Le principe d’une liste noire choque au sein du CHL, qui en assume cependant pleinement le principe.. (Photo: Matic Zorman/ Maison Moderne)

Le principe d’une liste noire choque au sein du CHL, qui en assume cependant pleinement le principe.. (Photo: Matic Zorman/ Maison Moderne)

Une liste de patients considérés comme «persona non grata» suscite le débat au sein du Centre hospitalier de Luxembourg. La direction assure qu’il ne s’agit que de protéger son personnel et que la loi de 2004 sur les droits des patients est respectée.

Depuis le mois d’août, n’entre plus au Centre hospitalier de Luxembourg (CHL) qui veut. La direction a effectivement dressé une «liste noire» de «persona non grata», «des personnes qui, pour une raison ou pour une autre, ont un accès très limité aux services du CHL», confirme-t-elle. Même pour des actes médicaux programmés s’ils sont non urgents.

Si ces personnes se présentent à l’admission de l’un des hôpitaux, le personnel a pour instruction de ne pas proposer le moindre rendez-vous. Sans autre explication à fournir. Une consigne stricte qui s’applique également aux accompagnants d’enfants. En cas d’urgence, ce sera alors au médecin de décider si le patient doit être traité ou reconduit manu militari vers la sortie.

La procédure choque en interne et suscite pas mal d’émoi au sein du personnel.

Contactée par Paperjam, l’administration du CHL se refuse de parler de «liste noire» et préfère évoquer «un suivi informatique des personnes, ce qui n’est pas à nos yeux une liste». Cela se justifierait par «la forte augmentation des actes de violence tant physique que verbale de patients à l’égard de nos médecins et soignants dévoués à leur prise en charge».

Un courrier pour avertir la personne concernée

Figurent sur ce qui n’est donc pas une liste les personnes «qui ont menacé ou agressé verbalement ou physiquement, de manière répétée et extrême, les personnels du CHL». Cela concernerait, selon le CHL, moins de 10 personnes «sur les 175.000 personnes suivies en 2021». Et ce serait principalement les urgences qui seraient le théâtre de tels faits.

Toujours selon le CHL, les personnes inscrites sur cette liste sont prévenues par courrier. Mais elles n’ont aucun droit d’accès ou de modification de leurs données. Ce sera l’administration qui, au bout de deux ans, sur initiative du département IT, prendra l’initiative de rayer une personne inscrite.

Toute cette procédure est conforme à la loi du 24 juillet 2014 relative aux droits et obligations du patient, insiste-t-on au CHL.

Que peuvent faire les patients «non grata»? Pour toute prise en charge autre que les urgences, ils sont priés de s’adresser à un autre hôpital au Luxembourg. Les patients nécessitant une prise en charge dans un service national y sont pris en charge s’il s’agit d’un besoin spécifique dont l’hôpital a le monopole au pays.

L’asbl Patientevertriedung a indiqué à Paperjam ne pas être au courant de cette pratique. Mais va immédiatement s’en inquiéter.

Sollicité également, le ministère de la Santé n’a voulu faire aucun commentaire sur un sujet évidemment sensible à bien des égards.