Shaaf Milani-Nia (Ville de Luxembourg). (Photo: Maison Moderne)

Shaaf Milani-Nia (Ville de Luxembourg). (Photo: Maison Moderne)

Shaaf Milani-Nia, Architecte-Directeur de la Ville de Luxembourg, partage ses insights sur les tendances qui façonnent l’avenir du secteur immobilier, à l’occasion du «Paperjam 10x6 – Key Takeaways from Mipim 2025», organisé par le Paperjam Club le mercredi 23 avril.

Quelles tendances majeures ont émergé du Mipim 2025 et comment vont-elles impacter le marché immobilier luxembourgeois? 

Shaaf Milani-Nia. – «L’importance du choix des projets portés sur l’emplacement, donc l’importance de la 'location' au sens anglais.  Une conséquence implicite en étant la recherche active de transformer, une faim et un goût du renouveau et de la couture urbaine en zones de friche urbaine au semi-urbaine.

Le souhait de se démarquer par la différenciation, la qualité, ESG, et davantage encore par la programmation urbaine. C’est de celle-ci qui alimente le projet qui en profite et en même temps à laquelle le projet contribue.

Recherche de qualité spatiale, programmatique et de bien-être partagé dans les lieux accessibles au public, intérieurs comme extérieurs, publics, semi-publics et même privés, adressant et permettant des rencontres et le renforcement du vivre-ensemble.

Le real estate prend enfin conscience de l’urbain, du fait que la production spatiale se doit participative de l’évolution de l’urbain pour attirer et perdurer.

L’orientation vers la production non plus simplement de mètres carrés, mais de produit comme service en ayant l’occupant au centre de l’approche. L’utilisateur réapparaît enfin dans la posture de projection et de conception immobilière. L’impact est, sera, général et bénéfique, au Luxembourg comme ailleurs.

L’IA transforme-t-elle réellement le secteur immobilier ou en est-on encore aux promesses? Quels sont les cas concrets que vous avez observés? 

«La question est plutôt: le secteur immobilier, combien de temps mettra-t-il à faire de l’AI un outil qui va permettre de réellement le transformer? 

En raison de son métabolisme plus lent, le secteur de l’immobilier dispose d’une inertie qui peut faciliter la bonne mise en place et développement de l’AI en faveur d’une production urbaine juste, sur mesure et de pointe.  Il est urgent de nous outiller en fonction des nécessités à adresser plutôt que de rester conditionnés par des tableaux Excel qui produisent des chiffres et des nombres dans des rectangles. 

Une fois la gestion des données justement adressée par des machines ou programmes, il nous sera possible de nous consacrer à la résolution de problèmes et la conception à proprement parler.

Face à la crise du logement abordable en Europe, quelles solutions innovantes ont été mises en avant au Mipim et peuvent-elles être appliquées au Luxembourg?

«Soyons prudents avec l’emploi du mot innovant.  Même dans une économie comme celle de l’Espagne vers laquelle se tournent les regards en Europe, la ville de Barcelone affiche plus de 350.000 mètres carrés de surface dans des immeubles vides ou sous-utilisés en centre urbain. Pourtant des immeubles occupés sont rachetés par des fonds, leurs locataires mis à la porte et offerts des logements en location au double de leur loyer et en périurbain.

Alors, 'microliving', logements pour seniors avec ou sans soins, 'serviced living' pour toute catégorie d’âge, etc., ne sont le plus souvent pas synonyme d’abordable.

Au Royaume-Uni, en Finlande comme au Luxembourg, le constat est le même: qui maîtrise le foncier peut influencer la production, déterminer la destination et la typologie des logements et habitats. 

Les outils réglementaires ne peuvent que constituer un levier restreint, ceci d’autant plus qu’ils sont difficiles à formuler, lents à mettre en place, fastidieux à appliquer et rapidement dépassés.

En un mot, quelle est la leçon la plus marquante que vous retenez du Mipim 2025? 

«Pour Luxembourg: le relationnel.»