Le directeur général du Liser, Aline Muller, revendique un institut tourné vers la société et l’action publique comme privée. (Photo : Matic Zorman / Maison Moderne)

Le directeur général du Liser, Aline Muller, revendique un institut tourné vers la société et l’action publique comme privée. (Photo : Matic Zorman / Maison Moderne)

L’institut de recherche socio-économique marque sa différence, mettant en avant son impact sociétal plus que ses statistiques pour le traditionnel exercice du rapport d’activité.

En pleine saison de présentation des rapports d’activité, toutes institutions confondues, celle du Liser dépare. Comme son rapport d’activité d’ailleurs, qui relègue les statistiques de l’année en fin d’opus pour laisser toute la place à des portraits ou des professions de foi de ses collaborateurs.

«Notre mission est de développer et d’entreprendre des activités de recherche pour faire progresser la science et la connaissance, mais aussi de transférer ces connaissances pour informer et pour éclairer l’action des secteurs public et privé», souligne , directeur général depuis 2016. «Notre objectif est l’excellence scientifique et l’impact sur la société.»

Le Liser ouvre les yeux de la société et de ses acteurs.

Aline Mullerdirecteur généralLiser

Ancré dans la société, le Liser se retrouve en première ligne pour observer et communiquer sur la croissance des inégalités en Europe, la montée des populismes ou encore la crise du logement au Luxembourg. «Le Liser ouvre les yeux de la société et de ses acteurs», revendique Mme Muller. Et on se souvient combien la récente analyse du Liser sur les propriétaires fonciers avait fait de vagues au milieu d’un débat qui semble tourner en rond depuis deux décennies.

Stupéfait par la fin 2015, parti prendre la direction de l’Institut zur Zukunft der Arbeit de Bonn, le Liser a choisi des «orientations stratégiques riches et audacieuses», note Mme Muller, membre du conseil d’administration avant d’être . Restructuré en 2016 autour de trois pôles – Marché du travail, Conditions de vie et Développement urbain & mobilité –, doté depuis 2018 d’une équipe dédiée à la qualité, le Liser planche actuellement sur son premier accord collectif de travail. «Nous voulons nous démarquer par notre sérénité, nos relations de confiance», insiste Mme Muller en remerciant les instances de négociations (délégation du personnel, syndicats et conseil de concertation).

Un indicateur européen de déprivation des enfants

À l’image d’un rapport annuel encore plus focalisé sur les personnes que les précédents, sa présentation place sous les projecteurs des chercheurs arrivés dans les derniers mois ou dernières années, souvent représentatifs d’une Europe académique vivante et multiple qui trouve de nouvelles façons d’appréhender des thèmes classiques. Comme lorsque la chercheuse Camille Perchoux applique les instruments des géographes à la santé publique pour analyser l’activité physique en fonction de l’environnement. Cette approche s’inscrit dans le double découpage des activités du Liser, puisque les trois pôles sont traversés par trois axes transversaux: la santé et les systèmes de santé, la transformation digitale et le franchissement des frontières.

Et puisque l’humain reste au cœur des préoccupations du Liser, le projet mis en exergue concerne l’indicateur de déprivation des enfants développé par Anne-Catherine Guio, coordinatrice Développement international. «Eurostat nous a confié la tâche, avec l’université de Bristol, de concevoir un indicateur mesurant les conditions de vie spécifiques des enfants à travers l’UE», explique-t-elle. Deux enquêtes Eurobaromètre plus tard, c’est chose faite: 17 critères permettent d’évaluer ce dont les enfants manquent pour des raisons financières, de la semaine de vacances annuelle hors de chez eux à la deuxième paire de chaussures en passant par la possession d’une voiture dans la famille ou l’accès à des livres et jeux de leur âge.

30% des enfants vivant dans une famille monoparentale sont concernés contre 5% pour les autres, c’est la plus forte inégalité relevée en Europe.

Anne-Catherine Guiocoordinatrice Développement international Liser

«Le Luxembourg est bien placé, mais nous avons voulu montrer que certains enfants y subissaient aussi une déprivation importante», précise Mme Guio. «30% des enfants vivant dans une famille monoparentale sont concernés contre 5% pour les autres, c’est la plus forte inégalité relevée en Europe. Et la déprivation est également plus élevée parmi les enfants dont les parents ne viennent pas de l’UE.»

Point de départ d’autres analyses sur l’impact du système de sécurité sociale ou le coût du logement, l’indicateur intéresse aussi des contrées plus lointaines, puisque la Nouvelle-Zélande l’utilise désormais officiellement.

Fort de ses 82 chercheurs – et en recrutement –, 24 doctorants et post-doctorants, le Liser affiche 524 articles de presse en 2018, 167 publications dont 78 articles dans des revues à comité de lecture, 34 rapports nationaux et internationaux.

«Nous ambitionnons d’être un acteur qui compte au sein de la société luxembourgeoise», souligne Mme Muller. «Un acteur pour la société de la connaissance, une infrastructure de données construite pour que l’humain reste au centre des stratégies de développement national et international.» Un acteur qui célébrera ses 30 ans fin 2019.