Le CEO de GFG Alliance, Sanjev Gupta, ici lors de la reprise de l’usine d’ArcelorMittal à Dudelange, a indiqué avoir des pistes pour se refinancer, demandant un peu de temps à ses salariés. (Photo: archives Maison moderne)

Le CEO de GFG Alliance, Sanjev Gupta, ici lors de la reprise de l’usine d’ArcelorMittal à Dudelange, a indiqué avoir des pistes pour se refinancer, demandant un peu de temps à ses salariés. (Photo: archives Maison moderne)

Le gouvernement britannique a refusé une aide de 200 millions d’euros à GFG Alliance, la maison mère de Liberty Steel, la jugeant trop «opaque», mais n’exclut pas une nationalisation. À Luxembourg, le ministre de l’Économie est informé et suit la situation.

Que deviendra GFG Alliance? Mystère. Le gouvernement britannique a finalement rejeté une aide d’urgence de 200 millions d’euros, jugeant la société trop «opaque». Des documents cités par le Financial Times et produits devant une cour de justice à Londres évoquent un défaut de remboursement de GFG envers Greensill, qui serait exposé, selon ses avocats, à hauteur de 5 milliards de dollars au groupe métallurgique.

En août 2019, un document de l’agence de notation Scope Ratings indiquait que les deux tiers des prêts accordés par Greensill l’étaient au bénéfice de sociétés liées entre elles, sans que l’on sache s’il s’agit bien des sociétés du groupe GFG Alliance. L’empire de M. Gupta a toujours suscité des interrogations quant à son financement.

«Nous sommes les gardiens de l’argent des contribuables… et nous pensons que si nous donnions de l’argent (170 millions de livres, 235 millions de dollars, 200 millions d’euros), il n’y aurait aucune garantie que l’argent resterait au Royaume-Uni et protégerait les emplois britanniques», a expliqué le ministre britannique des Affaires, Kwasi Kwarteng.

«Aucune usine ne fermera tant que je serai directeur», assure le CEO du groupe, Sanjev Gupta, ce jeudi, dans un podcast à l’attention de ses 35.000 employés. «Je suis très encouragé par les nombreux signes d’intérêt de la communauté d’affaires. (…) Cela va prendre du temps, mais je suis confiant, on va y arriver», a-t-il assuré depuis Dubaï, où il réside depuis décembre.

Paiements anticipés, réduction des stocks et des inventaires: le Britannique a lancé le plan Athena, pour étudier chaque possibilité d’économiser de l’argent, usine par usine. Interrogé par Paperjam sur d’éventuelles implications pour son usine luxembourgeoise, le groupe n’avait pas encore répondu.

«M. Gupta a informé  (LSAP) une première fois par un courrier daté du 5 mars», répond le ministère de l’Économie, interrogé au sujet d’éventuels développements au Luxembourg, où le groupe a repris l’usine d’ArcelorMittal à Dudelange. «Soucieux du rôle important du site pour l’industrie sidérurgique nationale orientée vers la métallurgie verte, le ministre de l’Économie est depuis en contact avec M. Gupta et en échange régulier avec la direction ainsi qu’avec des représentants de l’actionnariat du groupe. Lors de ces échanges, plusieurs pistes de réflexion sont étudiées afin de pérenniser à moyen et à long terme les activités industrielles à haute valeur ajoutée sur le site de Dudelange.»

«Au vu de la situation complexe et en raison des implications du contexte international sur l’évolution du dossier Liberty Dudelange», ajoute le ministre, «il est à ce stade prématuré pour se prononcer sur les options pour intervenir le cas échéant en tant que gouvernement luxembourgeois dans le dossier de manière directe ou indirecte.»

La faillite de Greensill pourrait connaître des rebondissements dans les semaines à venir. La Banque centrale européenne a demandé aux banques européennes d’évaluer leur exposition à l’affactureur. Mi-mars, la société américaine de private equity Apollo Global Management avait finalement renoncé à reprendre au moins la partie qui l’intéressait de Greensill.