Les marchés mondiaux du pétrole ont été mis sous pression cette semaine à la suite des sanctions radicales prises par les États-Unis à l’encontre des producteurs de pétrole russes, des flottes clandestines et des entités connexes, ce qui a poussé le prix du brut à dépasser les 81 dollars le baril lundi. (Photo: Unsplash)

Les marchés mondiaux du pétrole ont été mis sous pression cette semaine à la suite des sanctions radicales prises par les États-Unis à l’encontre des producteurs de pétrole russes, des flottes clandestines et des entités connexes, ce qui a poussé le prix du brut à dépasser les 81 dollars le baril lundi. (Photo: Unsplash)

Les États-Unis et le Royaume-Uni ont coordonné des sanctions contre l’industrie pétrolière russe, ciblant les exportations, les flottes clandestines et les négociants, entraînant une hausse des prix du pétrole et posant des problèmes économiques dans le monde entier.

Le marché mondial du pétrole a connu de nouvelles turbulences après que le Trésor américain a annoncé, le 10 janvier 2025, des sanctions élargies à l’encontre des géants pétroliers russes Gazprom Neft et Surgutneftegas. Ces mesures, qui doivent entrer en vigueur le 27 février 2025, visent un vaste réseau d’acteurs du système russe de production et d’exportation de pétrole, dont 183 navires de la flotte fantôme, des dizaines de négociants en pétrole, plus de 30 prestataires de services pétroliers, des compagnies d’assurances et des responsables du secteur de l’énergie. La société Gazprom Neft International SA, basée au Luxembourg, a également été incluse dans les sanctions.

La réaction du marché ne s’est pas fait attendre. Les prix du pétrole ont bondi de 1,9% le lundi 13 janvier, après une hausse de 3% le vendredi suivant l’annonce, poussant le brut Brent au-dessus de 81 dollars le baril. Les sanctions devraient intensifier les pressions inflationnistes, peser sur les économies mondiales et compliquer la politique monétaire, en particulier si le cartel pétrolier de l’Opep n’augmente pas sa production pour compenser les perturbations de l’offre.

Recettes

Les nouvelles sanctions marquent une rupture importante avec les politiques américaines précédentes, qui imposaient des plafonds de prix à 60 dollars le baril afin de limiter les profits de la Russie tout en maintenant la stabilité du marché. En supprimant le plafond, les mesures actuelles indiquent une approche plus agressive. L'objectif, selon le département du Trésor et le département d'État américains, est de couper les sources de revenus sur lesquelles la Russie s'appuie pour financer sa guerre contre l'Ukraine et d'autres activités déstabilisatrices.

La flotte fantôme de la Russie, dont le fournisseur de données et d'analyses énergétiques et maritimes Kpler estime qu'elle représente 40 % des exportations de pétrole par voie maritime, principalement à destination de la Chine et de l'Inde, est l'une des principales cibles de ces sanctions. Avec une telle proportion des expéditions de pétrole de la Russie sous surveillance, les effets d'entraînement pourraient s'étendre bien au-delà des frontières de la Russie.

Les sanctions devraient toucher de plein fouet la Chine et l'Inde, qui sont respectivement le premier et le troisième importateur de pétrole. Ces deux pays se sont largement appuyés sur le brut russe à prix réduit, bénéficiant ainsi d'économies qui ont contribué à stabiliser leurs économies. Les sanctions renforcées pourraient toutefois perturber ces chaînes d'approvisionnement, entraînant une hausse des coûts des intrants pour les raffineurs et les obligeant à chercher d'autres fournisseurs à des prix plus élevés.

Conséquences

Pour les consommateurs, l’impact immédiat se traduira par une augmentation des prix de l’essence et du diesel à la pompe, ce qui pourrait alimenter l’inflation et intensifier la charge financière pesant sur les ménages et les entreprises. La Banque centrale européenne, déjà aux prises avec son objectif d’inflation de 2% tout en tentant de relancer une économie atone, pourrait être contrainte de ralentir les baisses de taux d’intérêt, ce qui risquerait d’entraver la reprise économique des États membres.

La Russie tentera probablement d’atténuer l’impact en renforçant ses liens avec les pays non alignés, en particulier la Chine et l’Inde, en offrant des rabais plus importants ou en s’engageant dans des accords de troc pour soutenir les volumes d’exportation. En outre, Moscou devrait continuer à utiliser la flotte fantôme et explorer d’autres méthodes pour mélanger ou réacheminer les cargaisons, contournant ainsi les sanctions.

Cependant, sans augmentation de la production de l’Opep et d’autres producteurs, le marché du pétrole devrait rester tendu, au moins pendant la première moitié de 2025. La hausse des prix aggravera les difficultés économiques auxquelles sont confrontées les nations qui dépendent des importations d’énergie, en particulier dans les pays en développement. Les effets d’entraînement pourraient également entraver les progrès en matière de transition vers les énergies renouvelables et accentuer les tensions sur la chaîne d’approvisionnement, alors que les prix élevés et l’instabilité géopolitique dominent le discours sur l’énergie.

Si les sanctions n’arrêteront peut-être pas immédiatement l’offensive militaire de la Russie en Ukraine, leur impact sur les marchés pétroliers mondiaux est déjà évident. L’interdiction par les États-Unis du pétrole russe, qui entrera en vigueur le 27 février 2025, marque la fin d’une ère de stabilité des prix du pétrole.

Cet article a été rédigé initialement , traduit et édité pour le site de Paperjam en français.