Alors que quatre commissaires européens s’apprêtent à se rendre à Washington pour des réunions du FMI, la Commission a renforcé discrètement les lignes directrices en matière de sécurité en raison de l’augmentation des cybermenaces mondiales. (Photo: Shutterstock)

Alors que quatre commissaires européens s’apprêtent à se rendre à Washington pour des réunions du FMI, la Commission a renforcé discrètement les lignes directrices en matière de sécurité en raison de l’augmentation des cybermenaces mondiales. (Photo: Shutterstock)

La Commission européenne a démenti les informations selon lesquelles elle fournirait des téléphones jetables aux hauts fonctionnaires se rendant aux États-Unis, tout en confirmant à Paperjam que des protocoles de sécurité actualisés étaient en place dans un contexte de cybermenaces et d’espionnage croissants.

L’institution a fermement démenti les allégations selon lesquelles la Commission européenne distribuerait des téléphones jetables et des ordinateurs portables de base aux hauts fonctionnaires se rendant aux États-Unis. Répondant aux rapports des médias, la Commission a déclaré à Paperjam que «nous nions avoir donné des conseils à notre personnel recommandant l’utilisation de téléphones jetables lors de missions officielles aux États-Unis». Elle a également précisé qu’aucun conseil de ce type ne figurait dans les fiches de recommandations de voyage ou dans d’autres documents officiels.

La Commission a toutefois confirmé que des recommandations de voyage actualisées avaient récemment été publiées pour plusieurs pays, sans nommer les États-Unis, reflétant un changement plus large dans la manière dont l’UE gère la sécurité et les communications dans un contexte de cybermenaces mondiales croissantes. Ces mises à jour, a-t-elle déclaré, «reflètent les derniers changements dans la manière dont la Commission communique et l’augmentation générale des menaces à l’échelle mondiale en ce qui concerne la cybersécurité».»

Alors que les tensions montent entre Washington et Bruxelles, en raison de négociations commerciales politiquement sensibles et d’une atmosphère diplomatique volatile, la Commission européenne a mis en place des mesures de sécurité sans précédent pour les fonctionnaires participant aux prochaines réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, qui se tiendront du 21 au 26 avril 2025. Bien que la Commission conteste les rapports faisant état de téléphones  jetable, d’autres mesures de protection sont en place.

Parmi ces mesures figurent des protocoles de cybersécurité stricts pour les voyages, y compris des conseils sur l’extinction des appareils lors du passage de la frontière américaine et l’utilisation de housses de protection pour protéger les équipements laissés sans surveillance. Les risques juridiques liés à la saisie ou à la fouille des appareils électroniques par les autorités frontalières américaines sont un autre facteur qui justifie ces précautions accrues.

Les hauts responsables de l’UE qui se rendent à Washington comprennent le commissaire au commerce, Maroš Šefčovič, qui doit rencontrer le secrétaire américain au commerce, Howard Lutnick, pour aborder la question épineuse des droits de douane entre l’UE et les États-Unis. Il sera rejoint par le vice-président exécutif Valdis Dombrovskis et les commissaires Maria Luís Albuquerque et Jozef Síkela - qui se rendent à Washington pour les réunions du FMI et de la Banque mondiale.

Si la Commission a refusé de divulguer des détails sur les protocoles de sécurité mis à jour, elle a confirmé qu’elle avait recommandé de «lier le visa électronique à un laissez-passer de l’UE pour les hauts fonctionnaires, afin de souligner la nature officielle de la visite et de faciliter les procédures d’obtention de visa dans les ambassades avant le départ.»

Bien que la Commission ait cherché à minimiser les spéculations, le niveau élevé de précaution suggère une inquiétude croissante concernant les risques de surveillance et d’espionnage, même dans des pays traditionnellement alliés comme les États-Unis. La sensibilité des négociations commerciales en cours, dans lesquelles les positions politiques et la volonté de compromis restent très fluctuantes, semble être un facteur clé de l’effort visant à limiter l’exposition numérique pendant le voyage.

En définitive, si Bruxelles a pris des mesures pour réfuter les allégations de distribution de téléphones jetables, sa réponse plus générale souligne à quel point l’UE prend désormais au sérieux la sécurité numérique, en particulier aux frontières des États-Unis.

Cet article a été rédigé initialement en anglais et traduit et édité en français.