Figure de la vie politique luxembourgeoise vis-à-vis de laquelle il avait un temps pris ses distances, a fait un retour en force en 2023. D’abord désigné tête de liste du CSV en février, il termine l’année en beauté et a réussi à atteindre son objectif: acter le retour du CSV aux commandes du pays. Le CSV et le DP ont signé leur accord de coalition ce jeudi 16 novembre, et cet après-midi est prévue l’assermentation du nouveau gouvernement emmené par le Premier ministre Luc Frieden. Retour sur son parcours.
1) 1963, naissance à Esch-sur-Alzette
Luc Frieden est né le 16 septembre 1963 à Esch-sur-Alzette. Il a suivi son enseignement secondaire au Lycée de garçons d’Esch-sur-Alzette avant de déménager avec sa famille à Luxembourg-ville, où il poursuit sa scolarité à l’Athénée de Luxembourg, d’où il sort diplômé en 1982. Côté vie privée, «Luc Frieden est marié à une juriste qu’il a rencontrée à l’université et est père de deux enfants adultes. Il aime passer son temps libre avec de bons amis et sa famille ainsi qu’à faire de la randonnée, du vélo et du ski», indique le CSV.
2) 1989, avocat au Barreau de Luxembourg
«Passionné dès cette époque par le droit, la politique et les relations internationales», relate une biographie réalisée par le CSV, il entreprend ensuite des études de droit à Luxembourg, puis à Paris-Sorbonne. Il obtient sa maîtrise en 1986 et poursuit avec un master of comparative law and legal philosophy à Cambridge (1987), puis avec un master of laws de l’université de Harvard en 1988. En parallèle, il suit des cours à la John F. Kennedy School of Government.
À partir de 1989, Luc Frieden exerce comme avocat au Barreau de Luxembourg. Il est alors associé au sein du cabinet Bonn & Schmitt. Il enseigne également le droit au sein de ce qui deviendra l’Uni.
3) 1994, entrée à la Chambre des députés
Il entre officiellement en politique en 1992 lorsqu’il rejoint le CSV. Deux ans plus tard, c’est sa première élection. Il fait son entrée à la Chambre des députés en 1994, élu sur la liste CSV pour la circonscription Sud. Il est alors le plus jeune député de la législature. À la Chambre, il porte à bout de bras le processus menant à la création d’une cour constitutionnelle et de tribunaux administratifs indépendants au Luxembourg.
4) 1998, premier mandat de ministre
Le 4 février 1998, il est nommé ministre de la Justice, du Budget et des Relations avec le Parlement au sein du gouvernement Juncker-Poos II, en remplacement de Marc Fischbach, qui avait démissionné quelques jours avant ayant été élu juge à la Cour européenne des droits de l’Homme. Luc Frieden est aussi en charge de l’élaboration des modalités de l’introduction de l’euro.
L’année suivante, après les législatives de juillet 1999, il est reconduit comme ministre de la Justice et ministre du Trésor et du Budget, au sein du gouvernement Juncker-Polfer. Lors de cette élection, le CSV avait perdu deux sièges.
En 2004, il est de nouveau reconduit pour un troisième mandat, dans le gouvernement Juncker-Asselborn, toujours comme ministre de la Justice et ministre du Trésor et du Budget. On lui ajoute également le portefeuille de ministre de la Défense. En tant que ministre de la Justice, il a introduit des réformes majeures pour renforcer la cohésion sociale, telles que le partenariat domestique (PACS) et la double nationalité. «En tant que ministre du Trésor et des Finances, il a également été responsable pendant plus d’une décennie du développement réussi du secteur financier luxembourgeois. Grâce à son rôle décisif dans la crise bancaire de 2008, il a réussi à protéger les économies de milliers de personnes et d’entreprises et a ainsi préservé le Luxembourg d’une catastrophe sociale et économique majeure», indique le CSV dans sa biographie de Luc Frieden.
Lors de la présidence luxembourgeoise du Conseil de l’Union européenne en 2005, il a présidé le Conseil européen des ministres de la Justice et des Affaires intérieures (JAI).
En février 2006, un remaniement a lieu. (CSV) prend le portefeuille de ministre de la Défense, Luc Frieden reste en charge de la Justice, du Trésor et du Budget.
En 2008, Luc Frieden est nommé président de la Fondation de Luxembourg, un poste qu’il occupera jusqu’en 2014.
5) 2009, passage aux Finances
En 2009, Luc Frieden passe du ministère de la Justice à celui des Finances au sein du gouvernement Juncker-Asselborn II. Un poste qu’il occupera jusqu’en 2013.
Il est alors aux avant-postes des sauvetages de la Bil (Dexia) et de la Banque générale (Fortis), ainsi que de la vente des parts de Cargolux à Qatar Airways.
Le 1er février 2012, le Premier ministre procède à un remaniement, sans conséquence pour Luc Frieden qui garde ses responsabilités aux Finances.
Lors du remaniement du 30 avril 2013, on lui ajoute, en plus des Finances, le portefeuille de la Communication et des Médias.
En octobre 2013, lors des élections législatives, il arrive deuxième dans le Centre, derrière Xavier Bettel (DP). Mais fini le gouvernement… À l’issue du scrutin, bien qu’il arrive en tête avec 33,68%, le CSV se voit basculer dans le rang de l’opposition, après 35 au gouvernement. Il faut dire que la confiance avec le LSAP est rompue – l’accord de coalition avait d’ailleurs été rompu en juillet. Le LSAP (20,28%), le DP (18,25%) et déi Gréng (10,13%) forment une coalition et le nouveau gouvernement est officiellement formé le 4 décembre.
Le portefeuille de Luc Frieden aux Finances est repris par le libéral (DP), et celui de la Communication et des Médias par le Premier ministre (DP).
6) 2014, carrière dans le privé
S’il n’est plus au gouvernement, Luc Frieden siège toujours comme député, mais dans l’opposition. Il démissionne finalement du Parlement le 15 septembre 2014. Il sera remplacé par (CSV).
Il rejoint le secteur privé et devient vice-président de la Deutsche Bank au Royaume-Uni et, en 2015, il intègre aussi le Conseil de surveillance de la Deutsche Bank au Luxembourg. Il quitte la banque allemande en 2016 et revient au Luxembourg.
7) 2016, retour au Luxembourg
Il exerce ensuite comme (septembre 2016) et entre au CA de la BIL (avril 2016) comme . Il est aussi Luxembourg, qui édite notamment le Wort de 2016 à 2019 et devient Mediahuis en 2021.
En 2019, il prend la présidence de la Chambre de commerce du Luxembourg. Paperjam lui accorde alors une interview dans son numéro du mois suivant. À cette occasion, il déclarait: «Je ne vais plus participer à des élections politiques. J’ai participé à cinq élections législatives, je crois que cela suffit»…
En mars 2021, il annonce , expliquant qu’il «préfère se concentrer sur sa mission à la Chambre de commerce».
Comment expliquer ce retour deux ans après? Dans sa notice biographique, le CSV explique: «Sa passion et sa préoccupation pour la prospérité du Luxembourg et de l’Europe n’ont jamais changé. C’est pourquoi, lorsque son parti lui a demandé de revenir en politique, Luc a accepté la nomination pour les élections législatives de devenir tête de liste du CSV (membre du Parti populaire européen – PPE –, la plus grande famille politique pro-européenne de centre-droit), pour servir son pays et se préparer à cette tâche importante.»
8) Février 2023, Spëtzenkandidat
Il est donc bien nommé tête de liste du CSV en février 2023. À cette occasion, il souligne en février 2023: «L’intérêt général, la chose publique, l’avenir du pays et de l’Europe m’ont toujours passionné. Je suis un être intéressé par la politique, mais au sens large du terme: la gestion de la société et la préparation de son avenir m’intéressent et me passionnent.»
Suivent une série de démissions des fonctions qu’il occupait, comme à la Chambre de commerce, au cabinet Elvinger Hoss Prussen ainsi qu’. Autant d’expériences qui, selon ses mots, «m’ont fait changer moi-même: je regarde certaines choses depuis l’intérieur des entreprises pour bien comprendre ce dont elles ont besoin», disait-il encore à Paperjam.
9) Octobre 2023, formateur du gouvernement
À l’issue des élections législatives, le CSV décroche 21 mandats à la Chambre. Le parti arrive en tête dans chacune des quatre circonscriptions du pays: Centre (29,94%), Est (30,61%), Nord (33,08%) et Sud (27,8%). Objectif atteint pour Luc Frieden, qui ambitionnait de faire du CSV le premier parti du pays. Quant à lui, il obtient 30.999 voix dans le Centre.
Au lendemain de l’élection, il est désigné formateur par le Grand-Duc. Sans surprise face aux résultats du scrutin de la veille. Il . Des négociations , jusqu’à parvenir à le 13 novembre.
10) 17 novembre 2023, Premier ministre
Les ministres du nouveau gouvernement emmené par Luc Frieden en soirée. jeudi 16 novembre au matin. Première mesure annoncée à cette occasion: le barème fiscal sera apuré de quatre tranches indiciaires. La charge fiscale diminuera en janvier. «Il s’agit d’une baisse supplémentaire des impôts.»
Son assermentation officielle par le Grand-Duc en tant que Premier ministre se tient ce vendredi après-midi.