Dans le bâtiment, «ce n’est plus la même affluence que dans le passé alors même qu’il y a quand même de la construction, et donc des besoins», observe FES, la branche intérim de la Fedil. (Photo: Shutterstock)

Dans le bâtiment, «ce n’est plus la même affluence que dans le passé alors même qu’il y a quand même de la construction, et donc des besoins», observe FES, la branche intérim de la Fedil. (Photo: Shutterstock)

Plus de 10.000 travailleurs temporaires sont à pied d’œuvre chaque matin au Luxembourg. Mais il en faudrait moitié plus pour faire tourner la machine. Au bas mot. Un salon du recrutement a lieu la semaine prochaine en Moselle. Car c’est du côté des frontaliers que l’intérim jette son dévolu en priorité.

La solution miracle au manque de main-d’œuvre dans le travail temporaire? «Une autoroute à quatre voies, et plus aucun bouchon!», rétorque avec malice l’administrateur de Fedil Employment Services (FES), , par ailleurs CEO de la structure MyJobEst, directement concernée.

On comprend mieux la pointe d’ironie quand on sait que 70% des plus de 10.000 intérimaires en activité chaque jour dans le pays proviennent de la Grande Région. Et principalement des proches Moselle et Meurthe-et-Moselle, côté français.

Soit dit en passant, les trois quarts d’entre eux sont des hommes.

5.000 postes à disposition

À leur attention, FES organise un salon du recrutement, mardi 4 février, à l’AmhY de Yutz, de 9h à 14h. Une vingtaine d’acteurs du secteur y seront représentés. Le chiffre de 5.000 postes à pourvoir est avancé. Industrie, logistique, bâtiment, médical, Horeca, tertiaire (qui pèse tout de même pour 10% de l’activité intérimaire sur le territoire)… «Tous les secteurs recrutent», englobe la gestionnaire administrative de FES, Roxanne Ugolini.

Mis en place depuis 2022, ce salon en est à sa huitième édition. Il est programmé deux fois dans l’année. En janvier-février et en septembre. Des périodes de reprises d’activité au sortir des congés de Noël, puis de l’été.

De l’intérim au CDI

En général, les candidats à l’embauche rencontrés dans le cadre de l’event démarrent leur nouvel emploi sous huit jours. Pour certains profils et employeurs, le coup d’envoi peut même avoir lieu dès le lendemain. Avec vue sur l’avenir? «Dans l’intérim», répond Michaël Damasio, «près de 30% des recrutements débouchent sur un CDI». En 2024, selon les données de FES, 1.500 missions d’intérim se sont conclues par un CDI ou par un CDD longue durée.

«Quant à la durée des missions, elle-même va en s’allongeant», affirme Michaël Damasio.

L’Inspection générale de la sécurité sociale (IGSS) évoque une durée moyenne de 8,8 jours par contrat. Un chiffre à prendre avec des pincettes car la méthodologie de calcul ne tient pas compte du fait qu’un intérimaire peut être renouvelé plusieurs fois, dispositif légal oblige.

Dès lors, on aboutit plutôt à «des missions pouvant courir sur six, sept ou huit mois», précise le dirigeant de MyJobEst.

Pour lui, «intérim n’est plus synonyme de précarité».

Le bâtiment en première ligne

Il n’empêche, le travail temporaire subit les mêmes tensions que le reste du marché de l’emploi.

D’après l’Adem, quelque 6.000 postes sont à pourvoir actuellement. Mais ce chiffre, encore une fois, ne serait pas un reflet fidèle de la réalité. Il repose sur les déclarations faites par les entreprises. Lesquelles ne signalent pas toujours leurs emplois disponibles.

La pénurie est notamment, et surtout, flagrante dans le bâtiment. «Un secteur qui peine plus que les autres», observe Michaël Damasio. «Ce n’est plus la même affluence que dans le passé alors même qu’il y a quand même de la construction, et donc des besoins.»

De fait, «on ne serait pas capables, ni nous, agences d’intérim, ni l’Adem, ni les employeurs, de répondre à la demande» si, demain, le secteur devait reprendre à plein régime.

En raison du ralentissement de l’activité, «une grande partie de la population étrangère qui se trouvait provisoirement au Luxembourg est rentrée au pays». Cela implique qu’un focus encore plus important est porté sur les frontaliers. «L’attrait du Luxembourg n’est plus ce qu’il était à l’échelle européenne», glisse Michaël Damasio, «mais il reste encore fort pour les pays limitrophes». D’où l’intérêt d’organiser un salon à Yutz.

L’enjeu des salaires

«L’après-Covid compte pour beaucoup», estime la gestionnaire administrative de FES, Roxanne Ugolini, «les gens réfléchissent beaucoup plus à leur qualité de vie ou au temps passé dans les trajets. Le salaire n’est plus toujours la priorité».

«Néanmoins, le Luxembourg reste toujours attractif. On a encore eu une augmentation du salaire minimum de 2,6% au 1er janvier, ce qui n’est pas négligeable», complète Michaël Damasio.

Avant de rappeler que le statut d’un travailleur intérimaire ne diffère pas de celui d’un embauché en CDI. «Il a les mêmes droits, la même rémunération, les mêmes compléments, les mêmes avantages.»

Et l’upskilling ?

«0,6% de notre masse salariale» est consacré au sujet, indique Michaël Damasio. En 2024, ainsi, 3.000 intérimaires ont suivi une formation, pour une enveloppe de 35.000 heures «prestées».