Lex Delles applaudi par le Premier ministre, Xavier Bettel, dimanche à Bertrange. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Lex Delles applaudi par le Premier ministre, Xavier Bettel, dimanche à Bertrange. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Le DP s’est choisi un nouveau président durant son congrès national organisé dimanche à Bertrange. Pour Lex Delles, élu à 98,95%, le travail des prochains mois se fera en équipe, en mobilisant le parti de haut en bas.

À 37 ans, a pris le relais de à la présidence du DP. Celui qui est par ailleurs ministre des Classes moyennes et du Tourisme conforte encore un peu plus sa place parmi les incontournables du parti. Et ajoute une ligne supplémentaire sur un CV politique déjà bien rempli.

Pourquoi avoir posé votre candidature?

Lex Delles. – «Suite à la décision de Mme Cahen de ne plus poser sa candidature après sept ans de présidence, j’ai discuté avec beaucoup de personnes, je me suis posé beaucoup de questions dans la perspective d’une candidature. Le travail ne manque pas, en particulier au vu des élections communales, puis des élections législatives organisées l’année prochaine.

Ayant grandi au sein du DP et après ces discussions, des réflexions, je me suis dit ‘pourquoi pas’, d’autant plus que mes fonctions précédentes au niveau communal puis au niveau national m’ont permis de connaître l’ensemble du parti, qui est très vivant.

Cette candidature est donc le fruit de votre démarche ou vous a-t-on proposé de la poser?

«C’est lors de discussions que l’on a eues tous ensemble…

Quand on entend son nom proposé comme éventuel nouveau président, on peut se poser la question d’y aller ou non…

«Je n’ai pas pris cette décision à la légère. La présidence du parti est un mandat pour lequel j’ai beaucoup de respect, qui implique une grande responsabilité, comme l’ont montré Mme Cahen et ses prédécesseurs.

J’ai désormais hâte de travailler avec la nouvelle équipe dirigeante puisque c’est un poste qui n’est pas exercé en solitaire: c’est un travail d’équipe, le DP est un parti d’équipe.

Le bureau exécutif est composé, outre Lex Delles, de Carole Hartmann (secrétaire générale), Max Hahn (premier vice-président), Marc Hansen et Claude Lamberty (vice-présidents). Myriam Feyder est la nouvelle trésorière, elle succède à Patrick Goldschmidt. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Le bureau exécutif est composé, outre Lex Delles, de Carole Hartmann (secrétaire générale), Max Hahn (premier vice-président), Marc Hansen et Claude Lamberty (vice-présidents). Myriam Feyder est la nouvelle trésorière, elle succède à Patrick Goldschmidt. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Une double tête à la présidence aurait pu être envisagée, à l’image du LSAP, de déi Gréng ou du CSV?

«Je n’en vois pas la nécessité. Nos statuts sont d’ailleurs clairs sur ce point. À nouveau, c’est un travail d’équipe.

Comment imaginez-vous votre tandem durant les prochains mois avec le Premier ministre, qui reste la figure emblématique du parti?

« a un rôle important, comme tout le monde, les mandataires ou les membres avec qui nous sommes en contact régulier. Cette cohabitation fonctionnera très bien, car il est très agréable de travailler avec M. Bettel, justement dans un esprit d’équipe.

Quand la campagne va-t-elle démarrer dans les têtes? Dès le début de l’année prochaine?

«On voit dans différentes manifestations que beaucoup de politiciens sont en route, c’est une évidence. Nous allons pour notre part travailler avec la base du parti sur le programme, sur nos sujets prioritaires. D’un autre côté, la campagne des élections communales se déroulera en juin, et trois mois plus tard viendront les législatives. Il n’y aura donc pas de pause entre les deux.

Ne vit-on pas dans un état de campagne quasi permanente?

«Ce que je peux vous dire, c’est que le travail du ministère va se poursuivre jusqu’au bout, nous avons encore du pain sur la planche. Nous avons encore également un programme gouvernemental qu’il faut continuer à faire avancer d’ici aux élections. Il en est de même pour les communes qui, j’en suis certain, ont encore beaucoup de projets à boucler. C’est le travail effectué durant l’ensemble des mandats respectifs qui sera jugé par l’électeur.

Prévoyez-vous de quitter à un moment le gouvernement pour vous consacrer entièrement à la présidence?

«Pas du tout.

Que représente cette nouvelle étape dans votre parcours, à 37 ans?

«Ce n’est pas une question d’âge. Le DP est vivant, car nous avons des personnes de tous âges parmi nos membres. Ce qui est important, c’est de pouvoir travailler et échanger tous ensemble, peu importe l’âge.

Quelle sera votre méthode pour rester en contact avec la base du parti?

«Nous allons discuter de ce point très rapidement afin de définir la manière dont nous allons interagir avec nos membres pour constituer les programmes électoraux. J’ajoute que nous avons d’ores et déjà organisé des sessions de workshops sur plusieurs sujets lors de notre ‘Future Lab’.

Si des personnes veulent se présenter aux élections communales sans avoir la nationalité luxembourgeoise, c’est un signal formidable d’intégration.
Lex Delles

Lex DellesprésidentDP

Si vous deviez présenter le DP à un nouveau résident, que lui diriez-vous?

«C’est un parti qui a comme priorité la liberté, la solidarité, la responsabilité de chacun et de la société, donc un parti raisonnable et sérieux qui a des valeurs très importantes. C’est un parti qui fait référence à la démocratie dans son nom et qui veut la protéger.

Comment percevez-vous la création d’un nouveau parti, ?

«Au niveau programmatique, je n’ai pas encore vu beaucoup d’éléments, j’ai entendu certaines choses dans la presse. De nouveaux partis avaient déjà été créés lors de scrutins antérieurs, comme Volt aux européennes ou le PID aux dernières législatives. L’important, in fine, est de s’intéresser à la politique. Lorsque je parle à des jeunes, je leur dis souvent qu’il ne suffit pas de râler, mais qu’il faut aussi faire des choses.

Allez-vous faire campagne pour inciter les résidents étrangers à voter aux élections communales?

«Oui. Cela renvoie à l’ADN luxembourgeois et au multiculturalisme. Si des personnes veulent se présenter aux élections communales sans avoir la nationalité luxembourgeoise, c’est un signal formidable d’intégration et de volonté de s’impliquer pour leur commune, pour la société. Or le fondement de la politique, c’est la politique communale.

Quels seront les thèmes cruciaux pour les prochaines élections et sur lesquels le DP voudra se positionner?

«Je pense bien entendu à la problématique du logement et à la crise du climat, qui ne se joueront pas sur une année ou deux, mais dans les années à venir. Je pense aussi à l’égalité dans tous les sens du terme, que ce soit au niveau de l’enfance, de l’éducation, de la fiscalité… Ce qui m’amène à ajouter les finances publiques comme thème central des prochaines élections. Nous sortons d’une crise sanitaire hors du commun impliquant des dépenses publiques extraordinaires afin de surmonter justement cette crise, ce que nous avons réussi à faire. Malheureusement, entre-temps, la guerre en Ukraine a été déclenchée, avec à nouveau des répercussions pour les finances publiques via par exemple l’accord tripartite du 31 mars dernier. Dans le même temps, nous avons des objectifs climatiques ambitieux que nous devons atteindre ensemble, en combinant la société, l’économie et la politique, qui doivent avancer de front sur ce sujet du climat.

La semaine de quatre jours ne veut pas dire 32 heures de travail pour 40 heures payées.
Lex Delles

Lex DellesprésidentDP

Pensez-vous que l’on pourra encore combiner notre niveau de vie avec les objectifs climatiques?

«Les visites régulières que je mène en tant que ministre auprès des entreprises me rendent optimiste. Je constate sur le terrain que les entreprises veulent investir dans la transition énergétique. Les buts fixés d’ici à 2030 doivent être atteints, et avec le DP nous ferons tout pour les atteindre. Le modèle luxembourgeois a fonctionné durant la crise du Covid, je suis certain qu’il va encore fonctionner à l’avenir.

De nombreuses entreprises sont à la recherche de talents, comment parvenir à combler ce manque de main-d’œuvre?

«Nous abordons cette question très régulièrement avec les fédérations, les chambres et les entreprises. Différents facteurs entrent en ligne de compte pour attirer de la main-d’œuvre, que ce soit le logement, le prix des carburants, les embouteillages… La formation est également très importante, notamment en ce qui concerne l’artisanat, que nous devons continuer à promouvoir dans sa réalité d’aujourd’hui. L’an passé, nous avons connu une croissance de 4,8% des entreprises artisanales et 4,4% de croissance de l’emploi. Le secteur arrive encore à trouver de la main-d’œuvre, mais c’est très difficile pour les raisons que je viens d’évoquer, auxquelles il faut ajouter la gestion du temps de travail et l’équilibre vie privée-vie professionnelle.

Êtes-vous favorable à l’idée de la semaine de quatre jours?

«Si l’idée est d’obtenir un jour libre en travaillant quatre fois 10 heures sur base volontaire et que cela est possible pour l’entreprise, pourquoi pas. En revanche, la semaine de quatre jours ne veut pas dire à mes yeux 32 heures de travail pour 40 heures payées, au risque de voir les coûts de production, et donc les coûts finaux pour le consommateur, à la hausse.

Le DP protège et protégera toujours l’index.
Lex Delles

Lex DellesprésidentDP

Le Statec a revu la semaine dernière ses perspectives pour la croissance du pays à la baisse, compte tenu de la guerre en Ukraine et de l’inflation. Comment envisagez-vous les prochains mois à cet égard?

«Nous sommes dans une situation compliquée. Les professionnels du secteur alimentaire me font part de leurs inquiétudes quant à l’augmentation des prix des matières premières. L’évolution dépendra de l’issue de la guerre en Ukraine. Cela dit, dans le contexte de la transition énergétique, la plus grande arme que nous avons contre la Russie est l’indépendance vis-à-vis du pétrole, du gaz.

L’État sera donc amené à intervenir pour subvenir aux besoins des plus faibles…

«Un point crucial et qui a été largement thématisé lors de la dernière tripartite est le maintien du pouvoir d’achat, en particulier pour les salaires les plus modestes. Des mesures avaient d’ailleurs été décidées avant la tripartite, comme l’augmentation de l’allocation de vie chère.

Quelles autres mesures pourrait-on imaginer dans les semaines à venir?

«Nous ne devons pas perdre de vue que le Luxembourg est encore un des seuls pays qui a le système de l’index, qui est le garant de la paix sociale, et le DP protège et protégera toujours l’index. Cet index est l’outil de préservation du pouvoir d’achat. Nous sommes néanmoins dans une crise particulière alors qu’une augmentation de 2,8% du salaire social minimum a été effectuée au 1er janvier 2021 et que deux tranches indiciaires ont été déclenchées durant les derniers mois. Dans le maintien du pouvoir d’achat, nous devons trouver un équilibre entre ce que l’économie peut supporter et là où l’État doit intervenir.

Je ne veux pas être le président d’un parti qui aura perdu les élections.
Lex Delles

Lex DellesprésidentDP

Est-ce que la crise sanitaire a changé votre regard sur la politique, votre manière de faire de la politique?

«À travers cette crise, le Luxembourg a beaucoup appris. J’ai aussi beaucoup appris personnellement et le ministère également. Nous avons vu que tous les acteurs qui tombent dans le champ des Classes moyennes sont étroitement reliés: par exemple l’artisanat, qui est fortement lié au commerce, lui-même lié à l’horeca. D’un autre côté, j’ai vu à titre personnel que les choses peuvent changer très rapidement, que la réalité du lendemain n’est plus celle de la veille. Nous n’aurions probablement pas imaginé, il y a trois ans, l’importance que le masque allait prendre chez nous… Cette crise a permis de relativiser certaines choses. Si l’on m’avait dit, il y a trois ans, que j’aurais dû rester deux fois en quarantaine à la maison, je ne l’aurais probablement pas cru.

La politique occupe combien de temps de votre vie?

«Du matin au soir, et parfois aussi la nuit. La politique n’est pas quelque chose que l’on fait en comptant son temps, ce n’est pas un métier, c’est une passion. C’est pour cela que je suis clair avec moi-même: si un jour je me levais et que je n’étais plus animé par l’envie, j’arrêterais et je retournerais exercer en tant qu’instituteur, un très beau métier.

Comment faire attention à soi-même, à sa santé?

«Il est très important de pouvoir compter sur un partenaire qui vous freine parfois. Les amis sont aussi précieux. L’amitié doit s’entretenir, même si on a souvent la tête dans le guidon.

Quel sera finalement votre prochain challenge d’ici 2023?

«Nous voulons bien entendu rester un parti de gouvernement incontournable. Je suis le nouveau président d’un parti qui a fait de bons scores lors des derniers scrutins, je ne veux pas être le président d’un parti qui aura perdu les élections.

Il y aura un jour un Premier ministre issu de l’Est?

«Actuellement, le Premier ministre vient de Bonnevoie. Il fait un travail formidable au niveau national et international. J’espère qu’il restera encore très longtemps en poste.»