«La majorité de la population est composée de jeunes actifs étrangers, mais quand on regarde la représentation politique à la Ville, il est clair qu’ils sont sous-représentés, voire pas du tout représentés», constate Gabriel Boisante. Or, «pour participer aux élections, il faut se sentir représenté». (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

«La majorité de la population est composée de jeunes actifs étrangers, mais quand on regarde la représentation politique à la Ville, il est clair qu’ils sont sous-représentés, voire pas du tout représentés», constate Gabriel Boisante. Or, «pour participer aux élections, il faut se sentir représenté». (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Avec 71% d’étrangers, mais seulement 7% d’inscrits parmi eux, la section LSAP de la Ville pointe du doigt un grave déficit démocratique dans la capitale. Et déplore l’inaction de la majorité. Le LSAP veut changer la donne avec une campagne adossée sur une liste multiculturelle.

«Il faut faire quelque chose pour les étrangers, nous ne sommes pas juste là pour travailler», déclarait jeudi matin Antonia Afonso, candidate guinéenne pour les élections communales de la section LSAP de la Ville de Luxembourg, lors d’une conférence de presse des Stater Sozialisten sur le déficit démocratique dans la capitale.

Le constat est simple: sur une population de 132.778 habitants, 71% sont étrangers (plus de 94.000), pour moins de 30% de Luxembourgeois. Mais, alors que les étrangers résidant dans la capitale peuvent désormais , seuls 7% se sont inscrits (soit moins de 7.000 personnes).

La cause? Une absence de volonté de la coalition DP-CSV au pouvoir. «Il faut une invitation à voter et des informations, ce qui n’est pas fait par la Ville de Luxembourg», déplore la co-tête de liste LSAP, . D’autant plus qu’«il ne faut pas commencer l’exercice six mois avant les élections, mais le faire pendant des années, sinon cela n’a aucun effet», ajoute sa partenaire Maxime Miltgen.

Déclaration d’intention

Le problème est d’autant plus difficile à résoudre qu’il s’agit d’un cercle vicieux difficile à rompre. «La majorité de la population est composée de jeunes actifs étrangers, mais quand on regarde la représentation politique à la Ville, il est clair qu’ils sont sous-représentés, voire pas du tout représentés», constate Gabriel Boisante. Or, «pour participer aux élections, il faut se sentir représenté», ajoute-t-il.

Si les discours concernant l’inclusion des étrangers se font nombreux, il s’agirait «plus d’une déclaration d’intention que d’une volonté de résultats» de la part d’une majorité qui chercherait le statu quo, inquiète de l’élargissement d’un électorat qui risquerait de compromettre sa reconduction au pouvoir, selon Gabriel Boisante.

Le LSAP, dont le slogan de campagne est #engbesserStad, «une ville meilleure», a bien l’intention de modifier cet état de fait, avec . Il a présenté une liste dans cette perspective: moyenne d’âge de 43 ans, 11 femmes et 16 hommes, et surtout candidats français, portugais, italien, allemand, espagnol, slovaque, guinéen et dominicain.

«Beaucoup se sentent seuls»

Des personnalités qui ont donc expérimenté elles-mêmes ce sentiment de ne pas être représentées. «La Ville est riche en nationalités, mais beaucoup de gens se sentent seuls», constate Stephany Ortega, Dominicaine naturalisée Luxembourgeoise. «Comment créer des liens sans centres culturels dans tous les quartiers?», s’interroge l’enseignante en musique, pour qui la culture et le sport sont essentiels.

«Ceux qui contribuent à la richesse de ce pays ne sont pas représentés», déplore quant à lui l’Italo-Luxembourgeois Andrea Gentilini, employé à la CSSF après avoir œuvré 15 ans dans le secteur financier. «Il ne faut pas négliger ces personnes qui travaillent», souligne-t-il. Gabriel Boisante appelle la Ville non pas «à faire plus, mais le maximum» sur le sujet. «C’est une occasion ratée si on se satisfait de 7%!», déclare-t-il.