Malgré les difficultés économiques du secteur automobile allemand et les perturbations commerciales, des dépenses publiques importantes en matière de défense et d’infrastructure pourraient entraîner une hausse de l’emploi et une croissance économique à long terme. (Photo: Shutterstock)

Malgré les difficultés économiques du secteur automobile allemand et les perturbations commerciales, des dépenses publiques importantes en matière de défense et d’infrastructure pourraient entraîner une hausse de l’emploi et une croissance économique à long terme. (Photo: Shutterstock)

Alors que l’industrie automobile allemande, axée sur l’exportation, perd pied en raison de l’essor des véhicules électriques, des droits de douane et de l’évolution de la dynamique géopolitique, un programme d’infrastructure de 500 milliards d’euros et des investissements dans la défense offrent une lueur d’espoir pour l’économie.

L’économie allemande, qui est depuis longtemps un pilier inébranlable de l’Europe, traverse actuellement un moment de changement décisif, en particulier dans son secteur automobile orienté vers l’exportation. L’Allemagne abrite certaines des marques automobiles les plus renommées et les plus emblématiques du monde, notamment Volkswagen, Mercedes-Benz, BMW, Audi et Porsche, pour n’en citer que quelques-unes. L’industrie est soutenue par une main-d’œuvre hautement qualifiée qui constitue l’épine dorsale de sa puissance industrielle depuis des décennies. Toutefois, cette domination a commencé à s’éroder à mesure que l’Union européenne et de nombreux pays développés accordent de plus en plus la priorité aux véhicules électriques par rapport aux voitures traditionnelles à moteur à combustion, en raison de la nécessité urgente de lutter contre le changement climatique.

L’Allemagne a d’abord adopté une approche commerciale traditionnelle, optant pour des collaborations, des alliances à long terme et des implantations d’usines en dehors de ses frontières afin de maintenir les coûts de fabrication à un faible niveau. Toutefois, un composant essentiel des véhicules électriques, les batteries, est resté largement entre les mains des fournisseurs chinois et d’autres acteurs asiatiques. Cette dépendance a empêché l’Allemagne et ses pairs européens d’adopter une position plus agressive sur le marché des VE.

De manière inattendue, le second mandat du président américain Trump a introduit une , qui, associée au ralentissement du marché des exportations et aux incertitudes macroéconomiques, a bouleversé de nombreux plans à court et moyen terme des entreprises allemandes. Le secteur manufacturier en a fait les frais, avec des suppressions d’emplois ou mises en œuvre dans tous les secteurs. L’Allemagne a même connu une .

Au milieu de cette tourmente, une lueur d’espoir est toutefois apparue. La coalition CDU/CSU et SPD en Allemagne a accepté de lancer un programme d’infrastructure de 500 milliards d’euros, avec des dépenses importantes réservées à la défense. Même si tout dépendra de l’ampleur exacte de la relance économique et de l’affectation des fonds, l’emploi dans ces secteurs devrait augmenter systématiquement.

Bien qu'il ne s'applique pas directement à la situation en Allemagne, un  suggère qu’une augmentation de 1% des dépenses publiques en pourcentage du PIB pourrait entraîner une augmentation de l’emploi total allant jusqu'à 0,15%. Toutefois, il est essentiel de noter que l’augmentation des dépenses consacrées au matériel militaire et de défense ne stimule pas nécessairement le PIB de l’Allemagne. La fabrication de matériel militaire basée en Allemagne n’est généralement pas orientée vers l’exportation, ce qui signifie qu’elle ne contribuerait pas à des bénéfices économiques importants provenant des ventes mondiales, contrairement à l’exportation de voitures et de véhicules utilitaires. Toutefois, la hausse de l’emploi pourrait entraîner une augmentation de la consommation intérieure, ce qui donnerait une impulsion économique secondaire.

L’Allemagne bénéficie également d’une industrie de défense nationale relativement importante par rapport à d’autres pays européens, ce qui pourrait aider les entreprises et les usines allemandes à se développer plus rapidement, à condition que le gouvernement et l’Union européenne apportent leur soutien, notamment sous la forme d’allègements fiscaux et d’un accès à des sources d’énergie abordables. Par exemple, Rheinmetall a récemment annoncé qu’elle allait reconvertir deux usines de production – auparavant dédiées à la fourniture de voitures – en installations de fabrication de matériel militaire.

Si cette réorientation de la main-d’œuvre ne profite pas directement aux constructeurs automobiles, elle pourrait atténuer la résistance des puissants syndicats, en particulier si d’autres possibilités d’emploi et des mesures de soutien gouvernementales sont en place. En supposant que les chaînes d’approvisionnement et l’accès aux matières premières restent stables et ne soient pas perturbés par de nouvelles tensions géopolitiques, l’Allemagne semble prête à redorer le blason de ses prouesses manufacturières.

À long terme, l’investissement continu dans la recherche et le développement, les marchés privés et la prochaine génération de travailleurs qualifiés devraient continuer à soutenir l’économie allemande, à mesure que l’expertise régionale gagne du terrain. Les directives de l’Otan préconisant des dépenses de défense de 2% du PIB, voire plus, pourraient s’avérer une aubaine pour cette puissance européenne.

Cet article a été rédigé initialement et traduit et édité en français.