a pas pu se développer comme espéré, remettant en cause la réalisation du projet en 2023, comme cela était initialement prévu, et nous obligeant à le réorienter avec un report en 2025.»

Entre-temps, le budget – initialement estimé en 2015 à 10 millions d’euros – a été revu à 22 millions d’euros. «C’est un signal très fort que la politique mette à disposition autant d’argent pour entamer des discussions sur ce sujet. C’est une des grandes forces du Luxembourg de toujours réussir à se réinventer, à se questionner, à se positionner face aux défis auxquels nous sommes confrontés. C’est une grande chance», soutient Ann Muller.

La ceinture verte de Luxembourg sera mise en valeur à l’occasion de la Luga. (Illustration: Luga)

La ceinture verte de Luxembourg sera mise en valeur à l’occasion de la Luga. (Illustration: Luga)

Cette exposition est conçue comme un grand laboratoire, une plateforme de réflexion qui pourra s’étendre tout au long des six mois, pour interroger le rôle de l’écologie urbaine. «Les partenaires doivent ainsi avoir la possibilité de présenter leurs projets et leurs savoirs», explique Ann Muller. Car il faut prendre conscience qu’il y a un très haut niveau d’expertise au Luxembourg et que plusieurs institutions et administrations se posent des questions cruciales sur la place de la nature en ville. Notre rôle est de mettre en lumière tout ce savoir et cette réflexion qui sont présents, mais peu visibles. Et ainsi de répondre à notre thématique générale: ‘Rendre visible l’invisible’.»

Un parcours sur la ceinture verte

Une des premières mises en évidence voulue par la Luga est la présence de la ceinture verte qui entoure le centre-ville de Luxembourg. «Notre volonté est de révéler l’existant et de travailler précisément, comme le ferait un acuponcteur, pour souligner des éléments auxquels on ne prête peut-être pas nécessairement attention, mais qui sont bien présents», assure Ann Muller. Pour les aider dans cette mission, un appel à projets a été lancé pour concevoir des jardins urbains, des installations paysagères et des interventions artistiques qui viendront alimenter les thématiques soulevées par la Luga. Ces propositions sont réparties tout au long d’un circuit de 11km.

Dans le parc municipal Edouard André, où le thème est «Culture et loisirs», les visiteurs pourront découvrir des installations paysagères, des jardins thématiques autour des contes et du merveilleux. Un jardin exploratif et une serre à orchidées seront aménagés dans le jardin de la Fondation Pescatore. Les jardins de la Fédération horticole luxembourgeoise présenteront le savoir-faire des entreprises du pays à travers des jardins insolites. Un jardin des roses est déjà accessible depuis 2023 et met en valeur des roses qui portent des noms de femmes. Enfin, le Lycée technique agricole de Gilsdorf composera un jardin à partir de plantes natives du Luxembourg.

En plus de ces jardins, un parcours artistique a été confié au commissaire Markus Ambach, dont l’ambition est de créer une nouvelle narration autour de la végétation cultivée et de la végétation sauvage.

Des installations paysagères sont aussi au programme: un arbre littéraire, où les visiteurs sont invités à prendre place sur une plateforme pour lire; une serre entre arts et sciences, où des plantes auront préalablement absorbé un sérum qui, sous l’effet de la lumière noire, révélera une beauté végétale inattendue (comme sur la photo en tête de cet article, ndlr). Et l’édition 2025 du Festival des cabanes sera déployée dans le parc, permettant aux visiteurs de découvrir une quinzaine de constructions réalisées en grande partie à partir de matériaux recyclés.

Un «culture hub» est aussi prévu. Aménagé près de la pergola, ce lieu de vie et de rencontres accueillera un programme événementiel, complété par un Biergarten pour une restauration locale et saisonnière.

Innovation et recherche dans la vallée de la Pétrusse

Dans la vallée de la Pétrusse, on trouvera des projets de petits jardins (20m² chacun) confiés à de jeunes architectes. Ici, le thème est «Science et vie» et chacun de ces jardins répond à sa manière aux défis et crises qui marquent notre époque. Ils seront situés après le skatepark.

Les visiteurs pourront aussi découvrir une installation paysagère de Leon Kluge, «Life on the verge», qui met en avant un élément de notre paysage que l’on ne regarde pas habituellement: les accotements des routes.

Ce sera bien entendu l’occasion de découvrir la renaturation de la Pétrusse, projet phare mené par la Ville de Luxembourg qui s’inscrit pleinement dans la dynamique de la Luga.

Par ailleurs, une installation sonore, «The Lower World», sera spécialement développée par Susan Philipsz, en partenariat avec le Mudam, et installée dans l’aquatunnel, qui sera alors ouvert au public.

Un «science hub» complétera l’offre dans la vallée. Il s’agit d’un lieu conçu comme un laboratoire de recherche, d’éducation et d’expérimentation, avec une programmation d’expositions, de conférences, de débats…

Les jardins urbains de la vallée de l’Alzette

Dans la vallée de l’Alzette, 10 jardins urbains sur le thème «Art et innovation» seront réalisés par des concepteurs internationaux. Le thème de l’écologie urbaine y est plus particulièrement abordé. On y trouvera, par exemple, un jardin des simples, ou herbularius, qui est un jardin qui mêle plantes médicinales, aromatiques et condimentaires; le jardin «Le Chant de l’Alzette», qui s’intéresse aux particularités identitaires du site et vise à créer un équilibre plus juste entre minéral, végétal et humain; ou encore le projet «Water Forum» (Lola Landscape Architects, 2001, 51N4E), qui place la question de l’urgence hydrique au cœur de la proposition, avec la présentation d’un système innovant de purification de l’eau de la rivière.

Le Luga Lab, situé dans le parc Odendahl au Pfaffenthal, est un lieu conçu pour repenser l’utilisation de l’espace public et favoriser les échanges intergénérationnels. 

Un contrepoint au Kirchberg et dans la Nordstad

Le quartier du Kirchberg est également choisi comme un lieu hôte de la Luga. «Ce sera pour nous l’occasion d’explorer la thématique de l’agriculture en ville et le rôle d’une ferme urbaine et des espaces verts dans les nouveaux quartiers de la ville de demain», détaille Ann Muller. C’est ainsi qu’on trouvera des événements au Kuebebierg, dans la jeune ferme urbaine exploitée par Aurel & Axel. Les autres parcs du Kirchberg (parc central, Arboretum, Jardin du multilinguisme, parc Dräi Eechelen) seront aussi des jardins mis en avant par la Luga.

On trouvera par ailleurs une œuvre végétale conçue par l’artiste Agnes Denes, «The Living Pyramid», en partenariat avec le Mudam, et le jardin urbain «Endymion», conçu par Studio SNCDA et Tijd en Vlijt.

«The Living Pyramid» d’Agnes Denes.  (Photo: Agnes Denes, Courtesy Leslie Tonkonow Artworks + Projects)

«The Living Pyramid» d’Agnes Denes.  (Photo: Agnes Denes, Courtesy Leslie Tonkonow Artworks + Projects)

La Nordstad, quant à elle, accueillera des projets en lien avec la culture agricole et l’expérimentation. «Ce sera le deuxième grand pôle de notre exposition, avec un sentier agricole urbain qui partira de la gare, des stations mettant en avant les nouvelles méthodes de production agricole, comme l’aquaponie, le maraîchage en ville, le biochar, des champs d’essai, et toute une programmation plus événementielle relative à ces sujets.»

Ce sera l’occasion, pour les visiteurs, de découvrir les champs d’essai à Bettendorf ou de participer à la grande Foire agricole d’Ettelbruck.

Luga, du 7 mai au 18 octobre 2025,