Les principaux représentants de l’OGBL et du LCGB étaient présents, ce jeudi 6 février, dont leurs présidents respectifs Nora Back et Patrick Dury (à droite). (Photo: Ioanna Schimizzi/Maison Moderne)

Les principaux représentants de l’OGBL et du LCGB étaient présents, ce jeudi 6 février, dont leurs présidents respectifs Nora Back et Patrick Dury (à droite). (Photo: Ioanna Schimizzi/Maison Moderne)

Face aux projets de loi concernant le travail dominical et l’extension de l’amplitude horaire pour les commerces, l’OGBL et le LCGB font front commun pour que le gouvernement revienne en arrière ou, au moins, qu’un compromis soit trouvé.

Ils étaient plus de 360, ce jeudi 6 février au Casino syndical de Bonnevoie, à répondre à l’appel de l’OGBL et du LCGB. «Nous avions prévu moitié moins de personnes, nous avions convié les délégués syndicaux du secteur du commerce. Cette mobilisation montre que le sujet est extrêmement grave», commente le secrétaire central pour le secteur du commerce de l’OGBL, David Angel. et , présidents respectifs des deux syndicats, étaient aussi présents.

Les syndicats, , avancent donc unis contre le gouvernement et les deux projets de loi qui concernent le secteur du commerce. Le projet de loi 8472, , ainsi que celui concernant

Ils étaient 360 à s’être déplacés au Casino syndical de Bonnevoie, à l’appel du LCGB et de l’OGBL. (Photo: Ioanna Schimizzi/Maison Moderne)

Ils étaient 360 à s’être déplacés au Casino syndical de Bonnevoie, à l’appel du LCGB et de l’OGBL. (Photo: Ioanna Schimizzi/Maison Moderne)

Un rassemblement digne d’un meeting avec applaudissements nourris à chaque intervention d’un représentant de l’OGBL ou du LCGB. Le principal visé des discours étant le ministre de l’Économie,  (DP), à l’origine du projet de loi 8472. «Pourquoi est-ce qu’il n’a pas donné la parole aux gens du terrain avant d’écrire ce texte? Au final, il nuirait aux petits commerces qui n’ont pas les moyens de se battre contre les grands groupes pour s’adapter aux horaires annoncés», scande David Angel.

50.000 salariés dans le commerce

Selon le projet de loi, s’il est adopté sans amendements, les heures d’ouverture des magasins seraient les suivantes: de 5h à 22h du lundi au vendredi; de 5h à 19h les samedis, les dimanches, les jours fériés légaux ainsi que les veilles de jours fériés légaux et de 5h à 18h les 22 juin, 24 décembre et 31 décembre. Sur 11 jours fériés dans l’année, l’obligation de fermeture ne serait maintenue que pour trois jours spécifiques (1er janvier, 1er mai et 25 décembre). Évidemment, personne n’est obligé d’ouvrir de 5h à 22h mais les petits commerçants, aux ressources humaines et financières moins importantes que certains grands acteurs, auront plus de mal à répondre à ce changement.

«Mais alors qu’une majorité des 50.000 salariés du secteur du commerce sont des femmes, et certaines sont des familles monoparentales, comment pourront-elles s’organiser pour faire garder leurs enfants? Et quid des effets néfastes sur la santé et de l’équilibre vie privée- vie professionnelle? Ce projet piétine à la fois le dialogue social mais aussi des vies humaines», a insisté David Angel.

Une contrepartie demandée

Un des arguments du ministre de l’Économie est que, depuis 2018, il a accordé des dérogations à de nombreuses reprises et qu’en moyenne, 35 communes demandent aussi une dérogation chaque année. Le projet de loi doit aussi répondre aux conclusions d’un arrêt de la Cour constitutionnelle qui considérait comme discriminatoire le régime instauré jusqu’alors en raison d’une inégalité de traitement en ce qui concerne la vente de certains produits.

«Mais on parlait en l’occurrence d’un boulanger-pâtissier, pourquoi ne pas créer un cadre stricte pour ce métier spécifiquement?», interroge Tiago Afonso, secrétaire syndical pour le commerce au LCGB. «Pourquoi mettre tout le secteur dans le même sac alors que les situations sont différentes? Si un commerce ouvre à 5h et ferme à 22h, au final les salariés doivent arriver sur place à 4h et partir à 23h, et tout cela sans aucune contrepartie en ce qui concerne les salaires. Le ministre compare la situation aux salariés des hôpitaux ou de la police qui travaillent 24h/24, 7j/7. Mais qui meurt si un commerce est fermé?»

D’autres secteurs impactés

Les syndicats demandent donc un «vrai dialogue social avec le gouvernement. Soit il revient en arrière sur son projet de loi, soit nous trouvons des compromis mais il n’est pas acceptable tel qu’il est écrit. Nous aurions les ouvertures de commerce les plus libérales de la Grande Région», poursuit Tiago Afonso. Les représentants syndicaux ont aussi pointé les autres secteurs concernés par extension, «comme celui de la logistique, la restauration, des transports, du nettoyage et de la garde d’enfants. Le gouvernement pense qu’il modernise les commerces mais c’est tout l’inverse. Alors qu’on était soit-disant essentiels pendant le Covid, c’est comme ça que le gouvernement nous remercie.»

Et le projet de loi 8456 n’était pas en reste. Concernant les magasins de détail dans le secteur du commerce, pour les années 2022, 2023 et 2024, 80,65% ont été autorisés à ouvrir le dimanche en vertu de cette dérogation, représentant ainsi 82,50% de la surface commerciale totale du pays. «Le ministre Delles se plaint des dérogations mais c’est lui qui a mis en place ce système.» Ce projet de loi vise à modifier les dispositions du travail du dimanche, il prévoit que le travail du dimanche soit limité à huit heures dans le secteur du commerce de détail, contre quatre heures à ce jour. «Mais là encore, quelles contreparties pour les salariés?», note David Angel.

Comme déjà annoncé la semaine dernière, plusieurs actions sont prévues dans les prochains mois avec comme point d’orgue la manifestation nationale le 28 juin à Luxembourg-ville. Un rassemblement avait également été organisé devant la Chambre des députés ce mercredi 5 février.