En termes de littérature gastronomique, il doit être difficile d’arriver à un niveau d’esthétisme et d’intérêt de l’ouvrage «Black Sea» de l’auteur Caroline Eden, spécialiste de l’ancienne Union soviétique et résidant à Édimbourg. Celle-ci y raconte un très joli voyage culinaire et humain, aussi intimiste qu’alléchant, dans une région encore assez peu connue pour ses spécialités gourmandes: les rives de la mer Noire.
Elle part d’une ville pleine de mystère, Odessa en Ukraine, puis se dirige vers Istanbul – à qui elle dédie la plus grande part de son livre – par la Roumanie et la Bulgarie. Lorsqu’elle quitte l’ancienne Constantinople, elle suit les rives de la mer Noire turque pour terminer son succulent périple à Trabzon et ses alentours.
Autour de ce qu’elle décrit a priori comme un «immense lac piqueté d’îlots et de bancs de sable épars», Caroline Eden part à la découverte des cuisines juive, russe, italienne, turque, grecque et levantine dans des villes aux histoires complexes. Elle s’attarde sur cette Histoire, décrit les passages anecdotiques de certaines journées autant que les rencontres qui l’ont émue en distillant ça et là une jolie soixantaine de recettes aux noms tantôt authentiques, tantôt joyeusement remaniés par l’auteur.
On retrouve ainsi le «forshmak revisité» ou «la débauche de glace de Mark Twain» à Odessa, «la soupe de poisson du banquier», le cocktail «l’orient vert de Nessi» et les fantastiques «manti» à Istanbul, «la soupe du monastère» bulgare, la «halva» d’Asmara ou encore le «pilaf de la ligne de front» de Trabzon, et bien d’autres...

«Black Sea» est non seulement un passionnant voyage culinaire, mais également un très beau livre, à la photographie impeccable. Romain Gamba
«Black Sea», enfin, ne serait pas ce beau livre sans les photographies impeccables d’Ola O. Smit pour la part culinaire et de Theodore Kaye pour les superbes paysages de cette mystérieuse mer Noire...
«Black Sea» de Caroline Eden, édité chez Hachette, 35€