Sur les vitrines de la Librairie Française, on peut lire des affichettes annonçant une fin de bail et des réductions allant de -20 à -60%. Mais en fait, il s’agit bien d’une fermeture définitive. «Nous n’allons pas déménager», avoue Madame Mersch, propriétaire de la librairie. «Nous devons fermer.» Une fermeture qui est le résultat d’une convergence de facteurs: des travaux qui se sont éternisés, une concurrence accrue et «imbattable» d’Amazon, des conditions économiques qui ne sont pas au rendez-vous.
Trop peu de personnes en ville
«J’avais prolongé à nouveau le bail il y a environ trois ans de cela, mais aujourd’hui, ce n’est plus possible. Nous subissons les travaux en centre-ville depuis 2014. Aujourd’hui, , le centre Hamilius est fini, mais la dynamique tant espérée n’est pas du tout au rendez-vous», regrette vivement Madame Mersch, qui avait ouvert il y a 46 ans cette librairie avec son mari aujourd’hui à la retraite. «En 2017, mon fils avait repris le commerce avec moi. Mais il a finalement choisi d’ouvrir un autre commerce, à l’extérieur de la ville, dans un centre commercial.»
Autre problème: un propriétaire trop gourmand. «Le loyer est déjà très élevé», souligne Madame Mersch, sans pour autant pouvoir préciser le montant par crainte de poursuites. «Mais avec le renouvèlement du bail qui arrivait, le propriétaire souhaitait encore plus l’augmenter, sans même avoir fait un geste financier sur le loyer pendant les semaines de fermeture durant le confinement en mars dernier. Ce n’est plus tenable. Nos marges sur les livres sont bien trop faibles pour de tels efforts. Je n’ai plus l’âge, ni les nerfs, ni même l’envie de continuer dans une ville vide», explique la commerçante, qui regrette aussi que le centre Royal-Hamilius n’attire pas du tout les chalands espérés et que la plupart des cellules commerciales restent vides.
De plus, la pandémie est passée par là, affaiblissant encore un peu plus les ventes, faisant perdre la clientèle du midi qui reste en télétravail ou même celle qui, il y a encore quelques mois, «achetait les manuels d’apprentissage en langue par exemple, parce que certaines personnes suivaient encore des cours du soir».
Des négociations avaient été entamées avec un commerçant belge qui possède 17 magasins spécialisés en BD et figurines. «Mais là aussi, le loyer posait problème et l’a fait abandonner l’idée. Du coup, le personnel qui ne pourra pas encore partir à la retraite devra être licencié. C’est vraiment regrettable, car c’est une équipe très fidèle et qualifiée.» Le rideau va donc se baisser.