À la tête du DP, Carole Hartmann veut privilégier le travail d’équipe et la vision à long terme pour le parti et le Luxembourg. (Photo: Maison Moderne/Archives)

 À la tête du DP, Carole Hartmann veut privilégier le travail d’équipe et la vision à long terme pour le parti et le Luxembourg. (Photo: Maison Moderne/Archives)

Dimanche, Carole Hartmann sera la nouvelle présidente du Parti démocratique. À ce poste, elle veut être un aiguillon pour que l’actuelle coalition poursuive sur le chemin des réformes sociétales. En interne, elle veut travailler sur les valeurs du parti et valoriser l’implication des militants.

Le DP tiendra un congrès important ce dimanche 27 avril. À l’ordre du jour: l’élection d’une nouvelle équipe dirigeante pour les trois prochaines années. , actuelle secrétaire générale, est la seule candidate à la succession de , qui a choisi de ne pas se représenter afin de se consacrer pleinement à son rôle de ministre de l’Économie. Aucun autre prétendant ne s’étant manifesté avant la date limite de dimanche, elle briguera la présidence sans opposition.

La candidate s’est entourée d’une équipe composée de , et Amela Skenderovic, proposées comme vice-présidentes. Le poste de secrétaire général, jusqu’ici occupé par Carole Hartmann, reviendra au ministre de la Culture, .

Une étape naturelle

Pour Carole Hartmann, accéder à la présidence du DP représente « le prolongement naturel » de son engagement politique. Un parcours débuté au sein des Jonk Demokraten, le mouvement de jeunesse du parti, puis accéléré en 2013 lorsqu’elle rejoint officiellement le DP, à la demande de alors président en campagne, désireux de rajeunir les rangs. «Je n’ai pas été élue à l’époque, mais j’ai commencé mon parcours dans le parti et ses instances. J’ai fini secrétaire générale sous la présidence de Lex Delles, avec qui, je dois le dire, nous avons bien travaillé», confie-t-elle.

Aujourd’hui, forte de son expérience de députée depuis 2018 et de bourgmestre d’Echternach depuis 2023, elle se dit prête à franchir une nouvelle étape: «Je me sens prête à poursuivre ce chemin entamé en 2013 à la tête du parti. Et j’espère que grâce à l’expérience acquise, je serai à la hauteur de la fonction.» Quant à son style de leadership, elle revendique un esprit collectif: «Je viens du monde du sport. J’aime rassembler et jouer en équipe. L’équipe qui m’entoure est très solide. Ensemble, nous allons travailler pour faire avancer notre pays et notre parti.»

Travail sur les valeurs

À la tête du parti, Carole Hartmann s’est fixé deux priorités. La première est d’ordre interne : ouvrir une réflexion de fond sur les valeurs qui fondent l’identité des démocrates. «Dans un contexte où les extrêmes gagnent du terrain chez nos voisins et ailleurs, où la situation géopolitique et économique devient incertaine, notamment en raison de l’influence de Donald Trump, il est essentiel de revenir aux fondamentaux: la défense des libertés et des droits fondamentaux, qui sont de plus en plus remis en cause», affirme-t-elle.

Elle souhaite réinterroger ces piliers fondateurs du parti – vieux de 70 ans – et associer les militants à cette réflexion: «J’aimerais bien discuter de notre positionnement actuel et futur sur ces questions, et faire participer la base. Par les temps qui courent, il est important de voir comment ces valeurs peuvent nous aider à faire face à l’extrême droite, à la désinformation, et à mieux protéger les jeunes face aux réseaux sociaux.»

Son second objectif, en tant que présidente d’un parti membre de la majorité gouvernementale, est clair : veiller à la mise en œuvre intégrale de l’accord de coalition. «C’est notre ambition première : que tout ce qui figure dans cet accord soit réalisé», martèle-t-elle, tout en insistant sur la nécessité d’aller au-delà des seuls engagements. « Le DP doit être plus qu’un partenaire loyal. Il doit aussi être une force de proposition face aux enjeux d’actualité.»

Le parti des réformes sociétales

Au cœur de son engagement, il y a les valeurs sociétales. «Nous sortons d’un débat parlementaire qui a ouvert l’adoption à tous les types de familles existantes – le projet de loi 8228 qui a été voté ce 2 avril par 55 voix pour et cinq abstentions et qui a été publié au Journal officiel le 16 avril –. Pour moi, et je le réaffirmerais devant le congrès, il est important que nous continuions à travailler à ces réformes qui contribueront à moderniser l’État et notre société.» Elle cite comme réformes autant urgentes qu’incontournables l’instauration d’un droit pénal pour les mineurs, le renforcement de leurs droits ou encore les droits des femmes aux procréations médicalement assistées. «Il y a encore beaucoup de sujets tabou dans notre société comme l’euthanasie. Il faut travailler à les dédiaboliser.»

Les réformes sociétales, c’est l’ADN du parti. C’est sous le gouvernement Thorn de 1974 – la première fois depuis l’après-guerre que le CSV était renvoyé dans l’opposition. Il faudra attendre 2013 pour que cela se reproduise – que le délit d’adultère est supprimé, que le divorce par consentement mutuel l’interruption volontaire de grossesse sont adoptées et que la peine de mort est formellement abolie. Les gouvernements Bettel n’auront pas été en reste avec le mariage pour les couples de personnes de même sexe, la simplification de la réglementation relative à l’IVG et la séparation de l’Église et de l’État.

Cet ADN, elle entend le cultiver ces trois prochaines années et en faire un marqueur fort pour la campagne des élections législatives de 2028.