Claude Haagen a déclaré ce 7 avril que le Luxembourg continuerait à faire pression en faveur d’une interdiction du glyphosate au niveau de l’UE. (Photo: UE/Archives)

Claude Haagen a déclaré ce 7 avril que le Luxembourg continuerait à faire pression en faveur d’une interdiction du glyphosate au niveau de l’UE. (Photo: UE/Archives)

Claude Haagen, le ministre de l’Agriculture, a indiqué ce 7 avril que le Luxembourg poursuivrait sa lutte contre l’utilisation du glyphosate. Il a en outre appelé les agriculteurs à ne pas recommencer à utiliser ce pesticide après la levée, le 30 mars, de l’interdiction qui était en application ces deux dernières années.

, le Luxembourg ne tolérait plus la vente de produits contenant du glyphosate, et plus précisément huit pesticides de la société Bayer. Cette dernière avait rapidement fait valoir qu’il n’était pas légal pour le Grand-Duché d’établir unilatéralement une interdiction générale puisque les substances étaient approuvées pour une utilisation dans l’UE.

Le 15 juillet 2022, en annulant l’interdiction émise par le gouvernement. , entérinant le retour du glyphosate dans le pays.

Pour autant, par la voix de son ministre de l’Agriculture, le Luxembourg n’entend pas laisser cette substance controversée se réimplanter sans lutter. «Je tiens à lancer un appel chaleureux à l’ensemble du secteur – agriculteurs, viticulteurs et producteurs de fruits et légumes – pour qu’ils n’utilisent pas le glyphosate. Le secteur a fonctionné ces deux dernières années sans son utilisation», a ainsi déclaré  (LSAP) lors d’une conférence de presse ce vendredi 7 avril. «Nous savons tous à quel point notre environnement est fragile.»

Dès 2018, le gouvernement avait annoncé qu’il interdirait le glyphosate et donnerait des subventions aux agriculteurs en contrepartie de l’abandon du désherbant et du remplacement par d’autres technologies: machines pour arracher les mauvaises herbes ou pesticides biologiques.

Les subventions ont ensuite été interrompues suite à l’entrée en vigueur de l’interdiction et du principe de ne pas subventionner «quelque chose qui est interdit».


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Un an avant l’entrée en vigueur de l’interdiction, près de la moitié des agriculteurs luxembourgeois s’étaient engagés à recevoir la subvention et l’ensemble du secteur viticole s’était engagé à ne plus l’utiliser. Selon Claude Haagen, l’arrêt de l’utilisation du glyphosate n’a pas eu d’incidence négative sur la production ni sur la sécurité alimentaires.

Avant l’interdiction, l’agriculture luxembourgeoise utilisait à elle seule environ 13,6 tonnes de ce pesticide. Et pour rappel, des entreprises comme les CFL utilisaient également le glyphosate.

L’interdiction dans l’UE à l’étude

Une interdiction du glyphosate à l’échelle de l’Union européenne est peut-être en cours. Son utilisation a été réapprouvée pour la dernière fois en 2017 et devait être supprimée progressivement d’ici décembre 2022. Toutefois, l’évaluation des risques par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), prévue pour septembre de l’année dernière, n’est pas attendue avant juillet.

Ses conclusions seront déterminantes quant à la décision de la Commission européenne de réautoriser ou non l’herbicide. Pour rappel, l’autorisation actuelle expire à la fin de l’année 2023. Et, en 2017, le Parlement européen avait voté en faveur d’une interdiction.

«Nous ferons tout pour que le glyphosate soit interdit au niveau de l’UE», a insisté Claude Haagen ce vendredi. «Il est temps de prendre cette décision.» L’interdiction imminente de l’UE est une raison de plus pour les agriculteurs luxembourgeois de ne pas recommencer à utiliser le produit chimique, a ajouté le ministre.

Protéger l’eau

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé le glyphosate comme «probablement cancérigène pour l’Homme». On sait également qu’il présente des risques pour la santé des poissons, des oiseaux et des insectes et qu’il peut avoir des effets néfastes sur la biodiversité.

En réponse au verdict de la Cour administrative, l’État a adopté une nouvelle réglementation visant à protéger les sources d’eau potable et à interdire l’utilisation de la substance à proximité des zones protégées. Il publiera également prochainement de nouvelles règles concernant la vente, l’achat et le stockage des pesticides.

Dans son verdict du 30 mars, la Cour administrative avait estimé que le Luxembourg n’avait pas présenté de preuves spécifiques à l’appui d’une interdiction. «Nous allons commander une étude à un institut de recherche», a commenté Claude Haagen, qui évaluera l’impact de l’interdiction sur l’environnement. D’autres décisions seront prises en fonction des résultats de l’étude.

Le Luxembourg s’est fixé pour objectif de porter la à 20% d’ici à 2025, contre 4% seulement en 2020. Dans le cadre d’une stratégie de l’UE, il prévoit également de réduire l’utilisation des pesticides chimiques de 50% d’ici à 2030. Une réduction de 26% des pesticides les plus dangereux a été réalisée en 2020-2021, avec un objectif intermédiaire de 30% d’ici 2025.

«Toutefois, ces objectifs incluent l’interdiction du glyphosate, et s’il est à nouveau utilisé, cela pourrait avoir un impact négatif sur les progrès réalisés jusqu’à présent», a souligné le ministre.

Si l’UE ne parvient pas à se mettre d’accord sur une interdiction, la Commission européenne ne sera pas en mesure d’imposer des objectifs de réduction aux États membres, car elle doit également donner aux pays les moyens de les atteindre.

Cet article a été rédigé par  en anglais, traduit et édité par Paperjam en français.