Ursula von der Leyen (Commission européenne): «L’Union européenne doit agir pour protéger les consommateurs et les entreprises. Les contre-mesures que nous prenons aujourd’hui sont fortes mais proportionnées.» (Photo: European Union/Christophe Licoppe)

Ursula von der Leyen (Commission européenne): «L’Union européenne doit agir pour protéger les consommateurs et les entreprises. Les contre-mesures que nous prenons aujourd’hui sont fortes mais proportionnées.» (Photo: European Union/Christophe Licoppe)

En réponse aux tarifs douaniers américains sur 28 milliards de dollars d’exportations de l’Union européenne, Bruxelles mettra en place des contre-mesures d’une valeur pouvant atteindre 26 milliards d’euros, avec une mise en application en avril, dans une riposte commerciale réciproque.

La Commission européenne n’a pas tardé à annoncer des contre-mesures «fortes mais proportionnées» en réponse aux nouveaux droits de douane de 25% introduits par les États-Unis sur les importations européennes d’acier et d’aluminium, mardi 12 mars 2025. La Commission a déclaré que ces droits de douane affectaient plus de 28 milliards de dollars d’exportations de l’UE (environ 25,6 milliards d’euros) et les a qualifiés d’injustifiés, de perturbateurs du commerce transatlantique et de préjudiciables aux entreprises et aux consommateurs.

La Commission a confirmé que sa réponse serait mise en œuvre en deux phases. Tout d’abord, elle laissera la suspension des précédentes contre-mesures de l’UE, introduites en 2018 et 2020, expirer le 1er avril. Ces mesures visaient les produits américains en réponse à l’impact économique des droits de douane américains sur les exportations européennes d’acier et d’aluminium d’une valeur de 8 milliards d’euros. Deuxièmement, la Commission introduira un nouveau paquet de contre-mesures, ciblant les exportations américaines d’une valeur maximale de 18 milliards d’euros, qui entreront en vigueur à la mi-avril. Avec une valeur totale de 26 milliards d’euros, les nouvelles mesures correspondent à l’ampleur des droits de douane américains.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a vivement critiqué la décision américaine: «Les droits de douane sont des taxes. Ils sont mauvais pour les entreprises et encore plus pour les consommateurs. Ces droits de douane perturbent les chaînes d’approvisionnement. Ils sont source d’incertitude pour l’économie. Des emplois sont en jeu. Les prix vont augmenter. En Europe et aux États-Unis.» Elle a souligné que l’UE n’avait pas d’autre choix que d’agir en réponse à ces mesures, ajoutant: «L’Union européenne doit agir pour protéger les consommateurs et les entreprises. Les contre-mesures que nous prenons aujourd’hui sont fortes mais proportionnées. Alors que les États-Unis appliquent des droits de douane d’une valeur de 28 milliards de dollars, nous répondons par des contre-mesures d’une valeur de 26 milliards d’euros. Cela correspond à la portée économique des droits de douane américains.»

La Commission a présenté les étapes de la procédure de mise en œuvre de ces mesures. La première phase, qui consiste à rétablir les contre-mesures de 2018 et 2020, prendrait effet immédiatement le 1er avril. Parallèlement, la Commission a engagé une procédure au titre du règlement d’exécution de l’UE, considérant les droits de douane américains comme une mesure de sauvegarde. Une consultation des parties prenantes d’une durée de deux semaines devrait s’achever le 26 mars, après quoi la Commission finalisera sa proposition et consultera les États membres. L’acte juridique formalisant les nouvelles contre-mesures devrait être adopté à la mi-avril.

Un document de de la Commission fournit une liste de produits qui pourraient faire l’objet d’éventuelles mesures: poulets, lait, fromages, vins, champagne, parfums, plastiques, polyéthylène, produits en cuir et en bois, vêtements, appareils électriques, pierres précieuses, argent, fer ou acier.

Impasse tarifaire

Le différend sur les droits de douane sur l’acier et l’aluminium dure depuis 2018, lorsque les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, ont imposé des droits de douane sur 6,4 milliards d’euros d’exportations d’acier et d’aluminium de l’UE, ajustés par la suite à 8 milliards d’euros sur la base des valeurs de 2024. En janvier 2020, les États-Unis ont étendu ces droits de douane à d’autres produits dérivés de l’acier et de l’aluminium, affectant environ 40 millions d’euros d'exportations de l’UE. En réponse, l’UE a imposé des contre-mesures sur 2,8 milliards d’euros d’exportations américaines, avec des mesures de rééquilibrage supplémentaires prévues pour 2021. Toutefois, à la suite de négociations sur un système de contingents tarifaires pour les exportateurs européens, l’UE a suspendu ces mesures jusqu’au 31 mars 2025 afin de permettre la poursuite des discussions.

Les derniers droits de douane américains, , s’appliquent à un large éventail de produits industriels, semi-finis et finis en acier et en aluminium, y compris des produits dérivés tels que des pièces de machines et des aiguilles à tricoter. La Commission a réaffirmé qu’elle restait ouverte aux négociations, mais qu’elle prendrait toutes les mesures nécessaires pour protéger ses intérêts économiques.

«Nous sommes fermement convaincus que, dans un monde marqué par des incertitudes géopolitiques et économiques, il n’est pas dans notre intérêt commun de faire peser des droits de douane sur nos économies. Nous sommes prêts à engager un dialogue constructif», a dit Mme Von der Leyen. Le commissaire au commerce Maroš Šefčovič a été chargé d’engager des discussions pour explorer des solutions alternatives avec les États-Unis.

Cet article a été rédigé initialement , traduit et édité pour le site de Paperjam en français.