Arrivé en janvier dernier chez Talkwalker comme Chief Product Officer, Lokdeep Singh est propulsé CEO pour rendre la pépite luxembourgeoise profitable, en douceur. (Photo: Lokdeep Singh)

Arrivé en janvier dernier chez Talkwalker comme Chief Product Officer, Lokdeep Singh est propulsé CEO pour rendre la pépite luxembourgeoise profitable, en douceur. (Photo: Lokdeep Singh)

Info Paperjam – À peine un an après que Robert Glaesener a cédé son fauteuil de CEO de Talkwalker à l’Américain Tod Nielsen, ce dernier est remplacé par Lokdeep Singh à la tête de la pépite luxembourgeoise.

De l’Inde où il est né, il a appris l’intérêt de la diversité. Des États-Unis où il a vécu dix ans, où ses enfants sont nés et où il conserve maison et «green card», il a retenu que l’«american dream» n’était pas une légende. Au Japon où il est passé, il a compris la valeur du consensus et la manière dont il pouvait accélérer les affaires. Au Luxembourg, où il vit depuis 12 ans et dont il a acquis la nationalité, Lokdeep Singh dit qu’il réunit tous les bons ingrédients, y compris le charme des rencontres de plus de 150 nationalités.

«Je suis très honoré et très humble d’avoir été choisi pour diriger cette société dont je suis le premier fan», explique le nouveau CEO dans sa première interview. «J’ai découvert Talkwalker via des amis qui, comme moi, jouaient au hockey sur gazon. Je suis pleinement engagé à permettre à la société de continuer à enregistrer une croissance à deux chiffres et à se développer de manière globale.»

Croissance et profitabilité, maîtres-mots en 2022

de , ex-Microsoft, pour permettre à de clôturer un chapitre qui aura duré dix ans, la désignation de Lokdeep Singh est quand même une petite surprise. Voire pourrait même être comprise comme un retour en arrière pour une des plus emblématiques start-up du Luxembourg, partie chasser aux États-Unis et sur tous les terrains du monde.

Il fallait quelqu’un qui soit proche du produit, qui ait un background technique. C’est de là que je viens.»
Lokdeep Singh

Lokdeep Singhnouveau CEOTalkwalker

«Je ne crois pas», balaie le nouveau CEO, arguments en bandoulière. «D’abord, Tod a été recruté pour définir une stratégie et mettre l’équipe correctement en place pour cette stratégie. C’est ce qu’il a fait au cours de ses six premiers mois et je pense qu’il devrait rester au conseil d’administration. Il sera donc toujours près de moi pour continuer à me guider.»

«Ensuite, après des années de développement, il fallait quelqu’un qui soit proche du produit, qui ait un background technique. C’est de là que je viens», répond celui qui est passé par Alcatel, Qualcomm, Lucent ou Worldcell, et plus récemment au Luxembourg par Syniverse et Synchronoss. «Nous avons aussi senti que nous devions avoir un leader local et une perspective globale.»

Des structures de coûts à revoir

Sa nomination intervient , qui gèlent les embauches ou taillent dans leurs effectifs pour se préparer à une crise économique mondiale à partir de cet automne.

«En six mois, nous avons vu que les sociétés de la tech ont perdu 3.000 milliards de dollars de valorisation», explique M. Singh, qui a rejoint Talkwalker en janvier. «Nous devons être prêts pour ce ralentissement économique accompagné par de l’inflation, tout en maintenant le cap de la croissance et de la profitabilité. Je veux aller là où est le talent. Et pour moi, il faut trois facteurs: la capacité à changer de taille ou de volume, la croissance et la profitabilité. Et sur ces trois aspects, le Luxembourg travaille très bien. Il ne s’agit pas d’aller dans des centres ‘low costs’, parce qu’à la fin, ça ne marche pas.»


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Sa première mission sera de revoir les structures de coûts pour continuer à croître en s’appuyant surtout sur les États-Unis et l’Europe. Autrement dit, parmi les bureaux qui ont été ouverts sous différentes latitudes ces dernières années, certains fermeront, au moins provisoirement. Comme le bureau australien, les affaires du continent continuant à être gérées depuis Singapour.

Est-ce que cela se traduira par des suppressions de postes chez cette société parmi les leaders du marché de la veille de marques et d’appui aux stratégies marketing? «Légèrement», répond le nouveau CEO. Aujourd’hui, Talkwalker emploie 550 personnes. «Nous allons continuer à recruter après avoir revu notre structure opérationnelle. C’est important de le dire.»

Dans le strict respect des régulations sur les données

Fin 2022, Talkwalker entend être profitable. Difficultés économiques ou pas. En offrant à ses clients les meilleurs éléments d’analyse de leur marché pour leur permettre de prendre les bonnes décisions ou de défendre leurs marques, à partir de l’intelligence artificielle unique développée depuis le Luxembourg.

«Le tout strictement en conformité avec les régulations sur la protection des données», glisse encore le nouveau CEO. «Beaucoup de nos compétiteurs ne pourront pas en dire autant!» Aujourd’hui, la donnée est partout, souvent mal protégée mais la difficulté est de pouvoir l’agréger, la qualifier et respecter les règles du jeu. «Avec l’arrivée des ‘dual consent’, d’autres sources d’informations vont s’ajouter à celles que nous utilisions depuis le début et ajouter de la valeur», conclut-il, gourmand.