Livraison de masques, de respirateurs, de nourriture en grande surface, puis de vaccins, vente en ligne… Le transport et la logistique ont eu un rôle essentiel depuis le début de la crise sanitaire. Comment le secteur a-t-il vécu l’année 2020? Il a «beaucoup porté l’économie sur les 12 derniers mois», confirme , directeur du Cluster for Logistics, qui présentait son bilan lors d’un point presse mercredi 19 mai. «L’industrie a redémarré assez vite. En général, les entreprises se sont bien sorties de la crise, même si des sous-secteurs on plus souffert. Par exemple, le transport de produits frais pour les restaurants.»
Dans son rapport, le cluster parle d’une «forte volatilité» tout au long de l’année 2020, «ce qui suggère une planification prudente à court et à moyen terme». Malgré laquelle certaines entreprises ont «poursuivi leurs investissements dans des extensions d’entrepôts logistiques dans les villages de fret de Contern, Bettembourg et Dudelange pour les clients locaux et internationaux avec de grands transitaires, remplissant la plupart des terrains disponibles avec des projets d’entrepôts d’ici 2022».
Manque de conteneurs
La volatilité (manque de visibilité sur les prochains mois) reste très élevée pour 6% des entreprises, élevée pour 34%, et moyenne pour 50%, selon une étude européenne du Transport Expert Panel (TEP) menée en avril 2021. Le cluster ne dispose pas de données luxembourgeoises, mais il assure que le pays suit la même tendance. Concernant le marché, 17% se retrouvent en surcapacité, contre 42% en sous-capacité, et 16% en pénurie de capacité. Ce qui s’explique par les nombreuses crises qui touchent le secteur au niveau mondial depuis plusieurs mois.
À commencer par le manque de conteneurs. «La est sortie beaucoup plus rapidement» de la crise économique liée au Covid-19. «Le pays a repris la production à fond et a eu besoin de conteneurs pour acheminer ses produits. Quand l’Europe en a eu besoin, ils étaient tous en Chine», explique Malik Zeniti. Même en Chine, il n’y aurait pas suffisamment de conteneurs pour l’export de produits. À cause des règles sanitaires, beaucoup de ces caissons de transport seraient restés bloqués dans plusieurs pays.
Au Luxembourg, «beaucoup de nos membres industriels sont tous les jours en train de chercher des solutions alternatives pour l’acheminement de leurs produits», témoigne le directeur du cluster. Le manque a aussi un effet inverse pour certaines entreprises du fret maritime, qui en profitent, dit-il. D’autres pénuries sont venues ralentir l’activité dans certains secteurs, comme celles de pour l’automobile ou de dans la construction.
Le transport est confronté à une autre problématique, celle de la . «Un grand problème, qui affecte beaucoup les entreprises qui ont trouvé comme seule solution d’envoyer les Français en Allemagne et les Allemands et France», rappelle-t-il. Le secteur attend beaucoup des entre pays, qui «auraient été engagées».
La piste des écocombis
Autre défi: se verdir. «Le a fixé pour objectif une baisse des émissions de CO2 pour le transport de 48% d’ici 2030. C’est très ambitieux, et nous n’avons pas vraiment de solution», s’inquiète Malik Zeniti. Douze entreprises membres du cluster ont rejoint le programme «lean and green», plus trois en 2021, sur un peu plus de 100 membres. Il vise à une réduction de 20% des émissions de gaz à effet de serre en cinq ans. «En formant les chauffeurs à l’écoconduite, on peut épargner 7 à 10% de consommation», illustre-t-il. «Mais plus de 30%, c’est très ambitieux.»
Le Cluster for Logistics voit une piste dans les «écocombis». Ce sont des camions qui dépassent la limite habituelle d’une dizaine de mètres de longueur pour atteindre jusqu’à 25 mètres. Ils sont utilisés ou testés dans certains pays, comme aux Pays-Bas ou en Belgique… mais pas au Grand-Duché. Les représentants du secteur aimeraient qu’ils soient autorisés, afin d’économiser en argent et en énergie, et de faire face à la pénurie de chauffeurs.
Le nombre de membres du Cluster for Logistics n’a pas évolué en 2020. Ils paient une cotisation allant de 120 à 3.600 euros selon leur statut pour profiter du réseau et de l’influence de l’organisation. Le conseil d’administration, présidé par , compte 17 membres.