Ce mercredi, le nouveau Premier ministre, Luc Frieden, a prononcé son premier discours devant les 60 députés de la Chambre. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Ce mercredi, le nouveau Premier ministre, Luc Frieden, a prononcé son premier discours devant les 60 députés de la Chambre. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Luc Frieden a présenté aux députés les grands axes de la politique de son gouvernement pour la durée de la législature. Son objectif: combiner une économie forte, un état social responsable et efficace, et une écologie pragmatique. Moins que sur l’objectif, c’est sur le dosage qu’il est attendu.

Impressionné. le reconnaît volontiers. «Faire une déclaration gouvernementale est quelque chose de très impressionnant. C’est un moment d’une très grande importance pour le pays et donc aussi pour moi en tant que nouveau chef de gouvernement. Cette législature sera celle du premier gouvernement entre chrétiens-sociaux et libéraux depuis 20 ans. C’est un nouveau départ pour le pays.»

Aborder en une heure tous les aspects d’un programme qui tient en 209 pages, c’est une gageure. «Je voulais une déclaration gouvernementale limitée à une heure. On aurait pu parler pendant trois heures, mais j’ai estimé qu’il était essentiel de concentrer sur quelques sujets dont évidemment le pouvoir d’achat et le logement, et mettre en avant certains aspects pratiques de la politique gouvernementale.»

Si on devait résumer le discours du Premier ministre, on pourrait dire qu’il a cherché à combiner économie forte, État social responsable et efficace et écologie pragmatique, et, selon ses mots, «trouver le juste équilibre entre ces trois sujets».

L’opposition reste circonspecte

Mission accomplie?

Sur le banc de la majorité, (DP) a apprécié que le Premier ministre prenne le temps de dire que «la politique qui a été faite ces dernières années par une coalition qui était toute autre avait comporté beaucoup de bonnes choses.» Sur le fond, «j’ai trouvé que c’était le discours d’un Européen convaincu, d’un Premier ministre très motivé pour commencer ses travaux. Il y a beaucoup d’éléments qui figuraient dans le programme électoral de mon parti, que ce soit le pouvoir d’achat, les impôts, l’économie, l’école ou l’environnement. Cela démontre que lors des pourparlers de coalitions, nous avons pu imposer notre point de vue.»

La posologie de l’ordonnance Frieden laisse par contre l’opposition sur son quant-à-soi.

(LSAP) a vu dans ce discours le recours à de vieilles recettes, à de vieilles médecines. «Le Premier ministre a confirmé que cet accord de coalition était très axé sur les incitatifs fiscaux et dans son volet social recourrait à de vieilles recettes. On reste sur sa faim.» À la question de savoir si la fraction LSAP pouvait voter la confiance, il a répondu: «Nous allons en discuter, mais je suis pessimiste par rapport à l’approche choisie.»

(déi Gréng) redoute une politique «qui risque de coûter cher aux citoyens, et surtout aux plus fragiles». Elle regrette également le flou qui demeure sur la mise en pratique de beaucoup d’annonces faites, notamment sur le logement. Elle regrette également que Luc Frieden continue à opposer logement et protection de la nature. «C’est une vision dépassée et j’espère que le gouvernement essaiera plutôt de mobiliser citoyennes et citoyens plutôt que de leur donner toujours l’impression que la protection de la nature est un bagage trop lourd à porter.»

La déclaration gouvernementale selon (ADR)? «Rien de nouveau par rapport à l’accord de coalition. C’était un peu un discours que les politiciens tiennent le dimanche… Sur l’air de ‘’tout va bien dans le meilleur des mondes’’…». Et il attend les actes pour se prononcer. Et si sur certains points – le logement l’économie, la sécurité –, il dit s’y retrouver, il ne votera pas la confiance ce jeudi 23 novembre.

Prochaine étape: le budget 2024

L’opposition se rejoint sur un point: l’absence de financement des baisses d’impôts et des investissements annoncés.

Un vide qui devra être comblé avec la rédaction de la première loi de finance du nouveau gouvernement. Actuellement, le pays vit sur une loi de finances temporaire. Le budget 2024 sera le premier acte politique fort du gouvernement et il sera scruté – Par les partis politiques, mais aussi par Bruxelles –, notamment parce qu’il donnera le tempo du programme et bornera aussi ses ambitions.

La Commission a évalué la cohérence des projets de plans budgétaires pour 2024 avec les recommandations budgétaires du Conseil de juillet 2023. Et elle estime «que le projet de plan budgétaire du Luxembourg n’est pas entièrement conforme aux recommandations du Conseil». Il convient toutefois de noter rajoute la Commission «qu’en raison des changements de gouvernement, le Luxembourg a présenté un projet de plan budgétaire sans changement de politique». Et elle attend avec impatience la mise à jour.