Christophe Bianco, Venture Partner chez 33N Ventures. (Photo: 33N Ventures)

Christophe Bianco, Venture Partner chez 33N Ventures. (Photo: 33N Ventures)

Christophe Bianco, Venture Partner chez 33N Ventures, partage ses perspectives, ses expériences et ses idées pour l’avenir, dans le cadre de l’événement Paperjam 10x6 — Entrepreneurs et capitaux privés, organisé par le Paperjam Club le 20 mai au Kinepolis Kirchberg.

Quels leviers – humains, digitaux ou réglementaires – pourraient encore fluidifier la rencontre entre projets entrepreneuriaux et capitaux privés au Luxembourg? 

. — «L’early stage étant ma zone d’opération, je dirais d’une part accompagner l’éducation des entrepreneurs ou aspirants aux principes du financement de l’innovation. Lorsqu’un fondateur comprend les contraintes d’un investisseur – et réciproquement – le capital devient un accélérateur, pas un compromis. Lever de l’argent, ce n’est pas une réussite. C’est une dette avec option d’espoir. 

D’autre part, si l’on souhaite encourager l’implication des business angels, la mise en place d’incitatifs fiscaux leur permettant de couvrir en partie leurs risques. Au-delà de leur apport financier, leurs contributions en termes d’expériences auprès des entrepreneurs est clé. 

Identifiez‑vous encore des manques de financement sur certains tickets (pré‑seed, growth, bridge, etc.)? Comment y répondre sans créer d’effets de concurrence stérile entre investisseurs? 

«Bien que l’on constate un manque de capacités à partir de la série A en local, je ne pense pas que ce soit notre principal souci. L’écosystème déploie aujourd’hui comparativement à nos pays voisins des montants importants.  

Notre enjeu est de concentrer les financements sur les projets qui ont un véritable potentiel. Une start-up sans clients, ce n’est pas une start-up. C’est un hobby subventionné ou dit autrement un zombie. On ne peut continuer de financer ou promouvoir des projets qui devraient être morts. Il faut tuer vite pour libérer les ressources. C’est cruel, mais c’est sain pour l’écosystème. Car si le capital risque qui n’a pas de frontières, il a des standards. Et l’entrepreneur sera jugé par les mêmes règles que Londres, Paris ou Berlin. 

Comment les différents acteurs (fonds de fonds, business angels, accélérateurs, incubateurs) peuvent‑ils collaborer pour aider les start‑ups luxembourgeoises à passer du marché domestique à l’international? 

«En étant un peu provocateur, et étant donné mon biais originel d’entrepreneur, je dirais que l’on devrait passer d’un egosystem à un écosystème. En effet, la création de valeur est portée par ces jeunes entreprises et leur fondateur(s) qui portent tous les risques. Les différents acteurs que nous sommes doivent se considérer comme des fonctions de support pour maximiser leur chance de succès et les accompagner à s’étendre au-delà de nos frontières. Ce sont eux les athlètes à encourager et supporter. Le private capital n’investit pas pour conquérir 600.000 habitants. Il investit pour l’Europe. Ou plus. À nous de les préparer à être à la hauteur.»