La librairie Ernster a ouvert, en mai dernier, un nouveau magasin à la Cloche d’Or, «preuve que le marché n’est pas saturé», selon son directeur général, Fernand Ernster. (Photo: Nader Ghavami)

La librairie Ernster a ouvert, en mai dernier, un nouveau magasin à la Cloche d’Or, «preuve que le marché n’est pas saturé», selon son directeur général, Fernand Ernster. (Photo: Nader Ghavami)

Face à l’arrivée du géant Fnac-Darty en centre-ville, les commerçants locaux ne se montrent pas inquiets en misant sur des approches complémentaires.

Après plusieurs années d’attente, le premier magasin Fnac-Darty a ouvert ses portes début novembre au Royal-Ham­ilius sur 1.200 m² proposant plus de 33.000 références de produits. L’arrivée de l’enseigne française, qui pèse 7,47 milliards d’euros de chiffre d’affaires, représente a priori une concurrence importante pour les commerçants indépendants du centre-ville. De quoi les inquiéter?

«Pas du tout», répond Elmira Najafi, responsable de la librairie Alinéa, située à quelques centaines de mètres du nouveau paquebot commercial. «La Fnac n’est pas une librairie. Elle vend aussi des machines à café, et il y a seulement un coin livres», ex­plique la jeune femme, qui a .

«La poursuite de notre activité depuis près de deux ans sous la forme d’une coopérative prouve bien que les gens se mobilisent pour une librairie comme la nôtre et sont attachés aux commerces locaux», appuie-t-elle, en confiant que la clientèle d’Alinéa «est fidèle et se sent comme à la maison chez nous».

Et Frank Gigot, gérant du magasin Photo Mirgain situé à une ­centaine de mètres du Royal-Hami­lius, d’afficher ce même état d’esprit, en confirmant n’être «absolument pas inquiet. Oui, la Fnac fait de la photo et vend des appareils similaires à nos produits, mais nous vendons aussi des appareils photo haut de gamme qui ne sont pas à la Fnac. Et surtout, la Fnac n’a pas une équipe comme la nôtre, qui peut rester avec un client 30 minutes voire une heure pour le conseiller.»

Son magasin, qui existe depuis plus de 80 ans, emploie sept salariés et est un des derniers indépendants spécialisés dans la photo. «Notre métier, c’est la photo. Nous connaissons les derniers produits mis sur le marché et sommes pointus au niveau technique.» Mais Frank Gigot est tout de même conscient que les modes de consommation ont changé, et «c’est la raison pour laquelle nous avons ouvert un service de commandes en ligne il y a six ans, qui connaît une belle croissance depuis lors».

Un équilibre à trouver

, directeur général des librairies Ernster, affiche la même sérénité que ses confrères: «L’approche de la Fnac est différente de la nôtre. Je ne suis pas inquiet car nous avons une excellente connaissance des marchés luxembourgeois et allemand. Nous sommes multilingues, et même si la Fnac se positionne avec des livres en langue luxembourgeoise, cela reste anecdotique, alors qu’au sein de nos magasins, les livres luxembourgeois représentent environ 10% de nos produits, et ceux écrits dans la langue de Goethe, entre 35 et 45%. La librairie est notre cœur de métier, ce qui n’est plus le cas de la Fnac.»

, concentre aujourd’hui neuf magasins – dont son siège historique rue du Fossé –, et a compris dès les années 1980 l’intérêt d’être présente au sein des centres commerciaux, à la Belle Étoile et au City Concorde de Bertrange. Dernière ouverture en date: au complexe Cloche d’Or en mai dernier, sur 900 m². Soit 1,5 million d’euros investis.

Fernand Ernster confirme, au moment de l’arrivée de la Fnac, que «si j’avais estimé que le marché était saturé, nous n’aurions pas ouvert ce nouveau magasin. Les curieux vont se rendre à la Fnac, mais je pense qu’il va y avoir un équilibre entre les différentes enseignes», insiste celui qui est également le président de la Confédération luxembourgeoise du commerce. Fernand Ernster ajoute justement que sous cette casquette, il «salue l’arrivée de la Fnac, une enseigne présente à l’inter­national qui a choisi de s’installer au Luxembourg. Pour le pays, et ­surtout pour le centre-ville de la capitale, c’est un attrait supplémentaire.»

Selon ces différents commerçants ouverts depuis de longues années, la fine connaissance d’un marché aussi spécifique, leur spécialisation ainsi qu’une attention au service du client devraient leur permettre de continuer à se distinguer. La dernière étude publiée en octobre par KPMG sur les marques préférées des Luxem­bourgeois avait d’ailleurs placé une nouvelle fois la , alors que le géant du e-commerce qui s’est construit autour de la vente de livres, Amazon, pointe à la 10e place. Une preuve de l’intérêt des habitants pour des enseignes qui «sonnent local» et sont attachées à leur territoire.

Arrivée – La Fnac ne soulève pas de grande crainte, mais est plutôt vue comme une forme de reconnaissance pour la capitale. (Photo: Nader Ghavami)

Arrivée – La Fnac ne soulève pas de grande crainte, mais est plutôt vue comme une forme de reconnaissance pour la capitale. (Photo: Nader Ghavami)

La Fnac à la sauce luxembourgeoise

Charles-Henri de Maleissye, directeur général Fnac Vanden Borre Belgique et Luxembourg, a annoncé avec enthousiasme, lors de l’inauguration début novembre, que c’est un qui a ouvert ses portes au Royal­-Hamilius, puisque des livres en luxembourgeois et en allemand, pour les enfants et les adultes, y sont en vente.

Le site fnac.lu affiche plus de deux millions de références, et «nous devrions intégrer la plate-formeLetzshop.lu en début d’année prochaine», a précisé Richard Hoitinga, directeur du magasin Fnac Luxembourg, qui emploie 31 personnes.