Les marchés mondiaux des changes ont réagi brusquement à l’escalade des droits de douane américains sur la Chine, l’euro gagnant sur la faiblesse du dollar tandis que Pékin a laissé le yuan s’affaiblir pour tenter d’absorber l’impact du choc tarifaire. (Photo: Shutterstock)

Les marchés mondiaux des changes ont réagi brusquement à l’escalade des droits de douane américains sur la Chine, l’euro gagnant sur la faiblesse du dollar tandis que Pékin a laissé le yuan s’affaiblir pour tenter d’absorber l’impact du choc tarifaire. (Photo: Shutterstock)

Les droits de douane imposés sur les échanges commerciaux entre les États-Unis et la Chine au cours de la semaine écoulée ont contribué à la hausse de l’euro face au dollar américain et au yuan renminbi, selon les données de la Banque centrale européenne.

L’intensification du conflit commercial entre les États-Unis et la Chine a apporté un soutien inattendu à l’euro, qui a gagné du terrain face au dollar américain et au renminbi chinois. Alors que la confiance des marchés mondiaux s’effrite en raison de l’escalade rapide du conflit tarifaire, les investisseurs se détournent du billet vert, permettant à l’euro de tirer parti de sa force relative et de son statut perçu comme une alternative stable dans un environnement commercial de plus en plus instable. Depuis le début de l’année, l’euro s’est renforcé de 4,63% par rapport au dollar et de 5,34% par rapport au yuan chinois, selon les données de la Banque centrale européenne (BCE).

La hausse des tarifs douaniers ébranle la confiance des investisseurs

Le conflit commercial est entré dans une phase plus offensive lorsque les États-Unis ont procédé à de vastes augmentations des droits de douane. Le président Donald Trump a imposé des droits de douane supplémentaires de 50% sur les importations chinoises, malgré les inquiétudes croissantes concernant l’instabilité des marchés financiers. Les nouvelles mesures sont entrées en vigueur à minuit, le mercredi 9 avril 2025, sans sursis de dernière minute de la part de la Maison-Blanche. Pékin a promis d’appliquer ses propres mesures de rétorsion.

Cette escalade brutale a marqué une rupture décisive avec des décennies de libéralisation économique et a soulevé le risque d’un remodelage permanent de la dynamique du commerce mondial. La confiance dans les chaînes d’approvisionnement internationales ayant diminué, les marchés des changes ont connu une forte hausse de la volatilité, en particulier dans les monnaies du G10 et des marchés émergents.

L’EUR/USD gagne

Sur les marchés des devises, la paire euro-dollar (EUR/USD) est repassée au-dessus de la barre des 1.09. La force de l’euro ne s’explique pas par une amélioration des fondamentaux de la zone euro, qui restent modérés, mais plutôt par la faiblesse croissante du dollar américain. Les analystes s’attendent à ce que l’euro, en tant que deuxième devise la plus liquide au monde et option privilégiée pour les réserves de change, profite davantage de l’érosion de la confiance dans le dollar.

Dépréciation contrôlée du yuan

Dans le même temps, la gestion de la monnaie chinoise a occupé le devant de la scène et est devenue un élément central de la stratégie de Pékin. La Banque populaire de Chine (PBOC), qui contrôle étroitement le taux de référence quotidien du yuan — à l’intérieur duquel le yuan onshore (CNY) peut fluctuer de 2% au maximum — a fixé le taux de change USD/CNY à 7,2066. Il s’agit du cinquième ajustement consécutif à la hausse, interprété par les marchés comme un moyen pour Pékin d’amortir le choc de la hausse des droits de douane par une dépréciation contrôlée de sa monnaie.

La paire CNY/EUR, désormais au-dessus de la barre des 8,00, devrait rendre les produits chinois moins chers pour la zone euro. Le CNY désigne le yuan onshore, échangé au niveau national sous une réglementation stricte également signalée par la BCE, tandis que le CNH est sa version offshore, échangée plus librement sur les marchés internationaux, notamment à Hong Kong.

L’EUR/CNH atteint des sommets

Les marchés des devises offshore ont réagi avec une volatilité notable. La paire USD/CNH a dépassé les 7,400, creusant l’écart entre le CNH et le CNY au-delà de 1%. Bien que les banques d’État chinoises soient intervenues en vendant des dollars américains pour défendre le yuan, ce mouvement suggère que les autorités étaient prêtes à tolérer un taux de change plus faible afin d’amortir l’impact du choc commercial. Lors de la dernière vérification, le 9 avril, le CNH s’échangeait à 7,38 pour un dollar américain, soit environ 0,5% de moins que le yuan continental.

Le rendement implicite du CNH sur une semaine est resté à seulement 2%, bien en dessous des niveaux de 5% observés historiquement lorsque les autorités cherchent à contenir la volatilité spéculative. Cela indique que Pékin n’a pas encore opté pour un resserrement agressif des liquidités et pourrait être disposée à laisser l’USD/CNH dépasser le seuil des 7,40, notamment si cela permet de compenser les effets des droits de douane sur le secteur exportateur chinois.

Tout compte fait, l’évolution du paysage macroéconomique met en évidence la résistance surprenante de l’euro et son rôle émergent en tant que valeur refuge relative. Alors que les investisseurs réévaluent leur exposition mondiale à la lumière de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, l’euro bénéficie du fait d’être considéré comme une monnaie neutre, liquide et stable — du moins pour le moment.

Cet article a été et traduit et édité en français.