Le Luca a déménagé dans de nouveaux locaux, situés à Clausen. (Photo: Steve Ginepri)

Le Luca a déménagé dans de nouveaux locaux, situés à Clausen. (Photo: Steve Ginepri)

Les cartons ne sont pas encore tout à fait déballés. Au rez-de-chaussée, des ouvriers s’affairent encore à terminer les finitions. Mais le Luca a bien pris possession de ses nouveaux locaux à Clausen, une ancienne usine de mise en bouteille de bière, située à côté des brasseries du quartier.

C’est à Clausen, dans un bâtiment appartenant à M Immobilier et qui était resté inoccupé pendant de nombreuses années, que le Luxembourg Center for Architecture (Luca) a emménagé en ce début d’année. Après de longues recherches, le conseil d’administration a finalement trouvé la perle rare, le juste équilibre entre les besoins en surface et un budget serré: un ancien bâtiment industriel, où se faisait la mise en bouteille de la bière brassée quelques mètres à côté. Un déménagement rendu possible aussi grâce à la compréhension et au soutien du propriétaire des lieux qui a su entendre les arguments affutés et convaincants de certains membres du conseil.

L’idée générale est d’intervenir le moins possible dans le bâtiment et de ne l’occuper que dans un esprit temporaire. Une occupation transitoire, faisant le lien entre un état de vacance et un programme futur qui reste encore à déterminer.

Une étude avant les travaux

Mais avant de pouvoir rentrer dans les lieux, une phase de travaux était nécessaire. Le Luca a en effet pour vocation d’accueillir du public au sein de ses murs (pour des conférences, des expositions, des ateliers), et une mise en conformité des lieux à cette fin était nécessaire.

Dans un premier temps, c’est le bureau de Tatiana Fabeck (Fabeck Architectes) qui est intervenu pour travailler sur l’enveloppe, la circulation dans les espaces communs et la technique du bâtiment afin de permettre l’accueil du public et des expositions selon les normes en vigueur. Un nouvel escalier et un ascenseur ont été implantés, les plateaux dégagés. Le propriétaire a choisi de confier au Luca le premier étage, et de conserver le rez-de-chaussée en espace polyvalent avec une cuisine professionnelle pour y organiser des évènements (dont la gestion est transmise à l’agence Shine a Light).

En parallèle, l’équipe de Philippe Nathan (2001) a réalisé une étude de faisabilité pour implanter l’activité du Luca dans ces locaux industriels. «Nous devions trouver une nouvelle scénographie du quotidien qui puisse fonctionner aujourd’hui et évoluer pour les besoins de demain. La première étape a été de réaliser une clarification spatiale. Nous nous sommes appuyés sur deux piliers: la collection de maquettes qui devait être exposée en permanence et la bibliothèque qui est ouverte au public. Puis nous avons cherché à rendre les espaces environnants exploitables, à rendre l’espace flexible et adaptable sans démolir ou dénaturer le lieu», explique Philippe Nathan.

Pour cela, ils ont choisi de créer différentes séquences d’espaces qui peuvent ainsi accueillir différentes fonctions en parallèle. «L’argent a principalement été investi dans l’équipement technique du bâtiment pour répondre aux besoins propres à un équipement culturel. Le reste de notre intervention a consisté à révéler l’identité volumétrique du bâtiment, souligner l’architecture des lieux qui restent très bruts.»

Respect des lieux, économie de moyens

Le projet est aussi pensé dans un esprit d’économie de moyens et de circularité. Les étagères sur lesquelles sont exposées les maquettes par exemple sont un ancien échafaudage récupéré. Toutes les cimaises sont mobiles pour un maximum de flexibilité. Des rideaux servent de séparation dans le grand espace d’exposition.

Afin de faire entrer de gros volumes dans le bâtiment vers la salle d’exposition, une ouverture surdimensionnée a été percée. L’endroit le plus approprié pour le faire était au niveau de l’espace administratif. Mais cela implique que l’équipe dégage ses bureaux pour faire rentrer les caisses. «Nous avons donc imaginé un mobilier totalement amovible, sur roulettes, pour pouvoir aisément le déplacer au moment du montage. L’espace est aussi entièrement ouvert, sans cloison», précise Philippe Nathan. Un peu partout, on lit encore l’histoire du bâtiment qui garde les traces de son activité antérieure. Mais aujourd’hui, il est fin prêt à recevoir une nouvelle programmation et à accueillir les activités du Luca.

Luca, 1 rue de la Tour Jacob à Luxembourg-Clausen