Le Luxembourg a le taux le plus élevé de travailleurs de plus de 18 ans menacés de pauvreté dans l’UE, selon des données présentées par la Chambre des salariés ce jeudi 27 avril. (Photo: Delano)

Le Luxembourg a le taux le plus élevé de travailleurs de plus de 18 ans menacés de pauvreté dans l’UE, selon des données présentées par la Chambre des salariés ce jeudi 27 avril. (Photo: Delano)

Plus d’un tiers des locataires au Luxembourg sont menacés de pauvreté, selon une étude de la Chambre des salariés publiée jeudi, contre seulement un propriétaire sur dix.

La Chambre des salariés (CSL) a publié le 27 avril son «Panorama Social» annuel, qui examine au plus près les inégalités sociales, en se concentrant sur la pauvreté, l’emploi et l’environnement de travail.

«Même si nous avons de bonnes performances économiques dans le pays, nos performances sociales sont à la traîne et ne sont pas très bonnes. C’est quelque chose que nous ne pouvons pas simplement accepter», a constaté , présidente de la Chambre des salariés, lors d’une conférence de presse présentant ce travail annuel.

Bien que le Luxembourg soit un pays riche, il est l’un des plus mauvais élèves de l’UE sur des questions telles que les travailleurs pauvres, a-t-elle déclaré, avec une tendance à l’augmentation, et non à la diminution, des inégalités.

Par exemple, près d’une personne sur cinq (18,1%) risque de tomber dans la pauvreté, selon le rapport. Ce chiffre passe à 27,5% s’il n’y a pas de prestations sociales. Le risque de pauvreté est nettement plus élevé chez les parents isolés (42,4%) et les familles de trois enfants ou plus (40,3%). Pour les familles nombreuses, le risque de pauvreté a plus que doublé depuis 2005.

Un travailleur sur sept âgé de plus de 18 ans (13,5%) est exposé au risque de pauvreté. Ce risque est plus élevé (21,2%) pour les personnes travaillant à temps partiel que pour celles travaillant à temps plein (11,8%).

Environ 10% des personnes travaillant à temps partiel déclarent le faire parce qu’elles ne peuvent pas trouver d’emploi à temps plein. Environ un tiers des femmes travaillent à temps partiel pour s’occuper de leurs enfants ou d’un adulte dépendant.

Par ailleurs, Nora Back à de nouveau plaidé en faveur d’une réduction du temps de travail à salaire égal et d’un droit au travail à temps partiel et au retour à un emploi à temps plein.

Le ministre du Travail (LSAP) a présenté mardi les au Luxembourg, qui n’a pas abouti à une conclusion ou à une recommandation solide, mais qui a donné matière à débat, car les partis revendiquent des positions différentes sur la question à l’approche des élections législatives du mois d’octobre.

Écart de richesse

La crise du logement au Luxembourg se reflète également dans les données. Plus d’un tiers des locataires (35%) risquent de tomber sous le seuil de pauvreté, selon la Chambre des salariés. Il s’agit du troisième score le plus élevé de la zone euro. En revanche, le risque de pauvreté pour les propriétaires n’est que de 11,4%. L’écart de 23,6 points de pourcentage est le quatrième plus important de la zone euro.

Plus de la moitié des prestations versées par les services sociaux l’année dernière ont servi à payer le logement et les dépenses des ménages, telles que l’électricité, l’eau et le gaz.

Et la richesse provenant de l’immobilier et d’autres actifs ne fait qu’enrichir les plus aisés.


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Le nombre de ménages se situant à la fois dans les 20% de revenus les plus élevés et dans les 20% de patrimoine les plus élevés a augmenté de 50% au cours des 40 dernières années. Félix Martins de Brito, conseiller à la Chambre des salariés, qui a présenté les chiffres jeudi, a déclaré qu’il s’agissait d’un effet boule de neige: les personnes aux revenus les plus élevés peuvent investir leur argent, ce qui génère un rendement plus important qu’elles peuvent investir, et ainsi de suite.

L’écart de richesse se creuse, a-t-il dit, ajoutant que cela montrait l’absence de mesures fiscales efficaces pour répartir la richesse.

Les 20% les plus riches du pays gagnaient 4,6 fois plus que les 20% les plus pauvres. Dans le même temps, les salaires les plus bas ont à peine progressé au cours des deux dernières décennies, selon le rapport, contrairement aux salaires les plus élevés, qui ont été beaucoup plus dynamiques, selon M. De Brito.

Joindre les deux bouts

Le seuil de pauvreté calculé par le Statec pour vivre décemment était de 2.177 euros par mois pour un adulte célibataire l’année dernière. Or, le salaire minimum social net n’était que de 2.133 euros. Pour un parent isolé ayant plus d’un enfant, le revenu minimum net avec les prestations familiales s’élevait à 3.034 euros, bien en deçà du seuil de pauvreté de 3.919 euros calculé par le Statec pour les personnes appartenant à cette catégorie.

Un ménage sur cinq (21,3%) a indiqué qu’il ne pouvait pas effectuer un paiement inattendu d’une valeur de 1.869 euros. Là encore, cette proportion était plus élevée chez les parents isolés (45,1%) et les familles nombreuses (36,2%).

La situation financière précaire des ménages se reflète également dans l’augmentation du nombre d’épiceries sociales, où les gens peuvent acheter de la nourriture à des prix réduits avec l’aide d’ONG telles que Caritas et la Croix-Rouge.

Alors qu’en 2014, seules 4.182 personnes dépendaient des épiceries sociales, ce nombre est passé à 10.741 l’année dernière. «Nous ne trouvons pas d’issue», a déclaré M. De Brito, ajoutant que ces magasins ont été créés en 2009 en tant que mesure temporaire pour aider les gens à la suite de la crise financière de 2008. «Cette mesure temporaire continuera d’exister pendant longtemps», a-t-il conclu.

L’étude peut être consultée en intégralité .

Cet article a été rédigé par  en anglais, traduit et édité par Paperjam en français.