On quitte l’autoroute E411, une quarantaine de kilomètres après la frontière luxembourgeoise, et les noms des villages au fil des routes agricoles sinueuses invitent à la rêverie: Grapfontaine, Warmifontaine, Menufontaine, Menugoutte… pour arriver à Martilly, dans la commune d’Herbeumont. Un village qui compte beaucoup plus d’arbres que d’habitants (200 environ), niché le long de cette Semois qui a quitté la Gaume pour rejoindre l’Ardenne.
Il faut faire confiance aux panneaux d’indication et s’engager dans une voie sans issue pour rejoindre, quelques centaines de mètres plus loin, Mon lit dans l’arbre. David Bavay nous y attend. Entrepreneur dans l’âme, il a créé et développé durant 20 ans Rime-IT, Mais en 2015, il lance un autre projet, né, comme souvent, un peu par hasard. «Les logements dans les arbres devenaient alors très à la mode. Avec mon ami Fabien Ledecq, nous avons voulu effectuer un séjour en famille, ensemble, pas trop loin de chez nous, en Belgique. Mais… il n’y avait rien, si ce n’est en France. Nous nous sommes dit: pourquoi ne pas alors en créer?», explique-t-il.
Profiter du calme de la nature
Les deux amis s’associent, et entraînent 160 coopérateurs dans l’aventure via leurs réseaux. Ils lèvent ainsi 330.000 euros. Le programme Brasero de la Région wallonne (1 euro prêté à taux 0 pour 1 euro levé par la coopérative) double le montant. Reste à trouver un site, ce qui n’est pas si simple. Un terrain magnifique les séduit à Martilly, situé en zone de loisirs. La commune est emballée par le projet et signe avec eux un bail emphytéotique de 30 ans. Les villageois sont invités à des réunions de présentation, les craintes sont apaisées et les doutes levés.
Proposer des logements en bois, dans les arbres, fait l’unanimité. «On a développé des idées et des thèmes, trouvé un artisan de Somme-Leuze qui en a fait des esquisses et assuré la réalisation», explique encore David. La première cabane ouvre en septembre 2018. Cinq autres vont suivre par la suite.
Si le site se développe, il ne deviendra cependant jamais gigantesque. «Nous avons convenu dès le départ qu’il n’y aura que 10 cabanes au maximum. Nous voulons proposer ici un endroit où passer un moment dans le calme, déconnecté… Il n’y a d’ailleurs ni wifi ni télévision dans les logements. Nous avons développé ici une vraie philosophie: tri des déchets, petit-déjeuner avec des produits locaux, petite épicerie avec également des productions de la région, possibilité de disposer de repas via un traiteur voisin qui propose une cuisine nature. Pour nous, tout cela est fondamental», dit-il encore.
Si le village n’est guère éloigné, c’est en effet le calme régnant sur le site qui impressionne immédiatement. Tout comme la totale intégration des cabanes dans les arbres, au point que, parfois, on a troué le mur pour laisser passer une branche, rendant les cabanes presque invisibles.
Des cabanes tout confort. «Oui, car c’est une demande. Nos visiteurs veulent venir dans un site naturel mais disposer du confort moderne.» Chaque logement a donc sa petite cuisine équipée, une literie confortable, des sanitaires, un poêle à bois ou à pellets… Entièrement en bois, elles peuvent accueillir de 2 à 8 personnes. Toutes offrent de très belles possibilités d’observation de la nature environnante et du gibier, nombreux, parfois via des vitres sans tain qui transforment intelligemment la kitchenette en poste d’observation. Toutes ont été décorées avec un maximum de matériaux de récupération ou d’objets chinés dans des brocantes, «ce qui est encore une fois cohérent avec toute notre démarche».
Des cabanes qui sont aussi de vrais terrains de jeu, de surprises (toujours bonnes), de découvertes incessantes. La cabane Sens dessus dessous vous fera donc peut-être perdre le nord avec sa multitude de passages «secrets», son mobilier accroché au plafond… La cabane Regards croisés vous permettra, grâce à sa tour vitrée, d’apercevoir oiseaux, blaireaux ou autres. La cabane Trappes et cachettes vous demandera de la perspicacité pour trouver la bonne poignée de porte, passer d’un étage à un autre…
Bref, avoir conservé son âme d’enfant sera un plus pour séjourner à Martilly.
Un Atelier des cimes pour les entreprises
Mais on peut aussi y travailler. La nouvelle cabane L’Atelier des cimes ne permet pas d’y séjourner, mais accueille des groupes pour des formations, des stages ou du team building. L’idéal pour des entreprises qui ont envie de proposer un cadre hors du commun à leurs employés. «Nous pouvons accueillir ici jusqu’à 40 personnes et cette cabane est, pour des raisons professionnelles, la seule à avoir du wifi et un projecteur», conclut David Bavay. «Il est évidemment possible de loger en même temps dans les cabanes si les calendriers s’accordent. Si le client le souhaite, nous pouvons aussi lui proposer toute une série d’activités connexes via des partenaires. Tout, ou presque, est possible.» Sans oublier que la région est évidemment prisée pour ses magnifiques chemins forestiers.
Dans quelques semaines, Mon lit dans l’arbre fêtera ses quatre ans. Outre les deux associés qui lui consacrent un à deux jours à temps plein, elle emploie aussi quatre personnes du village à mi-temps. Le taux de remplissage est excellent – surtout le week-end –, la rentabilité au rendez-vous, pour un investissement qui atteint maintenant le million d’euros. Petit à petit, ce bel endroit se forge une tout aussi belle et méritée réputation. Il n’attend plus que votre visite.