Roland Kayser, administrateur des éditions Phi, vient de prendre la tête de la Fédération des éditeurs luxembourgeois. (Photo: Roland Kayser)

Roland Kayser, administrateur des éditions Phi, vient de prendre la tête de la Fédération des éditeurs luxembourgeois. (Photo: Roland Kayser)

Roland Kayser, fraîchement élu président de la Fédération des éditeurs luxembourgeois, croit en l’avenir du livre. Pour lui, il faudra qu’il dépasse les frontières du pays pour se développer.

La Fédération des éditeurs luxembourgeois vient d’élire Roland Kayser, administrateur des éditions Phi, à sa présidence. Il prend ainsi la succession de Ian De Toffoli (Hydre Éditions). Digitalisation, hausse des coûts de production… Point avec lui sur les défis du secteur.

Quels sont vos objectifs à la présidence de la Fédération des éditeurs luxembourgeois?

Roland Kayser. – «Nous définirons nos priorités lors de notre prochain conseil d’administration en mars. Un objectif important est de garantir la pérennité de la présence du livre made in Luxembourg, aussi bien au Grand-Duché qu’au-delà des frontières. Et d’observer les évolutions des comportements de lecture, les tendances des genres comme des supports: électronique, audio…

Justement, comment abordez-vous ces nouveaux supports?

«Si on veut faire un titre en version imprimée et audio, on a des frais beaucoup plus importants, mais pas nécessaire plus d’acheteurs. Le livre audio est très répandu en Allemagne, moins en France. Je ne saurais dire s’il y a vraiment un public ici. Il y a très peu d’activité dans leur production.

Sur le livre électronique, il y a des réflexions tous azimuts, notamment sur la question du prêt en médiathèque. Nous sommes au début des discussions.

Entre ces défis, la hausse des coûts… Comment le secteur se porte-t-il économiquement?

«La plupart des propriétaires des maisons d’édition font cela par intérêt pour le livre et l’écriture. Ils ont souvent un autre job à côté. Si on était uniquement dans une logique d’entreprise, ce serait beaucoup plus difficile. Nous avons des aides de l’État. Est-ce suffisant? C’est en discussion.

Le secteur change aussi avec le mix de nationalités. À l’époque, lorsqu’on éditait un livre, on le faisait en luxembourgeois. Maintenant, il faut réfléchir entre cette langue ou le français, l’allemand et la nouvelle tendance, l’anglais. Si on édite en France, on le fait en français et on connaît son public. Si on le fait au Luxembourg, on sait qu’une part de personnes ne va pas l’acheter parce qu’il est dans une langue qu’elle ne consomme pas. Les 650.000 habitants sont coupés en plusieurs familles linguistiques, cela réduit les possibilités de ventes.

D’un autre côté, nous sommes face à des augmentations très importantes de coût, du papier et des imprimeries, que nous ne pouvons pas répercuter sur le prix du livre.

Un objectif important est de garantir la pérennité de la présence du livre made in Luxembourg, aussi bien au Grand-Duché qu’au-delà des frontières.
Roland Kayser

Roland KayserprésidentFédération des éditeurs

À quel point?

«Aux éditions Phi, nous avons réimprimé des livres de 2018: le coût a doublé.

Cela joue-t-il sur les quantités?

«Oui, nous prenons moins de risques, quitte à faire une réimpression si nécessaire.

Les aides ont-elles évolué?

. Il y a actuellement des réflexions.

Que représente le secteur en termes de chiffres?

«Niveau salariés, je n’ai pas de statistiques. Nous avons une vingtaine de maisons d’édition, certaines éditent entre 20 et 30 livres par an, d’autres un à trois. En tout, on dépasse les 100.

Comment cela a-t-il évolué en 10 ans?

«C’est plus ou moins stable.

Quels types d’ouvrages édite-t-on au Luxembourg?

«De la fiction, des livres à thème, de la poésie, des livres pour enfants et jeunes. En revanche, le genre de la bande dessinée est sous-représenté, alors qu’à l’étranger c’est le secteur qui se porte le mieux.

Comptez-vous miser dessus?

«Il y a deux intervenants: le marché, mais aussi l’auteur. La question est, est-ce qu’il y a suffisamment de dessinateurs au Grand-Duché pour faire évoluer cette offre? Je ne sais pas.

Quel est l’avenir de l’édition au Luxembourg?

«À mon avis, personnel et non de président du secteur, il y aura toujours une demande pour des livres, peu importe la façon dont il se présente, imprimé ou électronique. Le pas que nous devons faire, c’est traverser les frontières. .

Qu’est-ce que cela représente aujourd’hui?

«Très peu. Il y a encore un gros travail à faire.»