La difficulté va être de trouver des indicateurs et «un vocabulaire» communs à tous les acteurs de la recherche concernés par l’étude du marché du logement dans la Grande Région. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

La difficulté va être de trouver des indicateurs et «un vocabulaire» communs à tous les acteurs de la recherche concernés par l’étude du marché du logement dans la Grande Région. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Le Liser porte le projet de création d’un outil défendant une approche de la problématique luxembourgeoise du logement à l’échelle d’une grande métropole transfrontalière incluant les voisins lorrains, wallons et allemands.

Le marché du logement au Luxembourg et dans les régions limitrophes n’évolue pas dans le bon sens. Pourtant, un point de vue est absent pour analyser ces dynamiques. «On ne peut pas réfléchir en s’arrêtant à la frontière, il nous manque une perspective plus globale et comparative», indique Magdalena Gorczynska-Angiulli, research scientist au Liser.

Ce dernier est porteur du dossier de création d’un Observatoire transfrontalier, et Magdalena Gorczynska-Angiulli en est la référente. Les documents ont été déposés en décembre dernier dans le cadre des projets de financement européen Interreg. Si les lignes de crédit sont accordées (réponse dans le courant de l’année), le nouvel organisme démarrera ses travaux début 2026, afin de «mieux comprendre les défis et structurer les connaissances», résume la chercheuse.

Rôle moteur

Du fait de son développement et de son impact sur la Moselle – Meurthe-et-Moselle, la Wallonie, la Rhénanie-Palatinat et la Sarre, le Luxembourg apparaît très logiquement en première ligne dans cette initiative. Au début des années 2020, une étude de faisabilité élaborée par le Liser avait montré que la démarche ne pouvait aboutir qu’à condition de réunir soutiens politique et financier. Tout n’est pas encore concret, mais du chemin semble avoir été fait.

Actuellement, chaque pays analyse la situation de son côté. Il n’existe pas de coordination pour étudier la mobilité résidentielle transfrontalière. Une approche partagée est présentée comme essentielle par le Liser.

L’observatoire en gestation se concentrera sur trois éléments clés: «Le foncier, le logement et la population.» L’objectif est de croiser les données et d’élaborer des indicateurs fiables. Une tâche qui ne sera pas la plus facile. «Un vocabulaire commun et des définitions claires [entre les différents territoires] seront nécessaires, notamment pour des éléments comme la surface des logements et les classes énergétiques, où les définitions varient considérablement d’un pays à l’autre», prévient Magdalena Gorczynska-Angiulli.

Toutes ces connaissances pourront contribuer à la création d’une stratégie ou d’une politique spatialisée du logement.
Magdalena Gorczynska-Angiulli

Magdalena Gorczynska-Angiulliresearch scientistLiser

In fine, l’Observatoire transfrontalier produira des rapports thématiques, diffusera l’information au plus grand nombre et proposera des événements en lien avec le logement. Il ne s’agit pas seulement d’étudier la situation mais aussi, souhaite-t-on, de sensibiliser le public et les décideurs. La scientifique Magdalena Gorczynska-Angiulli espérant que «toutes ces connaissances contribueront à la création d’une stratégie ou d’une politique spatialisée du logement».

Pour son collègue Antoine Paccoud, éditeur d’un numéro des , il y a urgence: «Le pays a pris trop tardivement la mesure de l’impact de son développement économique et démographique sur les conditions de logement des ménages», écrit-il en ouverture de l’enquête d’une cinquantaine de pages. «Un marché du logement transfrontalier s’est progressivement mis en place, englobant chacun des versants frontaliers du pays –une réponse improvisée au manque de logements au Luxembourg, et qui montre aujourd’hui ses limites: augmentation des coûts du logement pour les populations de ces régions ne travaillant pas au Luxembourg, temps d’accès au travail excessifs, complexités administratives pour les frontaliers, etc.».

Travail collectif

Ce débat est «au cœur de la problématique du développement économique et social de la Grande Région, notamment autour de la métropole luxembourgeoise», estime quant à lui le président de la Grande Région, Roger Cayzelle.

Deux chiffres pour illustrer son propos, extraits de cette même publication, qui disent sur deux registres différents la nature commune des difficultés: d’une part, les coûts de logement au Luxembourg ont explosé de +117% pour une maison et +164% pour un appartement sur 15 ans, à partir de 2005; de l’autre, sur la même période, 3.300 logements par an ont été produits en Lorraine-Nord, alors que les besoins étaient estimés à 4.800 unités, soit un déficit de 32%.

Pour son numéro spécial logement des «Cahiers de la Grande Région», le Liser avait embarqué à ses côtés ses partenaires de l’Agence d’urbanisme et de développement durable (Agape) Lorraine-Nord, du laboratoire de recherche Lepur de l’Université de Liège, ainsi que les universités de Trèves et de la Sarre. Un premier pas vers de futurs travaux collectifs.