Lisa Oppenheim a été invitée par le Mudam à rendre hommage à Edward Steichen. (Photo: Céline Coubray)

Lisa Oppenheim a été invitée par le Mudam à rendre hommage à Edward Steichen. (Photo: Céline Coubray)

Répondant à l’invitation passée par le Mudam, Lisa Oppenheim s’est plongée dans l’œuvre d’Edward Steichen et a choisi de mettre en lumière des aspects moins connus de son travail pour rendre hommage à cette grande figure de l’art du XXe siècle.

«À travers cette commande passée à Lisa Oppenheim, le Mudam a souhaité rendre hommage à une figure historique de l’art, Edward Steichen, mais en portant un regard contemporain sur son travail» a expliqué en introduction la directrice du Mudam, Bettina Steinbrügge. C’est ainsi que la photographe américaine Lisa Oppenheim (née en 1975) a choisi de répondre à la pratique artistique d’Edward Steichen. La photographe qui développe depuis plus de 20 ans une œuvre qui s’intéresse à l’histoire de la photographie et à ses potentialités inexplorées a réalisé un ensemble de nouvelles photographies et textiles qui dévoile un portrait inattendu et sensible de «Monsieur Steichen».

Le photographe et conservateur Edward Steichen a réalisé sa carrière aux États-Unis, mais était d’origine luxembourgeoise. C’est ce qui explique qu’une partie de son travail est aujourd’hui conservé au Luxembourg : à Clervaux, à Dudelange, tous deux conservés par le CNA, et un important corpus de photos détenues par le (MNAHA).

Créer un portrait subjectif

Pour ce nouveau projet, Lisa Oppenheim a choisi de s’intéresser à des pans moins connus des intérêts de Steichen, à savoir la culture de fleurs et la création textile. «Ce sont des sujets annexes dans sa création, mais qui permettent de mettre en lumière différents aspects de sa personnalité», déclare Lisa Oppenheim.

C’est ainsi qu’est présentée dans le pavillon Leir une série de photographies représentant un iris, une variété aujourd’hui disparue appelée «Monsieur Steichen» et créée par un botaniste amateur français en 1910. «Ne pouvant retrouver cette fleur, je ne suis servie des images de ses «parents» et ai travaillé avec l’intelligence artificielle pour recréer cette «fleur-fille» ». En plus de cette création, elle retravaille les images selon une méthode utilisée par Steichen lui-même, le dye transfer, qui lui offre un jeu de couleurs sans pareil. «Steichen n’avait pas peur d’utiliser les nouvelles technologies et d’expérimenter. C’est pourquoi je me suis sentie très libre de travailler de cette manière également», justifie l’artiste.

Au centre de la pièce, des paravents recouverts de textiles imprimés aux motifs floraux sont déployés. «On le sait assez peu, mais Steichen a créé en 1926 des motifs textiles pour la fabrique de soie Stehli Silks. Prenant à contrepied les traditions d’imprimés textiles, il s’intéresse à des motifs tirés de la vie ordinaire comme des boites d’allumettes, de morceaux de sucre ou des boutons. Il se trouve que dans mes relations, il y a la designer de textile Zoe Latta qui m’a aidé à créer de nouveaux motifs à partir de photos que Steichen avait laissées de côté.» Au dos de ces paravents, Lisa Oppenheim y accroche des portraits de femmes qui ont compté dans la vie du photographe : ses trois épouses, Clara, Donna et Joanna, et sa mère. Ces photos sont issus des collection du MNAHA.

Au sous-sol, l’espace est plus feutré. Les murs sont recouverts de toile de jute, un tissu très bon marché qui était communément utilisé dans les galeries de photo au cours du XXe siècle, y compris dans celle que menait Steichen en collaboration avec Alfred Stieglitz. Ici, les visiteurs pourront découvrir une série d’études qui offrent un aperçu du processus créatif de Lisa Oppenheim. Elle combine des photos issues des archives du photographe avec des expérimentations qu’elle mène dans sa chambre noire.

En complément à ces propositions, un bouquet est également exposé dans le pavillon. Il s’agit de l’interprétation par un fleuriste luxembourgeois des variations chromatiques menées par Steichen sur une photo de bouquet. Et dans les douves du musée, Lisa Oppenheim a fait planter des delphiniums, fleur que cultivait Steichen dans le Connecticut et qu’il avait exposée de manière très avant-gardiste au MoMA en 1936. Cet Eduard’s Garden fleurira au mois de juin-juillet.

Monsieur Steichen, jusqu’au 28 août au