Olivier Debeugny, le CEO de Lingua Custodia, prépare la création d’une filiale au Luxembourg, d’où sera géré le développement commercial à partir de l’automne. (Photo: DR)

Olivier Debeugny, le CEO de Lingua Custodia, prépare la création d’une filiale au Luxembourg, d’où sera géré le développement commercial à partir de l’automne. (Photo: DR)

Entre nouveaux clients, levée de fonds et installation au Luxembourg à l’automne, Lingua Custodia, spécialisée dans la traduction automatisée de documents pour le secteur financier, profite pleinement de sa deuxième place aux Fintech Awards.

Si les Fintech Awards étaient un vent fort, Olivier Debeugny serait un marin comblé, et le Luxembourg, son Amérique. Un an après au Kirchberg, Lingua Custodia a posé pied sur le marché luxembourgeois de la traduction de documents financiers.

«C’est sûr que nous sommes passés de la traduction de et vers l’anglais à toute une série d’autres possibilités», explique celui qui a travaillé pendant 20 ans dans le secteur financier, avant, en 2011, de décider d’apporter une solution à ce problème spécifique. «Aujourd’hui, nous travaillons avec des documents en anglais, en allemand, en français, en japonais, en chinois, en italien, en néerlandais, en portugais et en espagnol», compte-t-il, sur ses doigts, pour n’oublier personne.

Des «moteurs spécialisés» de traduction

Depuis son lancement commercial en 2014, l’intelligence artificielle de la start-up française a construit une centaine de «moteurs spécialisés», comme il les appelle, qui correspondent à autant de besoins du secteur financier. «Jusque-là, vous aviez le choix de faire appel à une société de traduction. Pour un document de 150 pages, c’était quatre jours avant de récupérer le document pour vérifier que c’était conforme à vos exigences. Nous sommes 15 fois moins chers, et vous récupérez votre traduction tout de suite!»

Une trentaine de clients ont voulu un moteur personnalisé, leur «Google Translate à eux», et «une autre catégorie a souhaité un filtre supplémentaire, humain celui-là, pour ne rien laisser passer qui pourrait contrarier actionnaires ou régulateur».

Groupes d’assurances luxembourgeois, sociétés de gestion de fonds, banques privées, la deuxième place aux Fintech Awards a ouvert des portes immédiatement. «Quand on nous appelle pour nous demander comment ça marche, nous proposons un essai gratuit et illimité pendant une semaine. Puis, nous élaborons un ‘proof of concept’ au cours de deux mois, histoire de voir tous les impacts de notre solution de traduction sur les processus internes et le retour sur investissement. Et généralement, nos prospects deviennent des clients», sourit ce père de trois enfants qui a étudié en Lorraine, vécu dans le Nord, et travaillé en Allemagne, avant de repartir vers la région parisienne.

Un bureau commercial à l’automne

Après avoir déjà levé 1,3 million d’euros depuis 2011, principalement auprès de business angels et de particuliers, Lingua Custodia prépare une levée de fonds au montant encore confidentiel. «Nous avons calculé au plus près ce dont nous avions besoin», explique-t-il. La levée, qui devrait être bouclée avant l’été, permettra notamment l’ouverture d’une filiale au Luxembourg. «L’idée est de recruter une force de frappe commerciale, voire d’installer notre recherche et notre développement ici. Dans un deuxième temps, pourquoi ne pas faire du Luxembourg le cœur de notre stratégie commerciale européenne», se plaît-il à rêver dans la Lhoft, dont il salue l’engagement et l’intérêt.

L’arrivée au Luxembourg est d’autant plus pertinente que le «deep learning» de la start-up s’appuie sur l’API d’une autre start-up luxembourgeoise, Wordbee.

À 45 ans, à la tête d’une quinzaine de profils atypiques, «doués en mathématiques, en informatique, et souvent linguistes», M. Debeugny imagine dépasser le million d’euros de chiffre d’affaires cette année. Et de continuer à parcourir les océans de documents financiers dans toutes les langues du côté de l’Asie.

Candidatures: jusqu’au 30 avril

Les fintech ont jusqu’au 30 avril pour faire parvenir leur dossier de candidature via le site .

Le 19 juin, les 20 fintech retenues passeront au filtre de différentes rencontres avec le jury, composé d’experts de la Place et d’experts internationaux.

Huit d’entre elles se présenteront sur scène pour concourir au grand prix Fintech Start-up of the Year. La gagnante sera dévoilée sur la plage de KPMG, en présence du ministre des Finances, . Des prix seront aussi attribués aux titulaires des deuxième et troisième places du concours.