Les 10 oratrices sur le podium: mais pourquoi sont-elles derrière les hommes? (Photo: Eva Krins/Maison Moderne)

Les 10 oratrices sur le podium: mais pourquoi sont-elles derrière les hommes? (Photo: Eva Krins/Maison Moderne)

Dix femmes dirigeantes ont évoqué leur(s) role model(s) durant six minutes chacune, mardi 22 février, lors du 10x6 organisé par le Paperjam Club. Un florilège de sororité à la fois drôle, tendre et unanimement déterminé. Voici ce qu’il fallait en retenir.

Gabriela Nguyen-Groza (Amrop Luxembourg) (Photo: Eva Krins/Maison Moderne)

Gabriela Nguyen-Groza (Amrop Luxembourg) (Photo: Eva Krins/Maison Moderne)

Gabriela Nguyen-Groza, fondatrice & managing partner, Amrop Luxembourg

Role modelS: «Toutes les femmes de mon entourage dans mon pays, qui n’avaient pas de limites mentales.»

Gabriela a grandi en Roumanie, où le système de garde d’enfants est très développé, pour que les femmes puissent travailler autant que les hommes. On y considère d’ailleurs qu’elles sont capables d’accomplir exactement les mêmes tâches que ces derniers. Sur scène, Gabriela a suggéré aux femmes de faire taire une bonne fois pour toutes le «shitty committee» (traduction inutile), cette voix dans leur tête qui leur fait croire qu’elles ne sont «pas assez» à chaque fois qu’elles doutent d’elles-mêmes.

Alexandra Hoesdorff (Deal Productions) (Photo: Eva Krins/Maison Moderne)

Alexandra Hoesdorff (Deal Productions) (Photo: Eva Krins/Maison Moderne)

Alexandra Hoesdorff, cofondatrice & CEO, Deal Productions

Role modelS: «L’éditrice Katharine Graham, lorsque je voulais être journaliste. Et la productrice de cinéma Kathleen Kennedy, l’une des seules femmes de pouvoir à Hollywood.»

C’est d’abord un film qui a beaucoup inspiré Alexandra à l’époque où elle était journaliste: «All the President’s Men», avec Robert Redford et Dustin Hoffman. Par la suite, elle a suivi l’exemple de quelques reporters qui ont croisé sa route, dans un milieu qui restait encore très masculin. En opérant un virage vers la production cinématographique, elle s’est ensuite inspirée de femmes rencontrées à Hollywood, dans les coulisses de l’antre suprême du cinéma mondial. Son conseil? «Laissez les femmes inspirer les autres femmes.»

Stacy Cummings (Nato Support and Procurement Agency) (Photo: Eva Krins/Maison Moderne)

Stacy Cummings (Nato Support and Procurement Agency) (Photo: Eva Krins/Maison Moderne)

Stacy Cummings, directrice générale, Nato Support and Procurement Agency

Role model: «La femme la plus gradée au Pentagone à la Défense des États-Unis m’a non seulement encouragée dans mon choix de venir au Luxembourg, mais m’a aussi félicitée de vouloir tracer ma propre route.»

Elle a quitté «un poste avec les plus hautes responsabilités que je n’aurais jamais imaginé obtenir» à l’administration Biden pour suivre un choix de cœur et venir au Luxembourg. Stacy conseille à toutes les femmes de demander l’aide dont elles ont besoin et de se construire le réseau qui leur va, plutôt que de laisser le destin ou leurs patrons faire des choix pour elles. Sa devise: «Personne ne dirige mieux ta carrière que toi-même.»

Marie-Adélaïde Leclercq-Olhagaray (Wide) (Photo: Eva Krins/Maison Moderne)

Marie-Adélaïde Leclercq-Olhagaray (Wide) (Photo: Eva Krins/Maison Moderne)

Marie-Adélaïde Leclercq-Olhagaray, head of marketing & communications, Arendt & Medernach

Role modelS: «Pas un, mais des centaines. Les meilleurs role models sont ceux qui provoquent en nous des transformations sans le vouloir, et parfois même sans le savoir.»

Son intervention a été particulièrement remarquée, car elle a retourné la question à l’assistance, tout en l’invitant à poursuivre la conversation durant le cocktail qui a suivi. Une manière sympathique de joindre l’acte à la parole. À l’instar de Stacy Cummings, elle encourage les femmes à prendre les rênes de leur carrière: «Il appartient à chacune de se constituer son ‘patchwork professionnel’ pour tracer son propre chemin.»

Ilana Devillers (F4A) (Photo: Eva Krins/Maison Moderne)

Ilana Devillers (F4A) (Photo: Eva Krins/Maison Moderne)

Ilana Devillers, fondatrice & CEO, Food 4 All (F4A)

Role modelS: «Mon prof d’économie au Lycée Vauban, Steve Jobs, Bernard Arnault, et mon grand-père.»

Ce qui compte pour elle, c’est la volonté, la motivation et la confiance en soi. C’est aussi ce qu’on ne voit pas derrière la réussite, comme ce grand-père qui a tout perdu et recommencé à zéro et lui a répété que «quand on veut, on peut». Comme sa mère entrepreneure, qui a connu des hauts et des bas et lui a inspiré une réflexion qu’elle a partagée avec le public: «La seule chose qui n’est pas éphémère, c’est votre volonté d’y arriver.»

Fleur Thomas (ambassadrice britannique) (Photo: Eva Krins/Maison Moderne)

Fleur Thomas (ambassadrice britannique) (Photo: Eva Krins/Maison Moderne)

Fleur Thomas, ambassadrice de Sa Majesté, Ambassade du Royaume-Uni

Role modelS: «Ma grand-mère, ma mère. Sa Majesté la Reine, Lady Diana, et la Première ministre Margaret Thatcher.»

Longtemps, elle fut la seule femme représentée dans des assemblées essentiellement masculines, notamment au ministère britannique de la Défense. Pour elle, on peut toujours changer de voie en cours de carrière, ce qu’elle a fait plusieurs fois, puisqu’elle a débuté comme hôtesse de l’air. «Rien n’est jamais hors de portée», martèle-t-elle en faisant défiler les photos de sa carrière, où elle est souvent la seule femme. «Si vous n’avez pas de modèle à suivre, alors soyez votre propre modèle», conseille celle qui croit aussi dans les vertus du mentorat, notamment auprès des femmes à l’aube de leur vie professionnelle.

Marie-Christine Mariani (MCM Steel) (Photo: Eva Krins/Maison Moderne)

Marie-Christine Mariani (MCM Steel) (Photo: Eva Krins/Maison Moderne)

Marie-Christine Mariani, fondatrice et gérante, MCM Steel

Role modelS: «Ceux qui ont fait l’histoire, Wonder Woman, et les coureurs cyclistes.»

Petite, elle voulait sauver le monde et voyait la force et la beauté de son héroïne comme des atouts féminins inégalables. Ensuite, en travaillant aux côtés des sportifs de haut niveau pendant quelques années, elle les voit comme «des exemples d’endurance et de résilience», deux qualités qui comptent pour une femme dans le milieu professionnel. Elle cite Eleanor Roosevelt, qui pensait qu’un «bon leader inspire les gens à avoir confiance en lui, mais un grand leader les inspire à avoir confiance en eux», avant de conclure avec humilité: «Je ne me sens pas un modèle.»

Cécile Lorenzini (Vanksen) (Photo: Eva Krins/Maison Moderne)

Cécile Lorenzini (Vanksen) (Photo: Eva Krins/Maison Moderne)

Cécile Lorenzini, codirigeante et administratrice, Vanksen

Role modelS: «Je ne veux pas choisir, mais je pourrais citer ma mère, des femmes dans les médias ou dans l’humanitaire, comme Tina Kieffer.»

Cécile ne veut pas se calquer sur un modèle, car elle a conscience de vivre dans un monde où il importe surtout de rester agile, et de savoir rebondir et improviser en permanence. «Nous devons créer un système de vision qui nous soit propre et nous préparer à avoir des plans A, B, C, D…» Pour cela, elle recommande de savoir s’ancrer et de bien se connaître. La passion, l’engagement, l’épanouissement et la transmission sont pour elle des atouts précieux dans sa quête d’adaptabilité.

Professeur Djamila Aouada (SnT, Université du Luxembourg) (Photo: Eva Krins/Maison Moderne)

Professeur Djamila Aouada (SnT, Université du Luxembourg) (Photo: Eva Krins/Maison Moderne)

Djamila Aouada, directrice de recherche scientifique, SnT

Role model: «Ma mère, qui a quitté son pays, sa carrière et sa famille par amour.»

Un témoignage des plus émouvants que celui de Djamila lors de cette soirée, où elle commence par nous parler de la vie d’une femme brillante, audacieuse et ancrée dans ses valeurs. On apprendra seulement à la cinquième minute qu’il s’agit de sa mère. Elle cite cette femme qu’elle admire «non pas pour sa carrière, mais pour sa détermination farouche à transmettre ses valeurs à ses enfants». Celles que Djamila transmet aux siens à son tour. L’importance des valeurs familiales n’a pas d’égal dans la force d’une réussite, que ce soit pour un homme ou pour une femme. Selon elle, les valeurs d’empathie, de persévérance et de détermination font d’une fille une femme épanouie dans son travail et dans sa vie privée.

Rosa Villalobos (Macquarie Asset Management Europe) (Photo: Eva Krins/Maison Moderne)

Rosa Villalobos (Macquarie Asset Management Europe) (Photo: Eva Krins/Maison Moderne)

Rosa Villalobos, managing director, Macquarie Asset Management Europe

Role modelS: «Beaucoup. Ma mère et Angela Merkel.»

Rosa a toujours admiré les leaders qui ont essayé d’être les meilleurs dans ce qu’ils font, qui ont fait ce qu’ils aiment ou ce qui les passionne. IIs ont tous en commun leurs principes, parmi lesquels la persévérance, la discipline et le travail acharné. Rosa raconte qu’elle n’avait pas spécialement de bonnes notes à l’école, mais pourtant, elle a toujours été encouragée à faire ce qu’elle voulait, sans jugement. Elle pense que chacun doit suivre son cœur et son intuition, et invite toutes les femmes à «définir ce que signifie réellement le succès pour elles». Les réponses risqueraient bien d’être aussi nombreuses que les sondées…